Pour lui, ce sont les professionnels qui doivent acheter et vendre en créant la volatilité et la valeur des transactions et qui font que le public, dans une deuxième étape, y prend goût et s’y intéresse ».
M. Omar Berkouk, qui était hier l’invité de Radio M, a des idées précises sur l’animation de la Bourse d’Alger .Pour cet expert financier, qui partage son temps entre ses activités de consultant en France et en Algérie, l’introduction annoncée de plusieurs nouvelles entreprises, à l’image de Mobilis, d’Ooredoo, ou du CPA, est une « bonne chose » mais certainement pas une condition suffisante pour permettre le décollage effectif du marché financier algérien .
« 70.000 dollars deux fois par semaine ».
Le bilan qu’il dresse de la situation de la Bourse d’Alger est largement partagé : un nombre de titres très réduit, des volumes de transaction extrêmement faibles, qu’il évalue au niveau insignifiant de « 70.000 dollars deux fois par semaine », et une valeur des titres cotés presque complètement stable.
A l’origine de cette léthargie, Omar Berkouk pointe clairement, dans l’ordre, la responsabilité des autorités financières algériennes et celle des intermédiaires en opérations de Bourse( IOB), créés au cours des dernières années par les banques publiques sur injonction de la tutelle. Ses activités de consultant auprès d’une société privée cotée à la Bourse d’Alger l’ont conduit à formuler des propositions qui ont été soumises à la fois aux responsables de la COSOB et à ceux de la SGBV : « Depuis que je regarde le titre Alliance Assurance, j’ai suggéré aux autorités financières que les six IOB publics soient dotés d’un compte propre pour animer le marché. Ce sont les institutionnels qui doivent amorcer la pompe . Ce sont les professionnels qui doivent acheter et vendre en créant la volatilité et la valeur des transactions et qui font que le public, dans une deuxième étape, y prend goût et s’y intéresse ».
Les IOB pour amorcer la pompe
Les propositions d’Omar Berkouk sont tout à fait précises .Elles consistent pour les IOB publics à « mettre 200 millions de dinars chacun et à assurer un market making tournant dans la semaine ». Au total donc un investissement de départ de 1,2 milliard de dinars qui, pour lui, constitue un effort financier tout à fait supportable pour des banques publiques qui disposent aujourd’hui de ressources considérables .
Omar Berkouk assure que « cette démarche a fait ses preuves sur beaucoup de places financières et que c’est en particulier celle qui a été adoptée dans les années 1980 pour dynamiser le marché financier français ».
Des propositions qui, pour l’instant se sont heurtées à une fin de non-recevoir. « Les autorités financières algériennes, à leur tête la COSOB, affirment défendre un principe de commercialité et soutiennent le point de vue que le marché doit être tiré par les corporate events, par la communication des entreprises cotées elles-mêmes ». Un manque flagrant de « volonté politique » pour l’expert financier, qui affirme qu’il s’agit d’une « démarche valable pour les marchés matures mais inappropriée pour le marché algérien » Pour la Bourse d’Alger, il en est convaincu, c’est un cocktail de volontarisme et de formation des ressources humaines qui est la clé du décollage du marché financier algérien.