Les plaidoiries des avocats ont continué jeudi au tribunal de Blida où se tient depuis plusieurs semaines le procès Khalifa. La défense de l’ancienne gloire du football national, Meziane Ighil, estime qu’il y a du »deux poids deux mesures » dans le traitement de cette affaire.
Deux avocats Me Belaala Toufik et Me M. Loulmi ont plaidé jeudi, pour l’ancien international de football, Meziane Ighil, qui encourt 15 ans de prison, en de plus de la saisie de sa villa de Diar Diaf (Chéraga) et de son terrain de Hussein Dey. Il est poursuivi pour constitution d’association de malfaiteurs, vol qualifié, escroquerie et d’abus de confiance. Mais également d’utilisation de son image pour inciter les responsables des entreprises nationales et des Opgi à déposer leurs fonds publics à Khalifa Bank. Cet ancien responsable du service sportif du Groupe Khalifa, chargé notamment d’assister les opérations de sponsoring, a en effet contracté un crédit d’une valeur de 120 millions DA, qu’il a remboursé, affirme son avocat, documents à l’appui, pour démontré le caractère infondé des poursuites à l’encontre de son mandant.
« Tel que défini dans le code de procédure pénale, l’abus de confiance consiste en la prise des fonds ou de biens et leur dilapidation, ainsi que par le manquement à la restitution de ces fonds et non pas le retard de restitution. Or, ces documents démontrent que la somme de 120 millions DA a bien été restituée à Al Khalifa Bank, et qu’aucun cas de dilapidation n’a été enregistré », a déclaré Me Bellala Toufik, l’avocat de M. Ighil. Pour ce qui est de l’accusation d’escroquerie (utilisation de l’image de Meziane Ighil pour drainer les fonds publics, dans la région Est du pays), l’avocat rappelle que d’autres stars nationales du football (comme Lakhdar Belloumi), accomplissaient exactement le même rôle dans la région Ouest, mais ils n’ont été entendues qu’en qualité de témoins. Il rappelle aussi que « d’autres personnalités ont pris des sommes d’argent sans dossiers de crédit bancaire, et ne les ont pas restitués jusqu’à aujourd’hui, alors qu’ils ne font objet d’aucune poursuite judicaire ». « Pourquoi cette justice de deux poids deux mesures M. le juge ? Cela ne travaille ni la justice ni le pays », dit-il à l’adresse de Antar Menouar.
Des taux d’intérêts attrayants
Dans cette même lancée, le deuxième avocat de Meziane Ighil, Me Loulmi , démontre que d’autres personnalités utilisaient et utilisent leurs images dans le marketing, et que cela n’est répréhensible par aucune loi. « Ce qui est considéré comme vol qualifié ou escroquerie, ne sont en réalité que des services prêtés à un groupe, sans contrat de travail. M. Ighil lui-même avait reconnu lors de son audition son profond regret de ne pas avoir demandé de contrat de travail. Lorsque Maradona a mis les pieds en Algérie, il a touché 100 millions DA, juste pour son image. Les lois de marketing statuent sur l’image et ne l’interdisent pas », a-t-il expliqué. Et de poursuivre : « Un commerçant cherche à réaliser des bénéfices et à économiser dans ses investissements. Les responsables des institutions publiques ont déposé leurs fonds à Khalifa Bank pour ses taux d’intérêts alléchants, et ne l’ont pas fait parce qu’ils ont vu Meziane Ighil. Si les taux d’intérêts de la banque n’étaient sensiblement plus élevés par rapport aux autres établissements bancaires sur la place, les directeurs de ces entreprises publiques n’auraient pas investi pour des taux d’intérêts bas, juste parce qu’ils ont vu M. Ighil. Ils ne sont ni dupes ni stupides ».
S’agissant du vol qualifié prétendu par le ministère public, sur la base de réception de sommes d’argent sans contreparties, Me Loulmi rappelle que le contrat de travail peut être conclu par écrit, oralement ou par tout autre moyen comme le stipule l’article 90-10 du code du travail. « Meziane Ighil a conclu un contrat moral avec Abdelmoumène Khalifa. Il avait plusieurs charges au sein du groupe. Lors de son audition, il n’a nié aucune réunion, déplacement de travail ou sommes perçues cités par le procureur de la République. N’ayant pas demandé de contrat de travail, Il s’est fait plutôt du tord à lui-même car il ne bénéficiera pas de couverture sociale pour cette période de travail », a-t-il expliqué. Pour ce qui est de la constitution d’association de malfaiteurs, l’avocat dit que l’ancien président du NAHD ne connaissait pas les autres membres du groupe, et qu’il travaillait dans un groupe conçu légalement et contrôlé par l’Etat. Pour ce qui est de ses biens (villa et terrain) dont le ministère public requiert la saisie, Me Loulmi démontre qu’ils ont été acquis par l’argent personnel de l’ancien sélectionneur de l’équipe nationale de football, et regrette qu’on le poursuive pour « des raisons aussi infondées ».
Ooredoo défend son employé
Toujours lors des plaidoiries de jeudi, Me Oulmi Ben Khaled (avocat de l’opérateur de téléphonie mobile Ooredoo), se présente à la barre pour défendre Dallal Ouahabe, également employé chez l’opérateur. Dallal Ouahab est poursuivi pour constitution d’association de malfaiteurs, vol qualifié, escroquerie et abus de confiance. Cet ancien responsable de sécurité du groupe Khalifa risque 7 années de prison.
Ancien policier, Dallal Ouahabe quitta l’Algérie durant les années de terrorisme pour la France. Il en revint en 2001 et commença à travailler dans l’entreprise de sécurité et de protection des biens du Groupe Khalifa. Il était chargé de sécuriser les transferts de fonds entre les agences de Khalifa Bank. Interrogé lors de son audition, sur le transfert de sacs d’argent de la Caisse Centrale de la banque sise à Chéraga vers le siège sociale du Groupe, sis dans la même localité, Dallal Ouahab avait répondu avoir effectué cette tâche à deux reprises sur ordre de ses supérieurs et qu’il n’était pas au courant des montants des sommes qu’il transportait. Son avocat s’interroge sur le bien fondé de l’accusation de vol qualifié, étant donné que son mandant – ignorant les détails – répondait aux ordres de son supérieur.
Quant à la constitution d’association de malfaiteurs, Me Oulmi avance que son mandant était lié par un contrat de travail légal. Me Oulmi insiste que Dallal Ouahab a été acquitté en 2007, et qu’actuellement il occupe un poste dans le département de sécurité de l’entreprise Ooredoo. Me Oulmi, qui travaille également pour le compte de Ooredoo, affirme que son mandant jouit d’une bonne réputation au sein de l’entreprise et que c’est cette dernière qui l’a constitué pour assurer sa défense. « Dallal Ouahab est un homme sérieux et intègre. La preuve, c’est l’entreprise Ooredoo qui m’a constitué pour le défendre et ses collègues sont dehors pour le soutenir », conclue-t-il en demandant la relaxe de son client.