Récit d'un journaliste retenu dans les locaux de la police le jour des élections - Maghreb Emergent

Récit d’un journaliste retenu dans les locaux de la police le jour des élections

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“Le journalisme mène à tout, à condition d’en sortir”, dit la célèbre formule. Or tant que  le métier vous colle encore à la peau il peut vous mener à bien des endroits, notamment aux locaux de la police nationale.

Le jour des élections, lors du rassemblement de citoyens à la Place Madaure, au centre-ville de Boumerdès, un journaliste de Maghrebemergent qui couvrait l’évènement a été interpellé et conduit courtoisement aux quartiers de la police de la wilaya de Boumerdès. Récit de Salim Benalia:

Alors que je tentais de prendre une photo de l’évènement avec mon portable j’ai soudain été hélé par des policiers auxquels j’ai immédiatement présenté mon ordre de mission. L’un d’eux me dit que le document ne me permet pas d’exercer durant cette journée sur  le territoire de Boumerdès car celle-ci n’est pas mentionnée dessus.

Il faut préciser que sur l’ordre de mission que je détenais, il y avait la mention «Lieu de couverture: Alger-Algérie », Boumerdes faisant partie du territoire algérien, il n’y avait pas besoin de le mentionner.  

J’accepte, malgré tout, d’être conduit à la brigade de police. Je  suis présenté à un officier. Ce dernier me demande, derrière son bureau, le motif de mon interpellation. Je lui relate alors les faits et lui montre, sur mon Smartphone, l’article déjà publié sur le site Maghreb Emergent.

L’officier lit mon article du jour et juge que l’intitulé de mon texte ne reflète pas objectivement la scène constatée sur place et me reproche un titre plutôt “alarmiste”. Il m’épingle ensuite sur mon ordre de mission qui devient tout à coup « bidon ».

L’officier me parle ensuite de l’impact que pourrait avoir ce titre sur les lecteurs, et me rappelle l’aspect crucial de ce 12 décembre, synonyme d’élections présidentielles et son volet déterminant pour l’avenir du pays. Il ne manque pas de me rappeler que mon site Internet n’est pas accrédité pour couvrir les élections. Il ne permettait peut-être pas d’accéder au bureau de vote, mais certainement pas de relater ce qui se passe dans la rue.

Pourtant, je sens  l’inquiétude de cet officier et son souci sincère de passer le cap de cette journée spéciale sous les meilleurs auspices pour l’Algérie.

Le même officier me laisse libre de mes mouvements et me rappelle néanmoins mon devoir d’objectivité dans pareils cas. Un jeune officier intervient préférant me retenir encore dans les bureaux de la police et m’invite à me présenter à un autre service, celui des empruntes génétiques. Un service que je découvre pour la première fois de près.

Je suis ensuite invité par mon accompagnateur à me présenter dans un autre bureau aux fins de la rédaction d’un PV. Les questions qu’on m’avait posé incluait différents aspects de ma vie: parcours scolaire, professionnel, etc. A la question : « sortez-vous souvent du territoire national ? » Je réponds par l’affirmative et explique que voyager hors des frontières du territoire national est un aspect du métier et que je suis parfois appelé à couvrir des événements ou faire des reportages à l’étranger.

Un jeune sergent consigne mes déclarations. Je signe le PV. Mais je vais encore rester quelques heures dans ces lieux.

A l’heure H c’est-à-dire aux environs de 18h30’ et au-delà, je sens que l’animation dans le service devient plus intense et je devine que les hommes en uniforme redoublent d’efforts et de vigilance. Je remarque alors que gérer cette situation spéciale n’est pas une sinécure pour les policiers.

Finalement, je  suis convié, en compagnie d’un autre citoyen également présent dans le couloir de ce département pour embarquer sur le véhicule qui nous mènera à la clinique de Boumerdès, où, une femme médecin délivrera un certificat médical libellé au nom de chacun. Lors de mon passage dans les quartiers de la police de Boumerdes, le traitement des policiers aura été correct, car il n’a pas été entaché de brutalité ou dépassement verbal.  

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