Rédha Hamiani, qui a annoncé son prochain départ de la présidence du Forum des chefs d’entreprises, assistera la semaine prochaine à sa dernière tripartite.
Rédha Hamiani participera, mardi, à sa dernière tripartite. Le président du Forum du Chef d’entreprise, qui a annoncé son intention de quitter cette organisation pour des « raisons personnelles », était devenu un animateur essentiel de ces rencontres rituelles regroupant gouvernement, syndicats des travailleurs et patronat.
Cet industriel, héritier de la marque de textile « Redman », qu’il a élargi à d’autres activités, a joué un rôle clé dans la conciliation entre le patronat et les gouvernements successifs durant les deux dernières décennies. Ayant lui-même été ministre dans le gouvernement de M. Belaïd Abdessalam (1992-1993), M. Hamiani était très introduit dans les cercles du pouvoir. Homme très médiatique, doué d’un sens inné de la négociation et de la conciliation, il a toujours réussi à se sortir de situations très complexes, parfois en y laissant des plumes, mais jamais au détriment des milieux d’affaires.
Au fil des années et des changements de gouvernement, M. Hamiani avait fini par apparaitre, avec l’inamovible patron de l’UGTA Abdelmadjid Sidi-Saïd, comme un élément de stabilité dans le dispositif économique algérien. Face à un gouvernement soucieux d’assurer la relance de l’économie, puis de préserver la paix sociale, il réussissait à obtenir du gouvernement de nombreuses facilités au profit du patronat : réduction d’impôts, facilités bancaires, divers aides directes et indirectes, etc.
Poussé vers la sortie
M. Hamiani a aussi réussi à donner au FCE une certaine envergure. S’entourant de conseillers et d’experts chevronnés, il a réussi à présenter des propositions très élaborées. Sur un plan strictement économique, il a toujours eu une longueur d’avance sur le gouvernement en matière d’idées et des mesures à prendre.
La dernière présidentielle d’avril 2014 a toutefois laissé des traces. Soucieux de ménager les intérêts des milieux d’affaires, M. Hamiani avait, dans un premier temps, tenté de s’abriter derrière les statuts du FCE pour ne pas s’impliquer. Mais sous la pression de patrons vivant dans le giron du président Abdelaziz Bouteflika, il avait fini par se rallier au quatrième mandat, provoquant le départ de patrons emblématiques, comme Slim Othmani et Issaad Rebrab.
Dans le même temps, de nouveaux hommes apparaissaient comme les oligarques du pouvoir en place, proches de saïd Bouteflika, le frère du chef de l’Etat. Deux d’entre ont fait de l’ombre à M. Hamiani, qu’ils ont poussé à soutenu le quatrième mandat : Ali Haddad, propriétaire de l’entreprise de travaux publics ETRHB et du club de football de l’USMA, et Amar Benamor.
Un homme épuisé
M. Hamiani avait aussi été débordé par de nouveaux patrons, soucieux de s’introduire dans les cercles du pouvoir. Une dizaine d’organisations patronales ont ainsi été créées, pour lui contester la représentation du patronat. A la tripartie de février 2014, tenue à la veille de la présidentielle, le FCE n’était plus seul représentant du patronat, une « coordination » représentant neuf autres organisations ayant été conviée à la réunion.
Poussé vers la sortie, M. Hamiani a fini par céder. Il a annoncé son départ pour « raisons personnelles ». Un membre influent du FCE confirme que M. Hamiani, président du FCE depuis 2007, était « au bout du rouleau », et voulait réellement se libérer pour s’occuper de questions privées. Cet homme d’affaires reconnait que M. Hamiani s’est « dévoué » au FCE, jusqu’au quatrième mandat : les uns lui ont reproché alignement sur le président Bouteflika, pendant que d’autres lui reprochaient le manque d’enthousiasme dont il a fait preuve. L’enchainement des évènements depuis la présidentielle a précipité ce départ, qui devrait être officialisé rapidement, après la tripartite.