»Ce segment des finances, de par ses fonds pécuniaires colossaux, serait un véritable levier de développement économique au Maroc », avait estimé l’année dernière le ministre délégué chargé des Affaires générales et de la Gouvernance, Mohamed Najib Boulif.
Le projet de loi autorisant l’ouverture de banques islamiques au Maroc a été voté à l’unanimité par les députés le 25 juin dernier. Le gouvernement marocain d’obédience islamiste ne semble pas se faire de soucis quant à son approbation prochaine par le Sénat (Chambre haute du parlement).
Préparé par la Banque centrale du Maroc (Bank al Maghrib), ce texte ouvre la voie aux produits de la finance islamique et aux banques dites »participatives ». La finance islamique est défendue par le gouvernement d’Abdelilah Benkirane comme une des solutions possibles pour la relance de la croissance économique, qui n’arrive pas à dépasser les 3%, alors que le déficit du PIB a atteint des sommets (7,2% en 2012 et 5,2% prévus à fin 2014).
En 2013, le ministre délégué chargé des Affaires générales et de la Gouvernance, Mohamed Najib Boulif, déclarait que l’introduction des finances islamiques apportera des solutions efficientes à de nombreuses questions économiques du Maroc. En marge d’une conférence internationale tenue à Rabat sur »l’évaluation de l’expérience des banques islamiques et les perspectives », organisée par l’Association marocaine d’études et de recherches en économie islamique, il avait estimé que »dans le sillage des prévisions économiques mondiales et de la crise qui tend à s’amplifier, les finances participatives islamiques s’avèrent être une solution efficiente à de nombreuses questions économiques ». »Ce segment des finances, de par ses fonds pécuniaires colossaux, serait un véritable levier de développement économique au Maroc », avait-il ajouté.
Pour rappel le projet de loi sur la finance islamique avait été élaboré en janvier dernier. Selon Nadjib Boulif, l’entrée en de la loi, après son adoption par les sénateurs, aura lieu début de 2015.
Produits financiers »Hallal »
Pour le cabinet d’affaires et d’analyses Oxford Business Groupe (OBG), »le potentiel de la finance islamique au Maroc est considérable », même si les banques islamiques n’ont pas connu en Afrique du Nord une croissance aussi marquée que dans les pays du Golfe. Selon une étude de Thomson Reuters, la valeur des actifs financiers conformes à la charia au Maroc pourrait être comprise entre 5,2 milliards de dollars et 8,6 milliards de dollars, alors que le bénéfice total qui pourrait être généré est de 67 à 112 millions de dollars pour les fournisseurs de services. La même étude souligne que 79% des Marocains interrogés – issus d’un échantillon représentatif de la population – ont déclaré leur grand intérêt pour les services bancaires de la finance islamique.
Au Maroc, le taux de bancarisation est de 58%, un des plus hauts d’Afrique, mais les zones rurales et isolées sont sous-équipées et, au vu de l’objectif du pays de faire passer ce chiffre à 65% d’ici fin 2016, les produits conformes à la charia pourraient contribuer à attirer de nouveaux clients, estime par ailleurs OBG.
Takaful en stand-by
Plusieurs banques marocaines pensent à se redéployer vers cette nouvelle filière avec la création de banques participatives, dont la Banque Populaire (BP), qui projette d’ouvrir 60 succursales dédiées à la finance participative au cours des 4 à 5 prochaines années. La Banque Marocaine du commerce extérieur (BMCE Bank) a également indiqué qu’elle était sur le point de conclure un partenariat stratégique avec un opérateur de la finance islamique du Golfe.
C’est en 2007 que l’idée des banques participatives avait commencé à faire son chemin au Maroc. Avec le projet de loi sur les banques participatives, il y a celui sur la finance islamique (Takaful) encore sur le bureau du Chef du gouvernement.