Cette brouille avait été provoquée par à la convocation devant un tribunal parisien du numéro 1 du contre- espionnage marocain, suite à une plainte pour torture. La France ne pouvait tourner le dos plus longtemps au Maroc, dont elle est le principal partenaire commercial et où opèrent près de 750 filiales d’entreprise françaises.
Dans un communiqué rendu public hier samedi, l’Elysée a annoncé que le président François Hollande recevra le 9 février 2015 le souverain marocain Mohammed VI. Cette visite est le signe d’un véritable réchauffement des relations entre le deux pays. Elle intervient après presque une année de brouille due à la convocation devant un tribunal parisien du numéro 1 du contre- espionnage marocain, Abdelatif Hammouchi, et ce, suite à une plainte pour torture.
La brouille franco-marocaine, pour rappel, avait été aggravée, au printemps 2014, par une note du ministère français des Affaires étrangères portant à 40 le nombre de pays, dont le Maroc, où les ressortissants français étaient invités à faire preuve de grande vigilance. Le ministre marocain de l’Intérieur, Mohamed Hassad, n’avait pas caché sa colère. « Nous avons été très surpris que le Maroc soit mis sur une liste de vigilance. Nous sommes mieux que plusieurs pays européens, y compris la France » sur le plan sécuritaire, avait-il déclaré.
Rétablissement de la coopération judiciaire bilatérale
La visite officielle de Mohamed 6 à Paris aura été précédée par le rétablissement de la coopération judiciaire entre le deux pays, suspendue par Rabat en février 2014 pour protester contre la convocation d’Abdelatif Hammouchi devant la justice française alors qu’il se trouvait en France, en voyage officiel.
En effet, le 31 janvier 2015, le ministre marocain de la Justice, Mustapha Ramid, et son homologue française, Christiane Taubira, ont signé une première réconciliation entre les deux pays en rétablissant cette coopération, en particulier l’échanges d’informations sur les mouvements djihadistes.
« Il peut y avoir parfois des incompréhensions, mais la force de l’Histoire, les liens d’amitié, ce bond permanent qui existe entre nos deux pays ont un rôle essentiel. (…) ce lien résiste à tout », avait déclaré le Premier ministre français Manuel Valls, au lendemain du rétablissement de la coopération judiciaire bilatérale.
Bon ménage entre l’économique et le sécuritaire
La France ne pouvait, en réalité, tourner le dos plus longtemps au Maroc, où elle a d’énormes intérêts économiques. Avec un flux d’investissements directs de plus de 900 millions d’euros annuellement (34% des IDE reçus par le Maroc en 2012), elle est le principal partenaire commercial du royaume, où opèrent près de 750 filiales d’entreprise françaises et où sont présentes 36 des entreprises du CAC 40.
Le Maroc est également la destination principale des investissements français en Afrique (5,6 milliards d’euros entre 2000 et 2011) et Paris est le premier donneur net d’aide publique au développement de ce pays.
Des experts estiment, par ailleurs, que le rétablissement de la coopération judiciaire entre Paris et Rabat a été surtout motivé, côté français, par la nécessité d’identifier les djihadistes franco-marocains présents dans l’Hexagone et ceux partis en Syrie et en Irak grossir les rangs de l’EI (Daech).
Dans un entretien à la radio RFI, l’historien français Pierre Vermeren estime que c’est autour de la notion de sécurité et de partage d’informations qu’il a pu y avoir « cette reprise de la coopération qui risque d’être consacrée par une rencontre entre le roi du Maroc et le président Hollande, puisque, de toute manière, c’est à ce niveau-là que les affaires bilatérales se règlent entre les deux pays ».