La baisse du prix du pétrole a sonné l’alerte en Algérie, mais ses résultats ne sont pas encore très durs en 2014. Les recettes extérieures n’ont baissé que de 3.11%.
L’Algérie s’en est bien sortie en 2014. Malgré la chute vertigineuse des prix du pétrole, ses recettes extérieures, provenant à 95.5% des hydrocarbures, ont subi une baisse modeste, nettement moins importante qu’attendu. Les exportations ont baissé de deux milliards de dollars, selon des statistiques des douanes. De 64.97 milliards de dollars en 2013, elles se sont repliées à 62.95 milliards, soit une baisse de 3.11%.
Dans le même temps, les importations ont augmenté de 6% par rapport à 2013. Elles ont atteint 58.33 milliards de dollars en 2014, contre 55.03 milliards en 2013. La hausse a atteint 3.3 milliards de dollars. Seule consolation, la part des exportations hors hydrocarbures a augmenté cette année, pour atteindre 4.5% du total des exportations. Elles ont rapporté 2.81 milliards de dollars, ce qui représente un bond de 39.5%. Mais les exportations hors hydrocarbures partent de trop bas, et restent sans impact réel sur la balance commerciale.
Ces chiffres permettent de maintenir un léger excédent de la balance commerciale, qui s’élève à 4.63 milliards de dollars. L’excédent est cependant en baisse de 53.5% par rapport à 2013, année durant laquelle il s’était élevé à 9.94 milliards.
Miracle
Par contre, le déficit de la balance des paiements devrait se creuser en 2014, après avoir connu en 2013 son premier déficit depuis une décennie. La balance des services devrait en effet se situer légèrement au-dessus de 11 milliards de dollars, ce qui donnerait un déficit de la balance des paiements de sept milliards. Autre résultat obtenu, l’inflation a été maintenue à 2.9%, mais la méthode est contestée. Ce sont des transferts sociaux massifs, évalués à 26% du PIB, qui ont permis d’arriver à ce résultat.
En limitant les dégâts à ce niveau, l’économie algérienne réalise presque un miracle, obtenu grâce à une conjugaison de facteurs favorables, qui ont permis d’amortir la chute des prix du pétrole, passé de 110 dollars à moins de 50 dollars depuis l’été.
L’Algérie est d’abord un exportateur de gaz, régi par des contrats à long terme. Les prix subissent les fluctuations du marché pétrolier, mais de manière atténuée, avec un décalage important.
En outre, pendant que le pétrole baissait, le dollar se raffermissait, notamment face à l’euro. Or, l’Algérie exporte en dollars, et importe en euros. Et même si la Chine est devenue le premier fournisseur de l’Algérie, c’est l’Europe qui fournit l’essentiel des importations algériennes.
Décalage
La baisse du prix du pétrole ne s’est accélérée qu’en fin d’année, après un mouvement de baisse amorcé durant l’été. Le seuil symbolique de 50 dollars n’a été franchi que le 5 janvier. Ce qui a permis au pétrole algérien de maintenir un prix moyen sur 2014 relativement élevé, selon les chiffres de la compagnie Sonatrach. Le Sahara Blend a été cédé pour un prix moyen de 98 dollars en 2014, contre 109 dollars en 2013.
2014 aura été donc une année d’alerte. C’est en 2015 que l’Algérie entrera dans le dur, avec ce fait symbolique : dès le 5 janvier, le pétrole passait sous la barre des 50 dollars. Fait aggravant, la production algérienne de pétrole continuait de baisser en 2014, année durant laquelle elle s’est établie à 1,192 million de barils/jour, contre 1,203 barils en 2013, selon des chiffres publiés par l’APS. La production de gaz, sous pression depuis l’attentat contre le site de Tiguentourine, stagne elle aussi. Le troisième train de Tiguentourine n’est toujours pas opérationnel, selon un responsable de la production du site. L’explosion de la consommation limite les capacités d’exportation : alors qu’elle a des capacités d’exportation de 84 milliards de mètres cube, l’Algérie n’en exporte que la moitié (43 milliards de m3).
L’année de la vérité
Les facteurs qui ont atténué l’impact de la baisse du prix du pétrole en 2014 seront sans effet en 2015. L’année démarre avec un pétrole au plus bas depuis six ans. Le gouvernement, qui s’accroche à un discours selon lequel ni les investissements publics, ni les subventions ne seront touchés, se trouve confronté à une situation théoriquement ingérable. Avec ce niveau de dépense, le déficit budgétaire devrait se creuser à des niveaux insupportables. Le gouvernement table toutefois sur deux facteurs : les dépenses annoncées ne sont jamais réalisées, ce qui lui donne de la marge ; en outre, il s’attend à un rebond du prix du pétrole durant le second semestre 2015 pour rétablir partiellement la situation.
Mais en parallèle, le gouvernement est contraint de travailler sur des scénarios plus pessimistes. Recourir au gaz de schiste, ou sabrer dans les dépenses sociales?