Pour Salaheddine Abdessemed, le taux actuel de l’impôt sur le bénéfice des sociétés (IBS) doit être rectifié par une loi de finances complémentaire. La taxe sur l’activité professionnelle (TAP), a-t-il assuré, pousse nombre d’opérateurs à choisir l’informel.
Lors de son passage mercredi après-midi dans L’Invité du Direct sur Radio M, la webradio de Maghreb Emergent, le vice-président du Forum des chefs d’entreprises (FCE), Salaheddine Abdessemed, a appelé à aborder la question fiscale en Algérie d’une « manière globale », plaidant en faveur d’une réforme de la fiscalité, qui passerait par un « assainissement fiscal ». Selon lui, d’autres pays plus avancés que l’Algérie sont passés par cette ‘’amnistie fiscale’’ pour régler un certain nombre de problèmes.
Salaheddine Abdessemed a mis en avant le rôle nocif de l’informel pour les entreprises activant dans la sphère formelle. « Il faut, une bonne fois pour toutes, trancher sur cette ‘’économie-là’’, quand bien même elle emploierait énormément de monde », a-t-il estimé. Illustrant les préjudices causés par le marché informel aux entreprises, il a pris l’exemple du segment de la distribution qui, selon lui, échappe totalement au marché formel. « Le secteur de la distribution de l’agroalimentaire peut aujourd’hui décider des produits qui marchent et de ceux qui ne marchent pas. Il peut décider d’importer cent conteneurs de produits de l’étranger pour remplacer un produit fabriqué localement », s’est-il exclamé affirmant que les importateurs agroalimentaires ont la mainmise sur la distribution.
Pour Salaheddine Abdessemed, la lutte contre l’informel passe nécessairement par une démarche « inclusive » et la mise en place de l’ensemble des modes de paiement (le chèque, la monétique, etc.). Il a reconnu que les patrons n’avaient jamais admis les reculades du gouvernement sur l’imposition du paiement par chèque dans les transactions commerciales.
« Développer la monétique pour lutter contre l’informel »
L’augmentation de l’IBS (impôt sur le bénéfice des sociétés) a été qualifiée par Salaheddine Abdessemed de « mauvais signal » envoyé par le gouvernement aux entreprises : « Au moment où l’on parle de la réindustrialisation du pays, de ‘’consommer algérien’’ et de la possibilité de mettre sur les marchés extérieurs des produits algériens, il est anormal de mettre sur un pied d’égalité l’importateur et le fabricant local. » Le FCE, a-t-il dit, demande qu’une loi de finances complémentaire soit promulguée pour « corriger cette erreur » et instituer des taux plus attractifs.
Le FCE, a indiqué son vice-président sur Radio M, appelle également à la révision de la TAP (taxe sur l’activité professionnelle, de 2%, prélevée sur le chiffre d’affaires et versée aux collectivités locale, Ndlr). Cet impôt est jugé « injuste » et sa disparition totale est souhaitée « même si cela doit intervenir par étapes ».
La TAP encourage l’informel, a jugé Salaheddine Abdessemed, selon qui l’ensemble des acteurs de la distribution ont fui le secteur formel à cause de cette taxe : « Si vous faites 15% de résultats opérationnels, la TAP à 2% cela peut passer ! Mais c’est 2% sur le chiffre d’affaires alors qu’il y a aujourd’hui des entreprises qui travaillent avec 2% de profit ! »
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