Ce que propose le Think-Tank NABNI n’est pas une dépréciation brusque, ce qui affectera d’une manière directe les finances du pays. Par contre, il plaide pour un « glissement progressif et régulier ».
« Le meilleur moyen de réduire les importations est de dévaluer le dinar », a suggéré le Think Tank NABNI dans sa dernière contribution Plan d’Urgence 2018 pour éviter le choc contre l’iceberg. « Car un dinar maintenu artificiellement fort est purement et simplement une subvention aux importations », estime le Collectif Nabni.
Cette question de la dépréciation de la monnaie nation a déjà fait objet d’un long débat national et les analyses diffèrent d’un expert à un autre. Selon la contribution de NABNI, « la Banque d’Algérie doit continuer dans cette direction pour progressivement arriver à une valeur d’équilibre qui corresponde à la nouvelle situation du prix du baril. L’écart entre le cours officiel et le cours parallèle du dinar témoigne de l’incongruité de la politique de taux de change. Par ailleurs, en sus de doper les importations, un dinar surévalué par rapport aux taux du marché parallèle incite à la fraude et au trafic ». La dévaluation a été entamée par la Banque d’Algérie depuis 2014, mais dans son fonctionnement cela a compliqué la vie des exportateurs et a permis aux importateurs de tirer leurs bénéfices en surfacturant les importations. Le phénomène n’est pas aussi marginal, car « il caractérise le fonctionnement de l’économie du pays ».
Cette procédure entamée par la Banque d’Algérie juste après le contre-choc pétrolier en 2014 n’était pas bien accueillie par tout le monde. Durant tout ce temps, la BA a s’est justifiée par « la volonté de l’Etat à encourager les exportations ». L’ancien gouverneur de la Banque d’Algérie, Baderddine Nouioua, a jugé, dans une interview accordée à TSA, que « la Banque d’Algérie a contribué bêtement à déprécier le dinar ». Pourquoi ce jugement de la part de l’homme qui plaide toujours « à la convertibilité du dinar » ? Selon M. Nouioua « quand on déprécie une monnaie, c’est pour encourager les exportations et attirer les capitaux étrangers », alors que « nous n’avons rien à vendre à l’étranger en dehors du pétrole et du gaz ».
Quel effet sur le Trésor public ?
Ce que propose NABNI n’est pas une dépréciation brusque, ce qui affectera d’une manière directe les finances du pays. Par contre, il plaide pour un « glissement progressif et régulier », et sans ignorer les effets négatifs sur le plan social, car « la dévaluation engendre un certain nombre de problèmes, notamment sociaux. L’Algérie importe une fraction importante des produits de base (comme les produits alimentaires). A salaires constants, une dévaluation a un effet mécanique de réduction du pouvoir d’achat des algériens, notamment les couches sociales les plus défavorisées. D’où l’urgence et de lancer un programme ambitieux de transferts sociaux ».
Pour ce qui est de l’effet sur le Trésor public, NABNI considère que cette solution va engendrer « des profits exceptionnels pour la Banque d’Algérie, qui sont ensuite transférés au Trésor sous forme de dividendes ». Comment cela est possible ? « La contrepartie en DA de nos réserves en devises augmente à mesure que le DA est dévalué, entrainant à chaque fois de la création monétaire mais sous forme de profits exceptionnels de la BA. Cela permet ainsi une sorte de financement monétaire du déficit budgétaire par la BA, sans contrepartie d’endettement » a expliqué NABNI dans son plan d’urgence.
Il rappelle enfin que « la Banque d’Algérie a déjà engrangé ces bénéfices au cours des dernières années en vendant ses devises aux importateurs à des taux de change bien supérieurs à ceux auxquels elle les a achetées à la Sonatrach (essentiellement). Ce flux de profits vers le Trésor se poursuivra tant que le dinar continue à se dévaluer (et que nous aurons des réserves de change suffisamment élevées…) ».