Le secteur de la sidérurgie marocain accuse le coup de la baisse des cours de l’acier sur le marché international. Mesures antidumping et recul des résultats des sidérurgistes locaux en sont les premières conséquences.
Le sidérurgiste marocain Sonasid, une joint venture à laquelle est associée la SNI, la holding de la famille royale, est en pleine tempête avec des résultats déprimants et un marché mondial laminé par la baisse de moitié des prix en une année. La Sonasid, dont le chiffre d’affaires a fondu en 2015, avec un recul de 17% comparativement à 2014 est victime autant de la concurrence locale avec l’autre producteur marocain, Maghreb Steel, spécialiste de la production de tôles laminées, que de la baisse de moitié du cour de l’acier sur le marché mondial. Le groupe, associé également à l’indien Mittal, fait également les frais de la baisse de la demande du secteur du BTPH, un des gros clients du secteur. En outre, la surproduction d’acier de la Chine et de l’Europe a achevé de ruiner les espoirs de la Sonasid de redresser ses comptes, tout comme les autres sidérurgistes marocains pour les années à venir. La production de la Sonasid a baissé de 5% en 2015, son Ebitda a plongé de 70%, à 111 millions de DH, par rapport à 2014, et replonge dans le rouge en 2015 en enregistrant un déficit de 62 millions de DH. Par contre, en 2014, le groupe a réalisé un chiffre d’affaires de 4,2 milliards de dirhams, en baisse de 9%, soit 390 millions d’euros, mais avec un bénéfice net de 127 millions de dirhams (+47%). Sonasid comme les autres sidérurgistes marocains, dont Maghrebsteel, ont demandé et obtenu des autorités des mesures protectionnistes et antidumping contre les importations de fer et de rond à béton, dont les prix sur le marché international ont baissé de 50% en 2015.
Le Warning de la Sonasid
En juin dernier, la Sonasid, filiale de la Société Nationale d’Investissements (SNI), qui a fusionné avec l’ONA, une holding de la famille royale, avait émis un warning sur la perturbation des prix à l’international de l’acier. Le prix du minerai de fer a connu une baisse historique (de 130 dollars/t en janvier 2014 à 50 dollars/t en janvier 2015) alors que la ferraille n’a connu une baisse que très relative, cela engendrant une très forte pression sur les prix de la part des opérateurs produisant à base de minerai de fer. Une situation qui a obligé la Sonasid à produire les fers à béton sur la base de ferraille importée. Les mesures protectionnistes décidées par l’état marocain au profit de la Sonasid face à la concurrence internationale et la »fonte » des prix mondiaux de l’acier, portent sur le paiement, au-delà de 121.000 tonnes de fil machine importées en un an et de 72.600 tonnes de fer à béton, par les importateurs d’un droit de douane additionnel spécifique de 0,55dh/kg à l’Etat, soit environ 50 euros par tonne. Quant au contingent, il augmentera de 10% par an jusqu’à la libéralisation du marché fin 2018, avait indiqué le ministère de l’Industrie, qui prolonge ainsi une protection entamée en 2013, mais en la réduisant, en apparence seulement. Car les contingents, libres de droits de douane additionnels, sont passés de 10.500 tonnes pour les ronds à béton en 2013 à 72.600 tonnes en 2016. Et, pour compenser la liberté ainsi offerte aux importateurs, le Maroc a intégré la Turquie et l’Egypte dans la liste des pays concernés par les contingents. La Sonasid, cotée à la bourse de Casablanca, est détenu depuis 2006 à 64,86% par une société commune à 50/50 entre ArcelorMittal et un groupe d’investisseurs dominé par la SNI.