Le procès en appel du détenu d’opinion, Ihsane El Kadi, directeur des deux médias, Radio M et Maghreb Emergent, est prévu ce dimanche 21 mai 2023 à la Cour d’Alger. Le journaliste a été condamné en première instance à une peine de 5 ans de prison, dont 3 ans ferme, assortie d’une forte amende.
Ce procès en appel va focaliser certainement l’attention dans la mesure où il intervient dans un contexte particulier et parce que c’est la première fois que le journaliste pourrait se défendre et que ses avocats pourraient plaider. Lors du premier procès, le détenu et sa défense avaient opté pour le boycott, histoire de contester et de dénoncer plusieurs violations ayant entachées son affaire et celle de la fermeture de ses deux médias. Toutefois, l’éventualité d’un report du procès en appel n’est pas exclue, étant donné que l’audience de demain est la première programmation de l’affaire. A la veille de ce procès, les soutiens de Ihsane El Kadi nourrissent l’espoir qu’une suite favorable soit réservée à la demande de libération provisoire, en attendant la décision finale concernant l’affaire.
Il faut dire que l’affaire de l’emprisonnement du journaliste, Ihsane El Kadi, a pris des proportions politiques et médiatiques nationales et internationales. Dernier développement en date: l’adoption du Parlement européen (PE) d’une résolution concernant le journaliste.
En effet, le PE a adopté à la majorité écrasante, le 11 mai passé, une résolution d’urgence condamnant les atteintes croissantes à la liberté de la presse en Algérie et demandant la libération immédiate et inconditionnelle du journaliste Ihsane El Kadi et celle du jeune journaliste Mustapha Bendjama.
Quelques jours plutôt, le 03 Mai, le représentant de Reporters sans frontières, le journaliste Khaled Derareni, avait rencontré le Chef de l’Etat Abdelmadjid Tebboune et lui avait remis un message concernant la situation de la presse en Algérie. L’ONG avait réclamé également la libération du journaliste emprisonné, Ihsane El Kadi.
D’autre part, trois rapporteurs du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU avaient saisi le Gouvernement algérien sur le cas de l’incarcération du journaliste et sur la perquisition de ses deux médias.
Quelques heures après le verdict du tribunal d’Alger contre le journaliste Ihsane El Kadi, condamné à 3 ans de prison ferme, l’ambassade des Etats-Unis à Alger avait réagi aussi en réitérant son attachement à la liberté de la presse. Même si la réaction ne citait pas nommément Ihsane El Kadi, ni n’évoquait le verdict, l’allusion à la condamnation semblait claire.
Arrêté dans la nuit du 23 au 24 décembre 2022, Ihsane El Kadi a été placé sous mandat de dépôt le 29 janvier 2022 après quelques jours de garde à vue dans les locaux de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) à Alger.
Incarcéré à la prison d’EL Harrach, le journaliste est accusé d’un présumé « financement étranger de son entreprise », au titre de l’article 95 bis du code pénal.