Le gouverneur a lancé un appel au FMI et à la communauté financière internationale à renforcer leur soutien aux pays à faible revenu et pays affectés par des conflits.
Le gouverneur de la Banque d’Algérie (BA), Mohamed Loukal, a déclaré samedi à Washington que « les réformes structurelles sont cruciales » pour renforcer la croissance mais doivent être adaptées aux spécificités de chaque pays.
« Les réformes structurelles sont cruciales pour renforcer la croissance potentielle et la productivité, créer des emplois, relever les défis liés aux progrès technologiques rapides, réduire les inégalités et promouvoir l’inclusion », a indiqué le gouverneur à la réunion du Comité monétaire et financier international (CMFI) du FMI.
Mais « pour être efficaces, les réformes structurelles doivent prendre en charge les questions les plus pertinentes de chaque pays, en phase avec ses ressources, capacités et contraintes « , a précisé le gouverneur qui s’exprimait à cette réunion au nom de sept pays que sont l’Algérie, l’Afghanistan, le Ghana, l’Iran, le Maroc, le Pakistan, et la Tunisie.
Le gouverneur a noté que le programme de politiques globales de la directrice générale du FMI mettait justement l’accent sur un cadre approprié d’actions dans la mesure où les politiques sont adaptées aux circonstances et contraintes spécifiques aux pays.
« Ce programme véhicule un autre important message : la fenêtre d’opportunités est toujours ouverte mais ne laisse pas de place à la complaisance « , a indiqué le patron de la BA.
Selon lui, les défis varient considérablement entre pays. Si dans les pays avancés les priorités incluent la prise en charge des legs de crise économique et financière et la constitution de coussins de sécurité, dans les pays émergents et en développement les principaux défis consistent essentiellement à maintenir un rythme élevé de croissance et à renforcer la résilience.
Evoquant le cas des pays producteurs de pétrole dans la région Mena, M. Loukal a indiqué qu’ils « émergeaient graduellement des effets du choc externe de 2014 en contexte de reprise récente des prix de pétrole et du raffermissement de la croissance mondiale ».
Pour autant, il a estimé que les perspectives économiques de ces pays dépendaient fortement de leurs efforts de diversification, de reconstitution de coussins de sécurité, de prise en charge des vulnérabilités financières, de création d’emploi et de distribution des revenus.
Risque de resserrement abrupt des conditions monétaires
Dans le même contexte, le gouverneur a lancé un appel au FMI et à la communauté financière internationale à renforcer leur soutien aux pays à faible revenu et pays affectés par des conflits mais sans alourdir le fardeau de leur dette.
Par ailleurs, le dirigeant de la BA a constaté que l’un des effets secondaires d’une longue période de politiques monétaires non conventionnelles a été l’accumulation de risques liés à la recherche de la rentabilité, au moment où les legs de la crise financière n’ont pas été totalement résorbés.
Aussi, le resserrement abrupt des conditions monétaires globales comporte également le risque d’une plus grande volatilité financière et de mouvements de capitaux déstablilisants, prévoit le gouverneur.
Loukal a soutenu, à ce propos, que le FMI devrait adapter son évaluation des mesures macro-prudentielles et de gestion de mouvement de capitaux aux circonstances spécifiques des pays.
Au chapitre du commerce multilatéral, le gouverneur a considéré que l’escalade des conflits commerciaux et le retrait de la globalisation et de la coopération internationale, » constituaient probablement les développements les plus déconcertants depuis la réunion du FMI en octobre ».
Il a réitéré son soutien pour un système commercial multilatéral ouvert, guidé par des règles de transparence ainsi que pour un mécanisme de coopération pour la résolution des conflits commerciaux.
Appel à achever la réforme des quotes-parts
Au nom de ce groupe, le patron de la BA a déclaré » soutenir un FMI fonctionnant sur la base des quotes-parts, disposant de ressources adéquates et centralement positionné dans le système mondial de sécurité financière ».
Loukal a appelé, à ce titre, au maintien des ressources du FMI au moins à leur niveau actuel, soulignant l’importance d’achever la revue des quotes-parts à la date des réunions de printemps de 2019 mais pas plus tard qu’a à la date des réunions annuelles de la même année.
Il a précisé qu’il était important que la nouvelle formule de calcul des quotes-parts assure une augmentation substantielle de la part relative des quotes-parts des pays émergents et en développement et que les quotes-parts et droits de vote des pays éligibles au fonds fiduciaire pour la réduction de la pauvreté et des petits pays en développement soient préservés.
Au cours de son intervention au CMFI, M. Loukal a précisé que des risques à moyen terme pèsent sur la croissance mondiale malgré la reprise économique actuelle.
Ces risques sont liés, entre autres, à l’intensification des tensions sur le commerce extérieur, la normalisation des politiques monétaires, l’exacerbation des tensions géopolitiques, les changements climatiques et l’émigration forcée.
Autant de facteurs qui « posent de sérieux défis pour beaucoup de pays, grands et petits, riches et pauvres », a-t-il conclu.