Les premiers chinois en Tunisie sans visa : un engouement et des exigences - Maghreb Emergent

Les premiers chinois en Tunisie sans visa : un engouement et des exigences

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La Tunisie a décidé le 16 février dernier de dispenser les citoyens chinois de visa. Comment les premiers chinois entrés en Tunisie sans visa regardent le pays et son secteur touristique? Un reportage de l’agence de presse chinoise Xinhua

 

 La Tunisie, pays d’Afrique du nord riche en ressources touristiques, est devenue une destination séduisante pour la Chine après qu’elle a décidé l’exonération de visa d’entrée pour les citoyens chinois.

 Alors que le marché chinois du tourisme est en pleine croissance, la Tunisie se prépare, en équipements et en services, pour mieux accueillir les clients chinois, espérant qu’ils pourront relancer le tourisme du pays.

 

Un bon rapport qualité-prix 

 

La Tunisie a annoncé le 16 février dernier l’exonération de visa pour les citoyens chinois à condition de se munir d’un billet d’avion aller-retour et d’une réservation d’hôtel valable, pour une durée qui ne dépasse pas les 90 jours.  Wu Wenzhao, arrivée samedi dernier à Tunis de Beijing pour une mission d’affaires, est parmi les premiers bénéficiaires de cette mesure.

 “Je suis sortie facilement de la frontière chinoise après avoir pris la carte d’embarquement au guichet de la compagnie aérienne à l’aéroport”, raconte Mme Wu, ajoutant qu’il lui a fallu moins d’une minute pour entrer sur le territoire tunisien après l’atterrissage.

 L’exonération de visa facilite le voyage dans ce pays à l’histoire millénaire et caractérisé par sa diversité culturelle. “On peut partir immédiatement si on a un plan de voyage”, affirme Zhang Tong, une touriste venant de Tianjin.

 Aux yeux de Guo Wei, collègue de Mme Zhang, les voyages en Tunisie offrent un très bon rapport qualité-prix, avec d’un côté sa nature charmante, et de l’autre sa culture variée et sa longue histoire.

 “Elle se situe entre la Méditerranée et le Sahara. On peut profiter de la plage, de la forêt, de l’oasis et aussi des montagnes. En plus, on peut également visiter les sites des empires carthaginois, romain, arabe, ottoman et ceux issus de la colonisation française”, précise-t-elle.

 Malgré ses ressources touristiques extraordinaires, la Tunisie a connu ces dernières années une période très difficile pour ce secteur, jadis vecteur de la croissance avec une part avoisinant 7% du PIB, suite à un triple attentat en 2015 ayant coûté la vie à plus de 70 personnes, dont la plupart des touristes étrangers.  Le pays relance progressivement le secteur à partir de l’année 2016, enregistrant 5,7 millions de touristes, contre 5,3 millions en 2015.

 

La Chine, marché visé du tourisme tunisien

 

Selon Fang Yi, une responsable du Service international des voyages de Chine (CITS) du bureau de Shanghai, les sites du Patrimoine culturel mondial sur les territoires tunisiens sont un atout pour l’industrie touristique du pays. Les activités culturelles et traditionnelles séduiraient les touristes qui cherchent l’exotisme et le mystère.

 Grâce à son climat méditerranéen doux et humide, la Tunisie pourrait devenir une option en hiver face au froid en Europe, la destination traditionnelle pour les Chinois, ajoute Mme Fang.

 Comme ses homologues chinoises, les agences de voyage tunisiennes sont toujours prêtes à élargir leur business dans le marché chinois, surtout après la mise en œuvre de cette mesure d’exonération.

 Le Service d’accueil de Tunisie a commencé à travailler avec des touristes chinois en 2000. Selon son directeur général Samir Meddeb, son agence a accueilli environ 2.000 touristes chinois en 2016, “une année de bon démarrage”. Le marché chinois constitue presque la moitié de son chiffre d’affaires.

 “Les clients chinois sont bien différents des Européens qui préfèrent profiter des services de l’hôtel. Les premiers ont une volonté de découvrir l’histoire et la culture et même la gastronomie. En plus, les Chinois ont un fort pouvoir d’achat et une demande de service de qualité et privé”, observe M. Meddeb.

 

Concernant la croissance de cette année sur le marché chinois, M. Meddeb a donné une estimation prudente. “Notre objectif est à 20% de croissance, soit 2.500 clients chinois en 2017. On va pas à pas.”.  Cependant, selon Nabil Hedhiri, chef de division et coordinateur des relations publiques de l’Office national du tourisme tunisien (ONTT), le marché chinois doublerait cette année en gardant la même croissance que l’année dernière.

 

De janvier à décembre 2016 – comparativement avec la même période en 2015 – la croissance du tourisme tunisien concernant le marché chinois a atteint 93,6%, soit 7.396 touristes. “Personnellement, je pense qu’on pourra tabler sur une augmentation annuelle et garder cette même tendance, vu la moyenne enregistrée durant ces dernières années”, estime M. Hedhiri.

 

Un vol direct Tunisie-Chine au programme

 

Yin Gang, habitant de Tianjin, vient de finir son voyage d’une durée de six jours en Tunisie. Selon lui, malgré la réception chaleureuse et la population amicale, le tourisme tunisien devrait se perfectionner dans les détails de son service afin de mieux satisfaire les besoins des clients chinois.

 “Dans les sites touristiques, il manque des panneaux en anglais ou en chinois, ce qui nous empêche de comprendre les explications (…) les hôtels devraient fournir de l’eau chaude et de la cuisine chinoise aux clients chinois dont les habitudes sont différentes à celles des Européens”, indique M. Yin.

 Selon la représentante à Tunis de l’agence de voyage chinoise Saishang Tour, Yasmine Tsai, la barrière linguistique demeure le premier souci pour les touristes chinois et surtout les individuels, étant donné que la plupart du personnel de service tunisien ne parle que français ou arabe. De plus, les transports publics peu développés compliquent les déplacements des touristes individuels et leur accès à plusieurs sites touristiques, constate Mme Tsai.

 De son côté, M. Hedhiri confie à Xinhua que l’ONTT fait beaucoup d’efforts pour séduire le marché chinois. “Le produit touristique tunisien devra être adapté aux attentes des Chinois, sans oublier la formation des guides en langue chinoise et des professionnels hôteliers en gastronomie chinoise”, affirme-t-il.

 Dans ce sens, M. Hedhiri mentionne une étroite collaboration en cours entre l’Institut du tourisme de Sousse, principale province balnéaire du pays, et une école hôtelière à Ningxia en Chine. La Tunisie voudrait devenir un hub entre la Chine et le continent africain, un de ses partenaires principaux, par l’ouverture d’un vol direct entre les deux pays.

“Nos homologues chinois sont de plus en plus convaincus quant à notre vision à court, moyen et long termes”, déclare M. Hedhiri, pour qui son pays pourra jouer le rôle de hub pour les compagnies aériennes chinoises afin de bien explorer le marché africain.

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