Le nombre de prisonniers politiques et de personnes détenues de manière arbitraire au Maroc est en recrudescence, dit l’Association marocaine des droits de l’homme (AMDH) dans un rapport publié jeudi, pour atteindre un niveau jamais-vu depuis les années 1990.
Ce rapport, couvrant une période d’un an et demi entre janvier 2017 et juin 2018, répertorie de graves atteintes aux droits de l’homme, notamment dans la région du Rif – théâtre de grandes manifestations contre la pauvreté à la fin de 2016 et au début de 2017.
D’après le président de l’AMDH, 1.020 personnes sont emprisonnées ou jugées pour avoir pris part ou soutenu des manifestations non violentes à travers le pays.
« Le nombre de détenus politiques dépasse celui rapporté dans les années 1990 », a déclaré Ahmed El Haij lors d’une conférence de presse.
Aucun communiqué n’a été effectué par le gouvernement.
Des suites des manifestations du « printemps arabe » en 2011, le Maroc a adopté une nouvelle constitution promouvant la liberté d’expression et donnant certains prérogatives du roi Mohamed VI à un parlement élu.
Mais, selon l’AMDH, le gouvernement ne respecte pas le droit à la liberté d’expression et a procédé à une répression violente des manifestants, principalement dans le Rif.
Dans son document de 296 pages, l’association dit aussi que l’Etat peine à mettre en oeuvre des mesures pour réprimer la torture, contrairement à ses engagements internationaux.
Un tribunal de Casablanca a condamné en juin dernier 39 personnes, dont le chef de la contestation du Rif, Nasser Zefzafi, à des peines allant jusqu’à 20 ans de prison.
Le mouvement de contestation a éclaté après la mort d’un poissonnier, broyé à l’intérieur d’une benne à ordures où il tentait de récupérer des poissons qu’avait confisqués la police, en octobre 2016 à Al Hoceima, une ville du nord du royaume.