Le bilan d’étape présenté cette semaine devant les parlementaires des deux chambres, par le chef du gouvernement marocain Abdelilah Benkirane, sonne comme une annonce d’une candidature à sa propre succession aux législatives de 2016.
En présentant son bilan à mi-mandat, le chef du gouvernement marocain Abdelilah Benkirane, leader du Parti Justice et Développement (PJD, islamiste modéré) a confirmé les analyses des experts politiques qu’il sera, en 2016, le candidat du parti aux législatives. En dépit d’un climat économique morose, la montée du front social contre l’inflation, le chômage, la hausse du coût de la vie, et une opposition critique, il a présenté un bilan »idyllique » de son mandat. Arrivé au pouvoir à l’issue des premières élections législatives démocratiques en 2011 sur la lancée du Printemps arabe, Benkirane veut approfondir le chantier des réformes. Devant les membres des deux chambres du parlement, il a expliqué que l’Exécutif va se concentrer sur le chantier politique avec »le renforcement de l’édifice démocratique », (…) et la consécration de l’Etat de droit, des libertés et de la bonne gouvernance. Cela devrait renforcer l’audience du parti, et fédérer les forces de la coalition gouvernementale en prévision des élections législatives, qui seront précédées en 2015 par les Locales.
Bilan »positif », »honorable », »rassurant »
Qualifiant le bilan de son gouvernement de « positif », « honorable » et « rassurant » au regard d’une conjoncture difficile, il a également brossé un tableau sans aspérités pour les questions économiques. Il a ainsi affirmé que le Maroc a réussi à inverser la tendance négative de l’économie locale, avec une réduction du déficit budgétaire de près de deux points du PIB, le ramenant de 7,3% en 2012 à 5,5 % en 2013 et 4% prévus en 2014. Le déficit du compte courant de la balance des paiements a été également ramené de 9,7% en 2012 à 7,6% en 2013. Quant à la croissance économique, elle est passée au vert en 2013, passant de 2,7% en 2012 à 4,4% l’année dernière. Pour autant, sur le front social, il n’a pas encore répondu aux doléances des syndicats sur la réforme du régime des retraites et l’accès à la santé et la sécurité sociale. Encore moins satisfait à sa promesse électorale de juguler la corruption et lutter contre le chômage des jeunes, en particulier les diplômés-chômeurs. Bref, l’intervention mardi du chef du gouvernement, qui a reconstitué sa majorité en 2013 après le départ du parti de l’Istiqlal, est un message clair qu’il compte bien se maintenir en vie au delà de 2016.