Le renouvellement des traitements des malades chroniques, sans ordonnance, et l’extension de la validité des cartes Chifa expirées, n’est pas sans impact sur la trésorerie des officines pharmaceutiques privées conventionnées avec les caisses de sécurité sociale, en cette période de limitation de toutes les activités et de mise en congé d’office de la moitié des personnels de tous les organismes publics et privés.
La Caisse Nationale de la Sécurité Sociale des Salariés (CNAS) a transmis une note à toutes les officines pharmaceutiques conventionnées pour les informer que le ministère de la Santé et de la Population, dans le cadre de la lutte contre la pandémie, a autorisé le renouvellement des traitements des malades chroniques pour une durée d’un mois à compter du 01 Avril (?) (la note n’est pas datée), sans présentation de l’ordonnance de leur médecin traitant. Les pharmaciens sont chargés de contrôler sur l’historique de la carte Chifa si le malade n’a pas déjà pris de traitement et s’il a droit à ce renouvellement.
Il faut signaler que beaucoup de médecins privés ont fermé leur cabinet. La raison invoquée, surtout sur les réseaux sociaux, serait l’absence de moyens de protection mais également la crainte d’une contamination. Une note du ministère de la Santé a été même transmise à tous les praticiens installés pour leur demander de rouvrir.
Les pharmaciens d’officine applaudissent cette mesure de protection des malades chroniques, très vulnérables face au Covid19, puisqu’elle permet à cette catégorie de limiter ses déplacements et surtout d’éviter de se retrouver dans des salles d’attente ou la distanciation sociale ne serait pas appliquée. Les pharmaciens mettront en œuvre cette note, même s’ils auraient aimé donner leurs suggestions pour faciliter son application sans qu’elle les pénalise.
Financement du retard de remboursement par les caisses
Dans cette situation particulière, les caisses de sécurité sociale, comme tous les organismes publics, tournent avec des effectifs réduits, puisque les autorités ont recommandé aussi bien au secteur public que privé de libérer 50% de leur personnel ainsi que les femmes travailleuses ayant des enfants à charge.
En temps normal les bordereaux, ou factures électroniques, sont vérifiés auprès des caisses et les virements, si les bordereaux sont validés, effectués dans les deux à quatre semaines suivant leur réception. Avec moins d’effectifs opérationnels, ces délais peuvent au moins doubler. Et le retard concernera tous les médicaments délivrés avec une carte Chifa, puisque les caisses ont prolongé jusqu’au 30 avril les cartes arrivées à expiration au mois de mars et avril.
Les pharmaciens d’officine interrogés disent qu’ils supporteront seuls le financement de ces retards. Eux aussi ont des factures à payer à leurs fournisseurs, ils ont déposé des chèques qui risquent d’être rejetés en cas de solde insuffisant, tout comme les traites arrivées à échéance. Une des mesures que les autorités auraient pu prendre est, selon nos interlocuteurs, d’instruire les banques d’accepter de faire des avances sur factures présentées par les pharmaciens pendant cette période de confinement et qui risquent d’être réglées en retard. L’Etat, comme dans d’autres pays, se portera garant de ces « crédits » exceptionnels. D’autant que les pharmaciens contactés se plaignent d’une chute drastique de leur chiffre d’affaires en raison de la fermeture de plusieurs cabinets médicaux privés et le report de toutes les consultations non urgentes en milieu hospitalier, sans compter l’appréhension de la population à se rendre dans les salles d’attente, synonymes de contamination.
Leurs ventes cash se résumeraient presqu’aux articles de protection quand ils sont disponibles (gel hydro alcoolique, bavettes et gants), Doliprane et vitamine C, très recommandés en cas de contamination par le coronavirus et que les familles préfèrent avoir dans leurs boîtes à pharmacie.
Abdenour Haouati