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Nouveau dérapage au CPP, où l’on a fait l’éloge d’un ministre algérien (audio)

Par Maghreb Émergent
mars 6, 2015
Nouveau dérapage au CPP, où l’on a fait l’éloge d’un ministre algérien (audio)
Algérie CPP Radio M

 

L’accord inter-malien, un coup de maître de la diplomatie algérienne? Peut-être. En attendant, le CPP se demande si un chef de région militaire peut être en même temps un spécialiste du gaz de schiste.

Grave question posée au CPP du jeudi 5 mars. En se rendant auprès des manifestants d’In-Salah qui contestent l’exploitation du gaz de schiste, le général-major Amar Athamnia, commandant de la 6ème région militaire, l’a-t-il fait en tant qu’émissaire du gouvernement ou en tant qu’émissaire de l’armée, s’est demandé Khaled Drareni au Café Presse Politique de Radio M. A-t-il eu l’aval du gouvernement pour prendre cette initiative? Dans l’incapacité de répondre, Abed Charef a préféré botter en touche, émettant une autre hypothèse : ne serait-ce pas plutôt le gouvernement qui demanderait une autorisation quand un de ses membres se rend à In Salah ? Encore faudrait-il que l’Algérie possède des ministres et des hommes politiques suffisamment crédibles pour se rendre à In Salah affronter les protestataires. Si c’était le cas, on n’en serait pas arrivé à cette situation où « l’armée prend en charge le dossier », selon la formule de Khaled Drareni.

La fameuse rencontre du général Athamnia avec les militants anti-gaz de schiste a d’ailleurs créé une polémique au CPP. El Kadi Ihsane a estimé que le ministère de la défense a été contraint de « recadrer » le chef de la 6ème région militaire, ce dernier ayant « dit plus que ce qu’il était autorisé à dire ». Saïd Djaafar a de son côté estimé qu’il serait erroné de dire que le général Athamnia était « dans un conflit avec les forces de sécurité ».

Une question de sécurité nationale

A l’inverse, Abed Charef a lui aussi estimé que « le chef de région militaire ne peut dire à des manifestants qu’il va sanctionner des gendarmes ». Mais le plus grave, pour lui, c’est que cette visite du général Athamnia confirme qu’il « n’y a plus d’institution crédible », et que « l’armée considère désormais que In Salah est devenue une question de sécurité nationale ».

Comment en sortir ? demande Souhila Benali. L’armée a-t-elle une issue ? L’armée n’a rien à voir avec le gaz de schiste, affirme Abed Charef. Saïd Djaafar note que « des mesures de bons sens peuvent paraitre comme un échec ». Pour lui, « le système algérien est organisé d’une manière telle que tout recul est vu comme un échec, voire comme une menace d’effondrement du système ».

El Kadi Ihsane plaide pour le moratoire. « Il y a une bonne décision à prendre, c’est le moratoire », dit-il, d’autant plus « qu’un pas a été fait en ce sens », lorsque le président Bouteflika a dit que le travail de prospection prendra fin quand les puits en cours seront achevés. Il impute la situation actuelle au ministre e l’Energie Youcef Yousfi. Celui-ci a dit que la consommation interne sera de 75 milliards de m3 en 2030, et il a « décidé seul que ce sera réalisé par le gaz de schiste ». Pour Abed Charef, cela relève d’un « choix honteux, qu’on n’assume pas ». Un moratoire « passerait pour un coup mortel pour le 4ème mandat. Le gouvernement ne peut pas prononcer le mot moratoire ». Quant à l’idée de le faire voter par l’APN, il considère que « ce serait une révolution ».

Premier pas au Mali

Leïla Beratto, qui suit le dossier malien depuis la crise de 2012, a présenté les accords paraphés à Alger, avec leurs volets politique, institutionnel et sécuritaire. Elle a rappelé que l’accord n’a pas encore été signé, seulement paraphé, qu’il « n’est pas très différents des accords précédents », et que tout dépend, en fait « de la capacité de la communauté internationale à accompagner l’application de l’accord ». Elle a rappelé que la coordination des mouvements Azawad, qui représente « l’essentiel de la rébellion, 50% des mouvements armés qui ont lancé la guerre de 2012 », n’a pas paraphé l’accord.

El Kadi Ihsane, qui se trouvait à Bamako la veille de l’annonce de cet accord, s’est dit « extrêmement réservé », et préfère « attendre la phase d’application » de l’accord. Abed Charef relève que la solution préconisée prône les mêmes schémas que les accords précédents, qui ont mené à l’impasse, et se demande que seront « les mécanismes mis en place pour garantir l’application des accords ». Il relève toutefois que l’Algérie a bien manœuvré en impliquant la France et les Etats-Unis.

Il diverge avec Leïla Beratto. Il affirme qu’un succès de l’accord malien ouvre la voie à un règlement de la crise libyenne, car il montrerait la supériorité d’une solution politique sur les autres formules. A l’inverse, Leïla Beratto estime que la communauté internationale se préoccupe d’abord de la Libye, et que c’est de là que viendra la solution au Mali.

Etre meilleur que Medelci, est-ce un compliment ?

Est-ce un succès de la diplomatie algérienne ? El Kadi Ihsane tempère. En 2012, rappelle-t-il, diplomatie et DRS ont fait « une lecture erronée » de la situation, ce qui a débouché sur la déstabilisation du Mali, l’apparition d’Ançar Eddine, du MUJAO et de la crise des otages. Pour lui, ce qui se passe est « un rétablissement ». « Il reste du chemin à faire, il faut rester humble », dit-il.

Et le rôle du ministre des affaires étrangères, Ramtane Lamamra, insiste Souhila Benali. « Il a changé la manière d’approcher les dossiers africains, estime Saïd Djaafar, ajoutant qu’il « fait mieux que Medelci », son prédécesseur. « Ce n’est pas un compliment », répond Abed Charef. « Avant, il n’y avait pas de politique étrangère et pas d’appareil diplomatique. Aujourd’hui, des mécanismes diplomatiques se remettent en place, mais le pays attend toujours l’émergence d’une politique étrangère. Mais on est tellement en déficit qu’on se contente de peu ». C’est finalement Leïla Beratto qui fait l’éloge de M. Lamamra. « Une chose est certaine, tous les participants aux négociations sur le Mali ont dit que Ramtane Lamamra a fait un excellent travail », souligne-t-elle. Ils ont loué « sa capacité à mener les négociations », reconnaissant qu’il a « créé le dialogue et la discussion ».

 

 

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