L’ancien P-DG de Sonatrach et l’expert International en énergie, Nazim Zouiouèche, a qualifié d’« échec cuisant » la stratégie du gouvernement pour la relance de l’attractivité de l’amont pétrolier, après les résultats « décevants » du 4eme appel d’offres d’Alnaft portant sur la mise à la concurrence de blocs d’exploration d’hydrocarbures.
M.Zouiouèche qui était ce mercredi l’ « Invité du Direct » de RadioM, la web radio de Maghreb Emergent a, d’emblée, déploré le fait que l’appel d’offre lancé en janvier 2014 par l’Agence nationale pour la valorisation des ressources en Hydrocarbures ( Alnaft) n’ait pas suscité de concurrence.
« Sur les quatre parcelles qui ont trouvé preneurs, seulement une, celle de Boughezzoul au nord, à fait l’objet d’une concurrence entre Eni et le consortium Repsol Algeria/ Shell exploration, et cela reste décevant et inacceptable », a regretté M Zouiouèche. Et d’ajouter : « Des soixantaines d’entreprises qui venaient s’informer sur les parcelles mises en concurrence depuis le lancement de cet appel d’offre, on s’attendait à ce qu’il y ait au moins une dizaine de candidatures ».
Ceci, en plus du fait que seulement quatre périmètres sur les 31 proposés ont trouvé preneurs, a-t-il fait remarquer. Les consortiums ayant obtenus les quatre périmètres d’exploitation et d’exploration sont : Statoil/ Sigma et Shell Exploration pour le premier périmètre de Timissit dans l’Est avec 570 points. Le périmètre Tinhert toujours dans la région Est, attribué au consortium Dragon Oil Algeria Alpha et Enel avec 930 points. Ce même consortium a obtenu le périmètre de Mesari Abadli à l’Ouest pour 890 points. Et pour la première fois depuis plusieurs années, un marché dans le nord sera exploité par le consortium Repsol Algeria et Shell exploration.
L’ancien PDG de Sonatrach a relevé, d’autre part, l’absence des grands majors pétroliers à cet appel d’offres, mis à part Shell qui est présente dans deux parcelles, mais « en qualité d’investisseur et non pas opérateur ». « J’aurais voulu que ce soit Shell l’opérateur, vu l’importance que tient un opérateur dans un contrat. Il me semble qu’il n’était pas intéressé pour cela », a-t-il analysé, en rappelant la présence de la multinationale norvégienne Statoil, qui active sur le sol algérien depuis plusieurs années.
Un revers pour la la nouvelle stratégie énergétique du gouvernement
Pour M. Zouiouèche, le résultat du 4eme appel d’offres d’Alnaft traduit l’échec de la nouvelle stratégie énergétique du gouvernement qui consiste, entre autres, à miser sur les ressources non-conventionnelles pour attirer les investisseurs étrangers dans l’amont pétro-gazier. L’absence des offres sur les périmètres renfermant des ressources non conventionnelles a été « un échec cuisant », selon lui. « Les parcelles destinées à l’exploitation de l’énergie non conventionnelle représentaient 50% des périmètres proposés pas Alnaft, mais aucune offre n’a été reçue dans ce sens », a-t-fait remarquer, arguant du caractère encore prématuré de cette exploitation.
Pour autant, l’ancien PDG de Sonatarch ne pense pas que les majors pétrolières boudent l’Algérie par manque d’attractivité de son domaine minier. « Le domaine minier algérien reste encore attractif. Même pendant le terrorisme beaucoup d’entreprises venaient et faisaient de bons travail », rappelle-t-il. Mais sous la nouvelle loi régissant le domaine minier, « les compagnies étrangères trouvent qu’il est un peu difficile de travailler en Algérie, étant donné que l’investissement dans l’exploration et l’exploitation des hydrocarbures est un investissement qui s’inscrit dans le long terme, cela fait que les professionnels internationaux cherchent à avoir une stabilité institutionnelle. Ils ont aussi besoin d’avoir de la réactivité de la part des algériens et qu’on les traite comme de vrais partenaires ». « Ce travail », poursuit-il, « doit être mené par Sonatrach, que le scandale de corruption de 2010 a fortement affaibli, poussant ses professionnels à se recroqueviller sur eux-mêmes ».
Pour remédier au revers du 4eme appel d’offre, M. Zouiouèche propose que les responsables algériens se réunissent avec les entreprises qui sont venues s’informer et inspecter sans que cela n’ait été suivi par le dépôt d’une candidature de leur part. A défaut, il faudrait discuter avec les sept qui ont candidaté pour avoir des explications sur ce que l’Algérie pourrait améliorer dans ces prochains appels d’offre. « C’est ça être réaliste et réactif. Ce n’est pas une honte », argue-t-il.
Extraits vidéos : http://bit.ly/1BAn88g
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