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Portrait de Vincenzo Nesci, Président Exécutif de Djezzy : « Un humaniste… sans illusions »

Par Yazid Ferhat
janvier 30, 2016
Portrait de Vincenzo Nesci, Président Exécutif de Djezzy : « Un humaniste… sans illusions »

Lors de l’émission « El Wadjh El Akhar », présentée sur Ennahar TV par Nassima Chabane, auteur compositeur interprète de musique Andalouse, le Président Exécutif, Vincenzo Nesci, est apparu sur un autre jour. Ci-après les grands moments de l’entretien.

 

Vincenzo Nesci, le Président Exécutif, s’est livré au charme de Nassima Chabane. Il n’a éludé aucune question sur son parcours personnel et professionnel depuis son Italie d’enfance, à son pays préféré, l’Ethiopie, où il irait volontiers s’exiler, en passant par des louanges sur la femme de sa vie.

Né dans « une petite ville du sud de l’Italie continentale », qui s’appelle « Reggio Calabria », Vincenzo se défini comme un enfant « gâté », mais qui a reçu une « éducation très stricte », en particulier de sa maman. Il évolue dans un milieu bilingue italien et français. Il a très tôt la « passion pour la lecture ». Il se cachait de sa mère, une napolitaine, pour pouvoir « lire très tard dans la nuit ». Une « passion qui continue aujourd’hui ».

Son papa était « un officier de la marine ». La « mer fait partie de ses gènes ». Dès l’âge de 15 ans il quitte sa famille pour aller « faire des études dans une école navale à Venise ». Il continue ses études dans une « grande école de commerce à Milan » où il commence une carrière universitaire. Il a rédigé une thèse sur le « système bancaire au Maroc ». C’est au Maroc, où il effectue ses recherches pour les besoins de sa thèse, qu’il est « piqué par le virus des pays du sud de la Méditerranée ».

Après son service militaire en Ethiopie, il entame une carrière d’enseignant à l’Université. Ne « voulant pas avoir une vision théorique de l’entreprise », il cesse d’enseigner et embarque avec le groupe General Electric pour un poste en Libye où il dirigea « pendant deux ans » la « filiale installation » de GE. Mais c’est au Nigeria qu’on lui propose de « changer de cap » pour aller dans les télécoms. Sa « curiosité » lui facilite l’adaptation aux arcanes de ce nouveau secteur.

 

La connaissance des autres

 

Considère-t-il son parcours comme « un modèle de réussite » ? « Ce que je peux dire, c’est que contrairement aux plans de mes parents qui avaient probablement pour moi des projets complètement différents comme la diplomatie ou le notariat, j’ai pris mes valises à 15 ans… » Et depuis, il dit n’avoir « jamais arrêté de bouger ». « Dans toutes ces années de voyages et de travail dans des cultures différentes, et dans des contextes parfois difficiles voire dangereux, j’ai apprécié la vie et la connaissance des autres. »

Nesci ne croit pas à un monde parfait « d’amour total ». « Mais je crois que nous devons agir pour améliorer notre monde ». Mais il a trouvé ce monde parfait chez sa femme. « Excellente cuisinière, et ça se voit sur moi », elle « a quitté » son travail pour le suivre. « Elle est avec moi à Alger où elle est parfaitement insérée dans le contexte social ».

S’il lui était donné de choisir de vivre dans un endroit particulier du monde, il opterait pour l’Ethiopie qu’il a connue très jeune lors de son service militaire. « C’est un pays d’une très grande tradition, qui a 7000 ans d’histoire. C’est le berceau de l’humanité. C’est un pays qui a beaucoup souffert, mais qui est entrain de démontrer qu’il a la force de s’en sortir ».

Il y transfèrerait sa bibliothèque et « si possible, ma musique ». « Passionné d’histoire », il lit aussi beaucoup de « littérature moderne » essentiellement « en français ». « Je suis convaincu que si les gens lisaient l’histoire, on ferait beaucoup moins d’erreurs en politique et dans la vie de tous les jours ». Parmi les auteurs Algériens, il cite l’auteure de « Une éducation algérienne », Wassila Tamzali, « devenue une amie », mais aussi Maïssa Bey, Kateb Yacine, Yasmina Khadra, et Boualem Sansal, dont il a « beaucoup aimé le village de l’Allemand ».

 

Donner du sens à la vie

 

Ce qui « donne du sens » à sa vie c’est « d’accepter des défis et de pouvoir tout faire pour les gagner ». « Et si je n’ai pas de problèmes à résoudre, je m’ennuierais mortellement ». C’est, d’ailleurs, avec un défi qu’il a commencé son parcours en Algérie, en juillet 2012, en plein « contentieux entre les actionnaires de Djezzy et le gouvernement Algérien ». « Je suis venu ici en acceptant le défi de chercher à résoudre » ce contentieux. « On a négocié toujours de façon très correcte, et on est arrivé à une solution. Ça a pris des années, mais aujourd’hui la société appartient à 51% au FNI. Nous sommes donc une entreprise publique économique à laquelle nous apportons l’expérience internationale d’un grand groupe comme Vimpelcom. Vu la dimension de ce partenariat public-privé, c’est un exemple unique. Et nous sommes tous engagés, actionnaires publics, privés et tous mes collègues, à démontrer que, quoi qu’en disent les critiques, un partenariat public-privé peut réussir. »

En Algérie, Nesci affirme être « entouré de gens de très haut niveau ». « Ça pouvait être mes adversaires, de l’autre côté de la table des négociations, même si « adversaire » n’est pas le mot qui convient ici, car il y avait une confrontation qui s’est transformée, en janvier 2015, en partenariat très efficace ».

De ce qu’il « aime » en Algérie, il dit apprécier la « baie d’Alger qui est unique », mais aussi Oran, une « ville que j’aime beaucoup », surtout « quand vous observez la ville du haut de Santa-Cruz ». « Je connais moins Constantine, mais je ne suis pas un homme des montagnes ».

A la fin de l’entrevue, qui a duré 30 minutes, le Président Exécutif de Djezzy a été soumis au « questionnaire de Proust, revu et corrigé » par Mme Nassima Chabane. A l’une de ces questions sur le « comble du malheur », il répond : « C’est de ne plus être capable d’être optimiste ». Et c’est justement ce message qu’il a tenu à livrer à la jeunesse algérienne. « Je pense que nous avons un projet commun, nous en tant qu’entreprise et vous en tant que jeunesse. Vous avez la chance de pouvoir contribuer à la construction de votre pays. Soyez entreprenants. Lancez-vous dans une série d’initiatives. Le pays est entrain de faire un effort pour changer ses structures économiques. Vous pouvez être les acteurs de ce changement. Un défi que vous pouvez gagner. C’est à dire contribuer à l’Algérie de demain, à laquelle nous contribuons aussi en tant qu’entreprise. Nous avons besoin de vous. Nous avons besoins de jeunes entrepreneurs qui viennent nous proposer des choses intelligentes que nous pouvons transformer en succès ». 

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