La visite rapide que doit effectuer à Rabat aujourd’hui le Premier ministre français a un fort caractère sécuritaire. Il s’agirait de consolider, par des discussions directes avec les responsables marocains, le rétablissement, le 31 janvier 2015, de la coopération judiciaire bilatérale après une année de brouille due à l’interpellation, en France, du patron contre-espionnage marocain, accusé de tortures.
Sur sa route vers Lisbonne, dans le cadre d’une tournée européenne, le Premier ministre français, Manuel Valls, doit faire aujourd’hui une brève halte à Rabat, où il doit être reçu par le roi du Maroc, Mohamed 6, et par le Chef du gouvernement marocain, Abdelilah Benkirane.
Sur la table des discussions, il y aura, bien sûr, la consolidation des relations plurielles entre les deux pays mais aussi – et peut-être surtout – l’affirmation de la poursuite de leur coopération judiciaire, en particulier dans le domaine du renseignement et de la traque des groupes terroristes franco-marocains.
Pour Paris, cette visite de quelques heures prend les contours d’une consolidation de la réconciliation politique entre les deux pays, quatorze mois après l’interpellation, sur le sol français, du n°1 du contre-espionnage marocain, Abdellatif Hammouchi, accusé de tortures par une ONG française. A Matignon, on veut oublier cet incident, qui a conduit à un gel de la coopération judiciaire et policière bilatérale, au moment où une série d’attentats terroristes commis en France, rappelait l’importance de la coopération des polices marocaine et française en matière de lutte antiterroriste.
Pour rappel, la coopération judicaires entre les deux pays a officiellement été rétablie le 31 janvier dernier. Quelques semaines plus tard, le 9 février, Mohamed 6 était reçu à l’Elysée par le président français, François Hollande. Et, pour bien signifier que côté français, la brouille de 2014 est bien oubliée, la France a annoncé, le 14 février dernier, que le patron du contre-espionnage marocain Abdelatif Hammouchi… serait élevé au rang d’Officier de la Légion d’honneur.
La nécessaire coopération sécuritaire marocaine
A la veille de cette visite « express » de Manuel Valls à Rabat, des sources proches de Matignon, reprises par la presse parisienne, ont indiqué qu’ »il y a vraiment une volonté française, et une volonté franco-marocaine, de faire redémarrer notre coopération bilatérale, de la reprendre telle qu’elle était ». Et d’ajouter que « la visite du Premier ministre est en quelque sorte le point d’orgue de cette séquence de retour à la normale ».
Mieux, à Matignon, on estime que « le contexte a incontestablement joué » pour accélérer cette visite du Premier ministre français à Rabat : « Nous avons besoin avec notre partenaire marocain d’un fonctionnement absolument normal de la coopération sécuritaire et judiciaire. » La messe est ainsi dite : la France ne tient pas à continuer seule à traquer les potentiels jihadistes d’origine maghrébine qui viendraient à retourner « au pays ».
Récemment, le ministre marocain de l’Intérieur, Mohamed Hassad, avait annoncé aux parlementaires qu’il y avait environ 1.200 franco-marocains qui risquent de venir au Maroc après avoir combattu en Syrie et en Irak dans les rangs de l’Etat Islamique.
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