Ce jeudi à l’hôtel El Aurassi était la dernière escale de la campagne électorale d’Ali Haddad, seul candidat pour la présidence du Forum des chefs d’entreprises (FCE). Une soirée méchoui où une dizaine de ministres ont répondu à l’invitation du magnat des BTP.
Il y avait parmi les invités des ministres. Ceux qui gèrent ou non des secteurs en rapport avec les activités du groupe ETRHB comme Amar Ghoul (Transports), Abdeslam Bouchouareb (Industrie), Mohamed Djellab (Finances), Dalila Boudjemaa (Aménagement du territoire et de l’environnement), Hamid Grine (Communication), Mohamed Tahmi (Sports), Nour Eddine Bedoui (Formation et enseignement professionnels) et Mohamed Mebarki (Enseignement supérieur et recherche scientifique). Etaient également présents le wali d’Alger, Abdelkader Zoukh, des chefs d’entreprises publiques à l’image des PDG de Cosider et Saidal, ainsi que le SG de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA) Abdelmadjid Sidi Said. Des centaines d’hommes d’affaires étaient présents. La quasi-totalité des membres du FCE en plus de soutiens qui ne se comptent pas parmi les adhérents à l’organisation. Beaucoup ont été omis par le système d’invitations. Ils ont dû attendre un bon moment à la réception et faire fonctionner leurs relais pour pouvoir décrocher un badge afin de faire acte de présence.
L’attente a été longue
Le décor était planté pour réussir un show à l’américaine pour cette dernière soirée électorale d’Ali Haddad. Et le patron d’ETRHB s’est même permis de s’attarder près d’une heure en coulisses pendant que l’assistance, ministres compris, l’attendait. Avant qu’il n’apparaisse accompagné du président du Conseil d’orientation stratégique (COS) du FCE, Brahim Benabdeslam, pour être annoncé par une des présentatrices du JT de sa chaîne de télévision, détachée à l’occasion. Des écrans géants ont été placés pour permettre aux gens du fond de la salle Mawakif de voir la scène. La soirée avait tout d’un meeting digne d’un candidat à la présidentielle si n’est l’inaptitude du candidat à prendre la parole en public et qui a gâché tout ce faste. Les habitués du Forum regretteront, en effet, les vertus communicationnelles de Réda Hamiani aussi longtemps que durera l’apprentissage d’Ali Haddad en la matière.Le candidat à la succession de Réda Hamiani, qui en était à son sixième exercice après les rencontres régionales d’Oran, Bordj Bou Arreridj, Ouargla et Ghardaïa, avait l’air d’un torturé en lisant son discours. Et il n’est intervenu dans les débats dont il devait commenter les suggestions, que pour dire « c’est pris en charge dans les engagements que je vais vous lire après les débats ».
Une autre séance de torture pour le patron du deuxième groupe privé algérien, donnant encore une fois l’impression plutôt d’un manager novice qui n’a jamais eu à gérer une réunion du travail, lequel a dû énumérer une quinzaine d’engagements pour clore les débats. Des débats modérés par Brahim Benabdeslam qui, d’emblée, a pris le soin de souligner que le candidat Haddad n’est pas seul et que c’est l’équipe qui l’entoure, de laquelle il fait partie, qui fera fonctionner le FCE.
« Combattre la suspicion »
Dans son discours, le patron d’ETRHB a esquissé les axes de son programme pour le FCE. On peut en retenir « une adroite connexion avec les pouvoirs publics » et « la mise au point d’une gamme de services à haute valeur ajoutée pour les entreprises ». Quant à la proximité avec les pouvoirs publics, il a expliqué dans son discours que l’économie nationale est à un stade où les entreprises ne peuvent se développer sans l’accompagnement étatique. Omar Ramdane, patron de Modern Ceramics, un Moudjahid de la wilaya IV historique, le premier président du FCE, a contextualisé cette proximité des politiques algériens avec les entrepreneurs au début de la guerre de libération nationale. Une proximité qui, à ses yeux, devrait être consolidée pour développer le pays. Et Abdelmadjid Sidi Said, SG de l’UGTA, qui dispose d’une implantation syndicale très discrète chez les privés, s’est chargé d’expliquer qu’il faudrait combattre la suspicion en Algérie qui fait que les politiques ou les chefs d’entreprises publiques qui rencontrent les privés soient mis à l’index et font l’objet de commérages injustifiés. « Il faut décomplexer les managers d’entreprises. Nous sommes condamnés à avancer ensemble, dans un cadre de dialogue entre tous les acteurs privés ou publics afin de réaliser le développement économique et social prôné par la révolution de novembre et aussi la réconciliation nationale », a-t-il déclaré. Invité à la clôture des débats par Maghreb Emergent à expliciter la gamme de services à valeur ajoutée qu’il propose aux entreprises affiliées au FCE, Ali Haddad a eu cette réplique : « Je ne peux pas vous le détailler. C’est trop technique. Nous allons vous le communiquer après, dans un cadre bien organisé ». Le plébiscite de Haddad à la tête du FCE est prévu pour le 27 novembre prochain.