Les experts du FMI présentent de nombreuses recommandations pour améliorer l’économie algérienne. Autant de critiques à une économie rigide, malgré une prévision de croissance de 7.1% hors hydrocarbures.
Après l’avoir caressé dans le sens du poil pour les résultats obtenus, grâce essentiellement à une injection massive d’argent, les experts du FMI ont dressé à l’intention du gouvernement algérien une liste des réformes à mener; entendre par-là les réformes que les autorités algériennes reconnaissent comme étant nécessaires, mais qu’elles n’arrivent pas à lancer, de peur de perturber la paix sociale ou tout simplement par incompétence. Et derrière chaque recommandation, il y a une critique.
M. Zeid Zidane, président de la délégation du FMI, a déclaré à la radio que « beaucoup de réformes structurelles restent à mener » pour améliorer les performances de l’économie. L’Algérie doit « mobiliser plus de revenus hors hydro carbures », et « maitriser la dépense publique ». Il faut comprendre par-là que le pays se contente de ce que rapporte la fiscalité pétrolière, sans effort particulier pour chercher l’argent là où il se trouve. Il préconise au gouvernement algérien d’adopter « une stratégie de la demande » qui devrait permettre « .de limiter la croissance des importations » et de « diversifier les exportations ». Une façon élégante de dire que l’Algérie importe trop, dans n’importe quelles conditions, en dépensant à tort et à travers l’argent du pétrole qui pourrait être utilisée différemment.
Loin des standards internationaux
L’aisance financière actuelle « doit être utilisée pour réfléchir au long terme », a ajouté M. Zidane. En termes très diplomatiques, cela signifie clairement que les autorités algériennes privilégient le court terme, sans projection sur le long terme. De la même manière, il relève clairement que l’économie algérienne est trop complexe, trop bureaucratique, quand il appelle à simplifier les procédures et les régimes fiscaux pour « créer les conditions de la compétitivité ». Et quand il demande au gouvernement d’assurer « plus de flexibilité du marché de l’emploi » et de garantir « une meilleure adéquation entre la formation et les besoins du marché », il souligne la rigidité du marché et une formation défaillante.
M. Zidane tacle aussi les dirigeants de l’économie algérienne qui vantent le boom du crédit. Pour lui, cela reste « très en deçà des standards internationaux ». De plus, « ce n’est pas soutenable sur le long terme », dit-il, demandant aux dirigeants algériens s’orienter vers ce «grand potentiel de mobilisation des revenues ordinaires ». Et il insiste : il faut « maitriser les dépenses » et «revenir situation budgétaire plus saine ».
« Dégrader » le 51/49
De plus, « il faut assurer la rentabilité des investissements publics » par des réformes globales et cohérentes. Il affirme ainsi qu’il faut construire des aéroports, mais qu’en parallèle, il faut par exemple mener une réforme du transport aérien pour développer en favoriser le développement et le rendre rentable. Pour M. Zidane, les conditions du crédit sont insuffisantes. Il le signifie quand il déclare que le FMI a proposé « un ensemble de mesures pour faciliter accès des PME et des ménages au crédit ».
Sur la question du 51/49, le FMI a formulé une recommandation originale. M. Zidane propose de ne plus en faire texte législatif, mais de la ramener à un texte règlementaire, ce qui offrirait plus de souplesse au gouvernement pour gérer ce dossier délicat. Il a proposé d’utiliser l’opportunité offerte par la révision du code d’investissement pour la supprimer de la loi, et de la reprendre sous forme de décret ou d’arrêté, ce qui permettait au gouvernement de choisir éventuellement dans quels secteurs l’appliquer.