Le Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU a demandé vendredi, aux autorités algériennes, de mettre immédiatement fin aux atteintes aux droits de l’homme dans le pays.
Parmi les atteintes citées, figurent l’arrestation et les condamnations des manifestants, la censure des médias en ligne, l’emprisonnement des journalistes et la torture des détenus.
« Des journalistes ont été arrêtés pour avoir couvert ou fait des reportages sur le mouvement de protestation, et 16 médias en ligne indépendants connus pour leurs reportages critiques ont été bloqués », constate Rupert Colville, un porte-parole du Haut-Commissariat aux droits de l’homme lors d’un point de presse de l’ONU à Genève.
« Nous sommes très préoccupés par la détérioration de la situation des droits de l’homme en Algérie et par la répression continue et croissante contre les membres du mouvement pro-démocratique du Hirak », a-t-il déclaré.
Selon les services de la Haut-Commissaire Michelle Bachelet, les manifestations, qui se poursuivaient en ligne à la suite de la pandémie de Covid-19, ont repris dans les rues ces dernières semaines, les autorités réagissant de la même manière répressive qu’en 2019 et 2020.
Le Haut-Commissariat accuse les forces de sécurité algérienne d’un usage excessif de la force. Il estime que des centaines d’individus ont été arrêtés depuis la reprise des manifestations le 13 février 2021.
Le Haut-Commissariat a également reçu « des allégations de torture et de mauvais traitements en détention, y compris de violences sexuelles ». Par conséquent, il appelle à cesser tout recours à la violence contre des manifestants pacifiques et « à mettre un terme aux arrestations et détentions arbitraires ».
Les services de Mme Bachelet demandent instamment aux autorités « de libérer immédiatement et sans condition toutes les personnes arrêtées ou détenues arbitrairement pour avoir prétendument soutenu Hirak, et d’abandonner toutes les charges retenues contre elles ».
Par ailleurs, le Haut-Commissariat a fait état de « rapports crédibles» selon lesquels près d’un millier de personnes ont été poursuivies pour avoir participé au mouvement du Hirak ou pour avoir publié des messages critiques à l’égard du gouvernement sur les réseaux sociaux. Selon les mêmes rapports, «au moins 32 individus sont actuellement détenus pour l’exercice légitime de leurs droits fondamentaux, et certains d’entre eux sont passibles de longues peines, tandis que d’autres sont toujours en détention provisoire ».
Face à cette situation, le Bureau des droits de l’homme de l’ONU réclame des enquêtes ‘’rapides, impartiales et rigoureuses’’ sur les allégations de torture et de mauvais traitements en détention. Il demande aussi à Alger d’abroger les textes qui sont utilisés pour poursuivre des personnes qui ne font qu’exprimer leur opinion et exercent leur droit de réunion pacifique.
La situation des droits de l’homme en Algérie sous surveillance des instances de l’ONU
Avec le rappel à l’ordre du vendredi, les instances des Nations-Unies chargées des questions des droits de l’homme confirment qu’elles suivent de près l’évolution de la situation des droits de l’homme en Algérie. Les groupes du travail et les rapporteurs spéciaux travaillent en ce moment sur plusieurs cas d’activistes.