Noël fêté en islam aussi ? (opinion) - Maghreb Emergent

Noël fêté en islam aussi ? (opinion)

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L’islam admet que le christ est la manifestation du verbe divin et ne renie nullement sa résurrection. Ainsi y est-il admis être le dernier prophète à venir à la fin des temps.

 

  

Le 25 décembre de chaque année correspond au solstice d’hiver. Cette date a été retenue par les chrétiens pour fêter la Résurrection de leur prophète.

En présentant ici nos voeux aux chrétiens de Tunisie et d’ailleurs, nous souhaitons que s’associent à cette fête tous les croyants musulmans; car l’islam, en tant que sceau des Écritures saintes, croit bien au Christ et à sa résurrection, puisqu’il est considéré vivant par le Coran, ce qui n’est pas le cas, à titre d’exemple,  dans le judaïsme qu’on présente aujourd’hui à tort comme meilleur allié du christianisme.

Aussi, nous pensons que Noël doit être dignement fêté en islam aussi, et pour le moins en Tunisie en parfaite harmonie avec cette religion qui l’autorise bien si l’on en fait une lecture juste et non caricaturale.

Nous le dirons ci-après, saisissant l’occasion pour présenter succinctement aux musulmans qui ne la connaîtraient pas assez cette fête chrétienne majeure et d’autres.    

 

Noël, une fête pour les musulmans aussi

  

Commémorant la naissance de Jésus, Noël est une fête célébrée à une date qui a été fixée au IVe siècle par l’Église d’Occident. En effet, les Églises orientales  ou orthodoxes célèbrent Noël un peu plus tard, ne tenant pas compte de la réforme grégorienne du calendrier.

Si une telle date (le 25 décembre) a été retenue, c’est parce qu’elle est proche de la fête de Jean l’évangéliste, qui est, d’une part, le prophète qui annonce le Christ et dont la fête, d’autre part, célèbre la Lumière naissante venue transcender les anciens cultes solaires des religions antiques.

Or, Jean est bien cité dans le Coran qui l’honore. Par exemple, dans le verset 39 de la sourate n° 3 (La famille de ‘Imran). En voici la traduction par Denise Masson (à laquelle on se réfère dans toute la tribune) : «  Dieu t’annonce la bonne nouvelle de la naissance de Jean : celui-ci déclarera véridique un Verbe émanant de Dieu; un chef, un chaste, un Prophète parmi les justes. »

Par ailleurs, contrairement au judaïsme intégriste qui continue à colporter des faussetés sur le Christ, ne le reconnaissant même pas en tant que prophète de Dieu, l’islam l’admet bien en tant que verbe divin et ne renie nullement sa résurrection. Ainsi y est-il admis être le dernier prophète à venir à la fin des temps.

L’islam confirme également le dogme de la maternité virginale de la mère de Jésus. La virginité de Maris se retrouve dans le Livre d’Ésaïe :« Le Seigneur vous donnera lui-même un signe : voici que la jeune femme est enceinte et enfante un fils, et elle lui donnera le nom d’Emmanuel » (chapitre 7, 14). Il est à noter à ce sujet que le terme hébreu employé (Almah) signifie aussi bien jeune vierge que jeune femme et c’est l’évangéliste Matthieu qui a vu dans cette prophétie d’Isaïe l’annonce de la naissance miraculeuse et virginale de Jésus. Il est à  noter aussi que si la Vierge Marie fait partie des apôtres (Actes des apôtres, 1, 14), le Nouveau Testament reste silencieux sur sa vie après la disparition de Jésus. Or, le Coran lui consacre une sourate portant son nom (sourate n°19).   

Par ailleurs, sur le miracle de la conception virginale, mystère essentiel du christianisme, le Coran est bien clair, l’admettant sans réserve. On trouve à ce sujet, entre autres versets, les suivants dans la sourate La Famille de ‘Imran : « ô Marie ! Dieu t’a choisie, en vérité; il t’a purifiée; il t’a choisie de préférence à toutes les femmes de l’univers » (III. 42) — « ô Marie ! Dieu t’annonce la bonne nouvelle d’un Verbe émanant de lui : Son nom est : le Messie, Jésus, fils de Marie; illustre en ce monde et dans la vie future » (III. 45).

S’agissant du Christ, et on vient de le voir dans la citation précédente, le Coran l’appelle aussi bien par son nom que par son appellation consacrée dans le Nouveau Testament et uniquement appliquée à lui : Christ, ou Messie, soit al masih. Ce vocable revient onze fois dans le Coran en tant que nom propre de Jésus.

Le terme est dérivé de l’hébreu mésiha signifiant celui qui est essuyé, frotté, et donc oint, ayant donc reçu l’onction, qui est consacré par Dieu. Il a pour équivalent en grec le mot christ qui est cité souvent dans le Nouveau Testament et uniquement appliqué à Jésus. 

Et le Coran consacre de même la notion d’Esprit saint, disant du Jésus-Christ dans la sourate La Vache : « Nous avons accordé des preuves incontestables à Jésus, fils de Maris et nous l’avons fortifié par l’Esprit de sainteté» (II. 87) —  « Nous avons donné à Jésus, fils de Maris, des preuves évidentes. Nous l’avons fortifié par l’Esprit de sainteté » (II. 253).

Sur la survivance de Jésus, le Coran est également bien net et en parle nombre de fois, comme, par exemple dans la sourate La Famille de ‘Iman, verset 55 où nous lisons : « Ô Jésus ! Je vais, en vérité, te rappeler à moi; t’enlever vers moi; te délivrer des incrédules » (III. 55)    

En ce qui concerne les chrétiens, le Coran dit du bien des chrétiens, contrairement aux juifs, parfois sinon souvent critiqués sévèrement. Doit-on préciser ici que cela se fait selon la diatribe antique, moins pour blesser que pour faire mal moralement et réveiller la conscience assoupie?

Voici ce que Dieu dit des chrétiens  dans les sourates La Table servie (n° 5) et Le Fer (n° 57) : « Tu constateras que les hommes les plus proches des croyants par l’amitié sont ceux qui disent : “Oui, nous sommes chrétiens!” parce qu’on trouve parmi eux des prêtres et des moines qui ne s’enflent pas d’orgueil» (V. 82) — « Nous lui avons donné l’Évangile. Nous avons établi dans les coeurs de ceux qui le suivent la mansuétude, la compassion et la vie monastique qu’ils ont instaurée — nous ne la leur avions pas prescrite — uniquement poussés par la recherche de la satisfaction de Dieu» (LVII. 27) 

Célébré même dans les pays laïcs, Noël est aujourd’hui une fête populaire et familiale. C’est ce que personnalisent les représentations du divin enfant de la crèche ou le père Noël, rappelant les rois mages, et aussi le sapin illuminé dont l’origine serait attestée dans les religions celtes. Verra-t-on cela demain en Tunisie, comme ailleurs dans les pays arabes chrétiens?

Pourquoi s’en offusquer en terre d’islam, foi œcuménique qui honore comme on l’a vu Jésus et sa foi ? Et comment refuser que cela le soit quand on revendique le droit pour les musulmans de célébrer dignement  leurs fêtes religieuses en terre occidentale chrétienne ?

Fêtera-t-on Noël , pour le moins, en une Tunisie qui confirmera alors sa vocation de terre d’islam authentique, étant le pays de la tolérance et de la foi œcuménique par excellence ?

     

Noël et les fêtes chrétiennes majeures

 

On l’a dit supra, Noël correspond au solstice d’hiver, proche de la fête de Jean, à l’honneur de la lumière naissante venue transcender les cultes solaires des religions antiques. En effet, le soleil symbolise et manifeste la gloire de Dieu dans la Bible; on le voit, par exemple, avec le buisson ardent, le buisson jouant un rôle important dans l’Ancien Testament. D’ailleurs Dieu y est appelé Celui qui demeure dans le buisson (Deutéronome 33, 16).

Dans le Nouveau Testament, le soleil est considéré comme n’étant guère plus utile au temps du Messie, car le « Seigneur sera pour toi la lumière de toujours, C’est ton Dieu qui sera ta splendeur » comme il est dit dans Ésaïe (60, 19). On retrouve au reste le même thème dans l’Apocalypse dans les chapitres 21, 23 affirmant que la nouvelle Jérusalem n’a besoin ni du soleil ni de la lune pour l’éclaire, car la gloire de Dieu l’illumine.

Et le flambeau de Dieu, c’est l’Agneau. Celui-ci, dans l’Ancien Testament, est l’animal du sacrifice par excellence. Ce que nous retrouvons dans la fête de l’aïd-al-Adha que nous avons dit être une influence judéo-chrétienne, car il n’est de rite du sacrifie en islam que dans le cadre du pèlerinage.*

Ainsi, au moment de la fête de Pâque, la fête juive, on offrait « un agneau sans défaut, mâle et âgé d’un an » tel qu’il est dit dans Exode 12. Par ailleurs, il est précisé dans Nombres 28 que deux agneaux également sans défaut étaient offerts l’un au matin, l’autre au crépuscule du sacrifice quotidien.

Dans la christianisme, l’agneau illustre le Christ que l’Évangile de Jean appelle Agnus Dei (Agneau de Dieu); il représente l’innocence du juste condamné à la place des coupables, l’un et l’autre étant sacrifiés pendant le temps de la Pâque qui s’écrit au pluriel dans le christianisme : Pâques.   

Nous lisons dans Jean 1, 29 : « Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ». D’ailleurs, dans l’Apocalypse, chapitre 21, l’agneau siège à côté du trône de Dieu près duquel se tiennent les« douze apôtres de l’agneau ». Cet agneau est doté de sept cornes et de sept yeux qui sont les sept esprits que Dieu a envoyés sur toute la terre.(Apocalypse 5). C’est lui qui ouvre les sept sceaux qui ferment le livre et débute alors la fin du monde (Apocalypse 6 et 8). Or, comme l’islam est le sceau des Écritures, serait-il l’un de ces sceaux ou l’ultime sceau ?

On voit bien à quel point il est des similitudes entre la catholicisme et l’islam, de quoi rapprocher les musulmans et les chrétiens au lieu de les séparer.  Or, comme avec l’affaire de la ville de Jérusalem, on s’étonne que les musulmans laissent les juifs israéliens se présenter en meilleurs alliés des chrétiens dont le prophète a été renié par leurs ancêtres. De même, les musulmans ont le gros tort de ne pas rappeler leur complicité avec les juifs persécutés par les chrétiens durant la Shoah lorsqu’ils n’ont eu de secours que chez les musulmans.

Rappelons ici que la pâque juive, dérivant du grec pasha, mot tiré lui-même de l’hébreu pesach voulant dire passage, est l’une des plus importantes fêtes du judaïsme commémorant, à la fois, le sacrifice de l’agneau pascal et la fête des pains azymes ou pain sans levain auxquels sont associés, depuis le Moyen Âge, le passage de l’ange exterminateur et la sortie d’Égypte sous la conduite de Moïse (Exode, chapitre 12).

Dans le christianisme, Pâques est la grande fête célébrée en mémoire de la résurrection du Christ. Si, à l’origine, elle coïncidait avec la Pâque juive, le sacrifice de l’agneau pascal symbolisant celui du Christ, sa date fut fixée en l’an 325 par le Concile de Nicée au dimanche; puis au dernier dimanche suivant la première pleine lune après l’équinoxe de printemps suivant le comput ecclésiastique, et ce au VIe siècle par Denys le Petit.

C’est de cette date que découlent les fêtes de l’Ascension et de la Pentecôte, cette dernière tombant cinquante jours après Pâques. Mais cela ne concerne pas l’Église orthodoxe qui a conservé l’ancien calendrier julien, ce qui place la fête de Pâques treize jours après celle de l’Église romaine.

Quant à l’Ascension, le mot désigne, dans l’Ancien Testament, la disparition de deux personnages bibliques : Hénoch, que Dieu élève de la terre à l’âge de 365 ans (Genèse, 24); le second est le prophète Élie qui monte au ciel dans un char de feu (2 Rois 2, 11). L’un ou l’autre, ou même les deux, serait Le Khidr de l’islam. À noter que certains, faisant usage de la Légende dorée y ajoutent le départ au ciel de deux apôtres : Jean et André, emportés chacun dans un nuage de lumière.        

Dans le Nouveau Testament, l’ascension désigne le départ du christ vers le ciel en présence des disciples (Marc 16, Luc 24, Actes des Apôtres 1). Absent chez les évangélistes Jean et Matthieu, cet événement se produisit sur le mont des Oliviers, près de Béthanie. Toujours fêtée un jeudi, l’Ascension se produit quarante jours après la résurrection que fête le dimanche de Pâques. Selon les Actes et les Évangiles, elle annonce le retour du Christ sur la terre.

La Pentecôte, du grec pentékostê, signifie le cinquantième jour. Fête dans le judaïsme et le christianisme, elle est, dans la première religion, destinée à commémorer la remise des Tables de la Loi à Moïse qui se fit quarante-neuf jours après la Pâque. On en trouve trace en islam où le personnage du Christ est quasi présent, cité un nombre incalculable de fois.

Fête majeure dans le Christianisme et qui fixe la date de la formation de l’Église, la Pentecôte célèbre cinquante jours après Pâques le moment où l’Esprit saint est descendu sur la tête des apôtres comme des langues de feu, dix jours après l’ascension du Christ, (Actes des Apôtres, 2).  

On voit à quel point les adeptes des trois religions monothéistes sont si proches. N’est-il donc pas temps de rétablir la vérité, d’en finir avec les mensonges et d’œuvrer pour la paix entre les religions monothéistes et leurs descendants aujourd’hui ennemis mortels ?**

Et si cela commençait par se faire, du côté arabe et musulman, par la décision de fêter désormais Noël en terre d’islam comme cela se fait d’ailleurs à Jérusalem et chez les pays à forte minorité chrétienne ? L’islam ne commande-t-il pas de donner l’exemple ?

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