Le CONSEIL D’ADMINISTRATION D’INTERFACE MEDIA éditeur de Radio M a publié un communiqué de presse dont voici le texte intégral.
C’est en cette nouvelle année 2023 que Radio M va célébrer sa 10e année d’activité, au printemps. Née au lendemain de la loi sur les médias de 2012 qui prévoyait l’ouverture de l’audio-visuel, la web-radio n’a jamais pu accéder à une fréquence FM, car le cadre légal annoncé n’a pas été concrétisé, les autorités ayant contrevenu à leur engagement. L’éditeur de Radio M tient à rappeler qu’en attendant la mise en place d’un cadre réglementaire issu de la loi sur les médias, en cours d’adoption, l’édition électronique demeure déclarative et aucun agrément préalable ne peut lui être opposé. Radio M a bien entendu l’intention d’intégrer ce cadre légal une fois advenu, comme l’ensemble des médias algériens volontairement maintenus dans une zone grise du droit. En dépit de la nature hostile à la liberté d’informer et du caractère antiéconomique de la loi à venir. Il appartiendra en 2023 au gouvernement et au régulateur émanant de cette loi de respecter les engagements de la constitution sur le statut de la presse et le droit du citoyen à l’information
L’éditeur de Radio M et de Maghreb Emergent (depuis 2010), également coéditeur du Huffington Post Algérie de 2014 à 2019, n’a pas attendu des règles nouvelles pour s’imposer à lui-même une conduite professionnelle irréprochable. Aucune condamnation pour diffamation en 12 ans de publication. Les équipes rédactionnelles veillent aux droits des citoyens et à l’éthique qu’exige leur mission. Le harcèlement injustifié que subit depuis trois ans notre plateforme médiatique n’a pas de fondement autre que celui d’empêcher l’exercice libre du métier d’informer pourtant garanti par toutes les constitutions depuis février 1989. Ce harcèlement se traduit par l’emprisonnement de journalistes et d’actionnaires, des interpellations récurrentes, de multiples poursuites pénales, des restrictions de la liberté de circulation, des enquêtes administratives, etc. Il vise aujourd’hui de plus en plus clairement à nous retirer, par différents moyens, notre statut établi d’éditeur de presse électronique. La confirmation, à ce titre, de la condamnation inique de notre actionnaire le docteur Nabil Mellah à 4 ans de prison dans une cabale judiciaire sans plaignant légal (Banque d’Algérie), sans préjudice, et sans partie civile suscite notre plus grande indignation et nos inquiétudes les plus fortes sur l’avenir de la presse en Algérie.
Le sort de Radio M dans les prochains mois dépasse largement celui d’une Web radio à l’audience, certes fidèle et impliquée, mais encore limitée par rapport à celle des médias audiovisuels confortés durant la période de Bouteflika et mis au service de la période actuelle. Il concerne le paysage médiatique de l’Algérie des prochaines années. Après l’effondrement de la presse écrite privée, l’alignement des télévisions privées sur la propagande officielle et l’étouffement de l’émergence des médias digitaux, le droit constitutionnel des algériens à être informés est en péril dans une configuration univoque de l’offre médiatique. Ce scénario, qui tend à éloigner tous les investisseurs de la filière des médias, conduit l’Algérie 30 ans en arrière avant la loi sur la presse de 1990 qui en avait assuré la pluralité et les premières conditions d’un libre exercice. Le pays n’a rien à y gagner. La confiance en ses institutions en est affaiblie, son rayonnement à l’extérieur entravé. La détermination tranquille de l’éditeur à poursuivre, en total accord avec ses équipes de journalistes, la couverture professionnelle de toutes les actualités est également une invitation à réfléchir sur les conséquences régressives d’un asséchement complet de l’offre médiatique indépendante en Algérie.
Alger, le 22 décembre 2022
LE CONSEIL D’ADMINISTRATION D’INTERFACE MEDIA,
EDITEUR DE RADIO M ET MAGHREB EMERGENT