Après le revirement du département d’Etat américain sur la responsabilité égypto-émiratie dans le mystérieux bombardement aérien d’un stock d’armes à Tripoli, la piste algérienne refait subitement surface.
Pour Akram Kharief, journaliste et animateur du blog Secret Difa3, spécialisé dans les questions de défense et de géostratégie, de nombreux indicateurs laissent penser que l’armée de l’air algérienne a mené l’opération, avec l’aval des puissances occidentales, même s’il prend la précaution d’être affirmatif sur cette hypothèse. Le spécialiste algérien des questions de défense estime que l’Algérie est le seul pays – à coté des puissances occidentales impliquées dans le chaos libyen – à être doté pour mener une attaque chirurgicale, de nuit et à une distance de près de 600 km de ses bases aériennes situées à l’est du pays. « La bombe utilisée fait partie de l’arsenal algérien et Alger a dû recevoir des informations sur la prise de contrôle de cet important dépôt d’armement par les milices islamistes libyennes, ce qui représente un danger pour la sécurité nationale, » a confié Akram Kharief à Maghreb Emergent. Pour lui, les puissances occidentales auraient laissé faire car elles partagent les mêmes inquiétudes que les algériens, sur les dangers de la prise de contrôle d’un stock d’armement stratégique par des groupes extrémistes.
Volte-face américaine
La diplomatie américaine a fini par faire marche-arrière sur le mystérieux bombardement par des avions non identifiés, imputé dans un premier temps, à des chasseurs et des ravitailleurs émiratis, qui auraient décollé d’une base égyptienne située, près des frontières avec la Libye. L’attaque aérienne menée le lundi 18 août à 2h du matin, avait détruit des cibles au sud et à l’est de la capitale Tripoli, qui n’avait pas connu pareilles intrusions aériennes depuis la chute du régime de Mouamar el Guedafi. Le mystère avait vite enflé, les avions n’ayant pu être identifiés, aussi bien par les libyens que les puissances occidentales.
Les Etats-Unis, la France et la Grande Bretagne, avaient immédiatement démenti toute implication dans l’attaque. L’Algérie leur avait emboité le pas, mettant en avant sa doctrine de non-intervention militaire en dehors de ses frontières. Une doctrine mise à mal par des informations insistantes, sur des opérations militaires « préventives », qui auraient été menées par l’ANP en territoire libyen contre des groupes djihadistes de plus en plus menaçants.