Accusé par la justice française de « banqueroute par dissimulation ou détournement d’actifs », l’ex-Golden Boy algérien, dont l’empire fictif a fait faillite il y a une dizaine d’année, n’a pu assister à l’audience faute d’accord avec l’Algérie, où il est incarcéré depuis son extradition de Grande-Bretagne, en décembre 2013.
Le procès de Rafik Abdelmoumen Khalifa, ex-golden boy algérien actuellement incarcéré en Algérie à la prison d’El Harrach, a débuté lundi au tribunal correctionnel de Nanterre, à Paris. La justice française, qui n’a pu trouver un accord avec les autorités judiciaires algériennes pour qu’il soit présent à l’audience, le poursuit pour « banqueroute par dissimulation ou détournement d’actifs ».
« Les tractations avec l’Algérie n’ont pas abouti: il ne nous a pas été prêté. Ce procès se tiendra donc en son absence », a déclaré la juge Fabienne Siredey-Garnier à l’ouverture de l’audience. Renvoyée un première fois en septembre dernier pour une »une question prioritaire de constitutionalité » (QPC), que la défense d’un des prévenus avait soulevée, le procès s’est ouvert dans la plus grande discrétion.
La justice française reproche à Khalifa et à ses collaborateurs des délits de banqueroute par dissimulation ou détournement d’actifs. Elle doit notamment juger l’affaire de la vente obscure d’une villa achetée à 36 millions d’euros à 16 millions d’euros et la vente-détournement de trois avions du groupe Khalifa Airways, d’une valeur de 1,7 million d’euros chacun, ainsi que des voitures de luxe de la société Khalifa Rent a Car. Les griefs de la justice française sont nombreux pour le « Tapie » algérien, qui affectionnait les apparitions publiques en compagnie de stars du cinéma français. Dix autres personnes sont également poursuivies dans le cadre de la même affaire, dont son ex-épouse Nadia Amirouchen, d’ex-représentants du groupe en France, un notaire et un équipementier d’avions.
Le procès doit durer jusqu’au 20 juin prochain avec l’audition des témoins et des inculpés, à l’exception de Rafik Khalifa. Commentant l’absence du principal accusé à ce procès, une source judiciaire proche du tribunal de Nanterre a estimé qu’ »Alger ne veut pas d’un grand déballage public à Nanterre sur les circonstances réelles dans lesquelles cette énorme escroquerie, qui a ruiné des milliers de personnes sans qu’aucun contrôle ne soit exercé, a été mise en place ».
Rafik Khalifa, arrêté et emprisonné à Londres en 2007, a été extradé fin décembre vers l’Algérie. Il a été écroué dès son arrivée à Alger. Condamné par la justice algérienne à la réclusion à perpétuité par contumace, son dossier devrait être rouvert par la justice.
Interpellé dimanche sur l’affaire Khalifa, le ministre algérien de la Justice Tayeb Louh a répondu à la presse que »tous les dossiers soumis à la justice déboucheront sur un procès public, conformément aux procédures pénales en vigueur ».