Addis-Abeba, Éthiopie, le 3 octobre 2018 (CEA) – Les statisticiens ont été invités ce mercredi, à faire davantage pour éclairer et vendre leur travail afin que leurs produits aident les gouvernements africains à élaborer des politiques informées susceptibles de changer les communautés et les démocraties pour le mieux.
Vincent F. Hendricks, Professeur de philosophie formelle à l’Université de Copenhague (Danemark), déclare dans un discours captivant prononcé devant la Sixième Commission de la statistique pour l’Afrique (StatCom-Africa VI), qui se déroule actuellement et qui a c\pour thème, « Renforcement de la capacité des systèmes statistiques nationaux à l’appui des politiques de diversification économique et d’industrialisation de l’Afrique ».
Il indique qu’à l’ère des fausses informations et des politiciens populistes, les statisticiens doivent être conscients de la menace qui pèse sur les décisions politiques.
« En tant que scientifiques, nous n’aimons pas nous vendre ou vendre notre produit en pensant qu’il se vendra lui-même parce que sa valeur est évidente, mais cela ne fonctionne pas ainsi dans le monde réel. Dans ce monde de fausses nouvelles où nous vivons aujourd’hui, vous devez réaliser que vous êtes les experts et non les politiciens ; prenez vos données en main et utilisez-les non seulement pour changer vos communautés, mais aussi vos démocraties », indique-t-il, en mettant en garde les experts contre le risque du totalitarisme numérique.
Hendricks, Directeur du Centre pour les informations et les études sur les bulles, informe que les statistiques perdraient la bataille des idées si les producteurs de données ne les vendaient pas, ajoutant que les statisticiens devraient non seulement générer des données, mais aussi les utiliser pour le bien de leurs communautés.
« Dites ce que vous faites et pourquoi c’est important. Faites pression sur les politiciens et les gouvernements en leur montrant les preuves tangibles de leur importance ; mettez les choses en perspective. Si ce n’est pas vous qui placez la barre très haut sur cette question, cela ne sera pas fait », fait-il savoir.
« Vous êtes ceux qui informez la démocratie ; vous êtes ceux qui veillez à ce que la politique factuelle ne soit pas un mystère. C’est ce que vous faites. Si vous ne l’exposez pas, en conséquence, vous perdrez cette autorité dans cet intérêt et lorsque vous perdez, vos États perdent et vos populations perdent. Alors placez la barre très haut et n’ayez pas peur de vous exposer aussi longtemps que vous garantissez la véracité des informations, mais si vous commencez à les falsifier, vous perdez votre autorité en un temps record ».
Hendricks ajoute que les experts doivent faire davantage pour pousser leurs gouvernements à financer le développement des statistiques sur le continent.