Distorsions de la concurrence, guerre des prix et exclusion du partenariat, le PDG d’Alliance Assurance, Hassan Khelifati, qui était mercredi l’invité de Radio M, s’est élevé contre la marginalisation qui freine le développement des compagnies d’assurance privées. Une marginalisation à laquelle participent certaines grandes entreprises privées.
« Nous continuons d’assister, affirme M. Khelifati, à une élimination des compagnies privées des grands marchés de commandes publiques au moyen de procédés qui contreviennent aux lois en vigueur. Je peux citer à titre d’exemple des appels d’offre qui réclament 25 années d’activité et 4 milliards de dinars de capital social pour les compagnies soumissionnaires ». Le PDG d’Alliance Assurances mentionne également le projet en cours d’agrandissement de l’aéroport d’Alger pour lequel « les compagnies privées ont appris, au moment du retrait du cahier des charges, que le marché était déjà attribué officieusement à une compagnie publique ». Une démarche de « marginalisation du secteur privé » à laquelle participe également d’ailleurs « certaines grandes entreprises privées qui se présentent en chantre de la libéralisation de l’économie et qui préfèrent continuer à travailler avec les compagnies publiques ».
Des primes « presque gratuites » dans le transport maritime
Selon Hassan Khelifati, qui est également vice président de l’Union des Assureurs algériens (UAR), cette « concurrence déloyale » se déroule, sur une toile de fond de guerre des prix qui pénalise l’ensemble du secteur « y compris dans le domaine de l’investissement, ou le niveau de prime proposé par les concurrents donne quelquefois envie de fuir et ne peut que retarder la consolidation des acteurs et le développement du secteur ». Dans un contexte de la réduction très sensible du chiffre d’affaire de la branche IARD et de dégringolade des assurances de transport maritime, dont la production a baissé de plus de 18% au cours des 3 premiers mois de l’année, le PDG d’Alliance pointe particulièrement le « niveau de primes pratiquées dans le transport maritime qui est complètement dérisoire, elles sont presque gratuites et peuvent même constituer un danger pour le réassureur national en cas de sinistre important ».
Le partenariat réservé aux compagnies publiques
Pour Hassan Khelifati, la marginalisation des compagnies d’assurance privées se manifeste également par leur mise à l’écart, de fait, des accords de partenariats internationaux conclus au cours des dernières années. La totalité des accords de partenariats signés dans le secteur des assurances dans le cadre de la règle du 51/49 ont en effet une caractéristique commune. Ils associent toujours un investisseur étranger à …une entreprise publique algérienne. C’était en particulier le cas pour le premier accord signé dès 2008 entre la CNEP et le français Cardif ou encore avec les attelages constitués en 2010 et 2011 entre AXA et la BEA dans le domaine de la bancassurance et celui qui associe la Macif à la SAA dans les assurances de personnes. Une situation qui pour l’instant laisse entier le problème de la création d’une dynamique plus large qui associerait le secteur privé national et s’attaquerait résolument au frein que constitue pour beaucoup d’investisseurs étrangers le cadre réglementaire actuel. « Comment voulez vous, souligne Hassan Khelifati, qu’un partenaire étranger soit intéressé par une alliance avec un compagnie privée dés lors que la bancassurance est fermée, que les grands marchés publics vont automatiquement aux compagnies publiques, et qu’une grande partie des entreprises privées vont également vers ces mêmes compagnies publiques ? Il ne nous reste plus que le marché des PME et la branche auto où continue de régner la guerre des prix ».