Si les historiens ont affirmé que John F. Kennedy avait gagné ses élections à cause de la télévision et que Barack Obama était devenu le premier président noir des Etats-Unis à cause d’Internet, Tayipp Erdogan est devenu le premier président d’un pays qui a survécu à un coup d’état militaire « non conventionnel » à l’issue d’une résistance numérique très active sur Internet. De son avion personnel, il s’est servi de l’application de chat vidéo « FaceTime » d’Apple pour « s’interconnecter » à deux stations de télévision qui ont échappé à la mise sous scellée des militaires putschistes, afin de demander aux citoyens turques d’occuper les rues pour faire échouer le coup d’état. La tentative de putsch n’était pas « conventionnelle » dans la mesure où ses auteurs ont utilisé eux aussi les TIC pour faire régner le secret et le mystère dans leurs opérations. Parmi eux, Ahmet Zeki Gerehan, un colonel de l’armée de terre, connu pour ses articles publiés sur la guerre numérique, et qui était également responsable du département « intelligence et opération » de l’école de guerre de l’armée turque. Selon des enquêteurs, le rôle de cet officier dans ce coup d’état est identique à celui d’un processeur dans le fonctionnement d’un routeur à l’intérieur d’un réseau.
En effet, Gerehan a préféré la limitation de la bande passante à l’arrêt total d’Internet, afin de faire aboutir sa solution de substituer le système de contrôle et de commandement centralisé des troupes putschistes par le recours à l’applications OTT (Over The Top) WhatsApp. Pour lui, grâce un cryptage de bout en bout, cette application permettra de faire bénéficier, dans le secret, aux agents des putschistes, militaires et civils, qui utilisaient des communications multimédia cryptées de haute qualité dans une position opérationnelle. Ces agents composés de militaires, policiers, magistrats, universitaires, et d’autres sont devenus des « nœuds » d’un groupe de planificateurs de putsch à l’intérieur de WhatsApp. Mais, ces « nœuds » du réseau putschiste ne se sont pas rendus compte que le cryptage des communications a été cassé par des « intrus » et que la messagerie collectée était utilisée contre eux pour déjouer, à la dernière minute, l’arrestation du président turc et surtout d’identifier les profils de chaque agent engagé dans cette tentative. La suite des événements est connue : arrestations, perquisitions, embuscades…etc. Le projet du concepteur du coup d’état militaire hybride (espace réel et numérique) en Turquie n’a donc pas abouti. Bien au contraire, son « VPN » putschiste a permis aux « hackers » fidèles à Erdogan de prouver que WhatsApp peut tout aussi bien être utilisé comme outil dans l’opération d’arrestation de masse la plus rapide de l’histoire des putschs militaires manqués…