« Si on se base sur un prix du baril de 30 dollars, il nous faudra réduire d’environ 1,5 milliard de dollars nos investissements qui étaient prévus à 8,5 milliards », a déclaré Vaguit Alekperov, directeur général du numéro deux du secteur pétrolier en Russie, Loukoïl. En cas d’un baril à 20 dollars sur l’année, il faudra réduire les investissements de 1,5 milliard de plus, a-t-il ajouté. La veille, la Royal Dutch Shell a annoncé avoir enregistré une baisse importante de bénéfice net en 2015 avec un total compris entre 1,6 et 2 milliards de dollars contre 15 milliards de 2014.
L’onde de choc provoquée par la baisse drastique des prix du pétrole continue à se faire ressentir chez les compagnies pétrolières à travers le monde qui se trouvent, désormais, contraintes à lever le pied sur les investissements et à réduire leurs effectifs.
Jeudi, le numéro deux du secteur pétrolier en Russie, Loukoïl, a annoncé, à son tour, une baisse de 1,5 milliard de dollars de ses investissements initialement prévus pour l’année 2016.
« Si on se base sur un prix du baril de 30 dollars, il nous faudra réduire d’environ 1,5 milliard de dollars nos investissements qui étaient prévus à 8,5 milliards », a déclaré Vaguit Alekperov, directeur général de cette compagnie. En cas d’un baril à 20 dollars sur l’année, il faudra réduire les investissements de 1,5 milliard de plus, a-t-il ajouté.
Au total, il a évalué que le marché mondial avait perdu 400 milliards de dollars d’investissements l’an dernier: « Il est probable que le chiffre sera le même cette année », a-t-il prédit.
La veille, la Royal Dutch Shell a annoncé avoir enregistré une baisse importante de bénéfice net en 2015 avec un total compris entre 1,6 et 2 milliards de dollars contre 15 milliards de 2014.
Le groupe avait déjà annoncé son intention de supprimer près de 10.000 emplois en 2015 et cette année chez Shell et BG.
Récemment, la Direction norvégienne du pétrole a annoncé qu’elle s’attendait à une baisse des investissements pétroliers dans ce pays jusqu’en 2019.
Après une hausse en 2015 à 1,57 million de barils par jour (Mbj), la production de pétrole en Norvège devrait, elle aussi, baisser chaque année jusqu’en 2019 où elle devrait tomber à 1,38 Mbj. Un léger rebond est attendu en 2020, à 1,40 Mbj, selon la Direction norvégienne du pétrole.
Après avoir atteint le niveau record d’environ 180 milliards de couronnes (18,7 milliards d’euros) en 2013 et 2014, les investissements – hors exploration -ont reculé d’environ 16% en 2015, à près de 150 milliards de couronnes.
Depuis janvier 2014, le secteur pétrolier de ce pays a perdu pas moins de 30.000 emplois.
La suppression des postes d’emploi est une mesure à laquelle ont eu recours de grandes compagnies pétrolières. C’est le cas du groupe pétrolier britannique BP qui a annoncé son intention de supprimer pas moins de 4.000 emplois dans le monde en deux ans.
Les effectifs de l’activité amont (exploration et production) de ce groupe vont ainsi passer de 24.000 à moins de 20.000 employés d’ici à la fin de 2017.
De son côté, le groupe pétrolier britannique Tullow Oil a fait part, début janvier, de son intention de réduire d’au moins 600 millions de dollars ses investissements en 2016.
Le brésilien Petrobras envisage, quant à lui, de baisser ses investissements de 24,5% jusqu’en 2019, et a également réduit ses objectifs de production au Brésil pour 2016 en les faisant passer de 2,185 millions de barils par jour à 2,145 millions.
Une baisse prévue de 16% des investissements mondiaux en 2016
« Nous observons une pression à la baisse sur les prix du pétrole et il semble que cette pression à la baisse continuera à s’exercer en 2016 », a déclaré le directeur exécutif de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), Fatih Birol, lors d’un débat sur l’énergie organisé dans le cadre du Forum économique mondial de Davos.
« Ce qui m’inquiète le plus, c’est que les investissements dans de nouveaux projets pétroliers ont été réduits de 20% l’an dernier par rapport à 2014. C’est la baisse la plus forte dans l’histoire du pétrole », a-t-il observé.
« En outre, nous anticipons cette année, dans un environnement à 30 dollars le baril, une baisse supplémentaire de 16% des investissements dans les projets pétroliers », a-t-il ajouté.
« Nous n’avons jamais vu deux années d’affilée de baisse des investissements pétroliers », a-t-il souligné. Avant, « quand il y avait un déclin une année, ce qui était très rare, il y avait un rebond l’année suivante ».
Dans le même temps, la faiblesse des investissements prépare le terrain à « un fort rebond » des prix, car cela amoindrira la production future, a-t-il rappelé.
« Si les prix du pétrole demeurent à 30 dollars en 2016, les pays du Moyen-Orient perdront l’équivalent de 20% de leur PIB, et la Russie 10% de son PIB », a prévenu le directeur de l’AIE.
Il y a lieu de signaler, à ce sujet, que le Koweït a annoncé, jeudi, son intention de lever les subventions sur les carburants, l’électricité et l’eau en raison de la baisse des revenus de ce pays sous l’effet de la baisse du prix du pétrole.
Le Koweït est le seul pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) à ne pas avoir réduit les subventions, après la chute des prix du pétrole, dont il dépend pour l’essentiel de ses revenus.
Selon une étude du cabinet de conseil Wood Mackenzie publiée en janvier, 68 grands projets pétroliers et gaziers représentant un investissement total de 380 milliards de dollars, ont été différés depuis que les prix ont amorcé leurs descente.