Les subventions des produits coûte au trésor public plus de 17 milliards de dollars chaque année.
S’il existe une réforme à laquelle ont convergé les différents gouvernements qui se sont succédés en Algérie, c’est bien que celle de la révision de la politique des subventions.
L’objectif de cette révision, ne consisterait pas à supprimer les subventions, principe quasi « dogmatique » et inaliénable consacré par la constitution, qui constitue l’un des fondements du caractère social de l’Etat algérien, mais plutôt, de « cibler les catégories sociales qui en ont le plus besoin », afin d’atteindre un maximum d’efficacité à ce niveau.
La réforme du système des subventions est l’un des plus grands défis socio-économiques de l’Algérie, soutenu techniquement par la Banque mondiale (BM), mais également l’un projet majeur annoncé par le chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune.
En janvier 2021, alors qu’il n’était que ministre des Finances au gouvernement Djerad, Aïmene Benabderrahmane estimait qu’il « n’est pas normal que les catégories aisées acquièrent les produits subventionnés au même prix que les citoyens à faible revenu » et juge au même temps ce fait « d’injustice ». Ceci d’autant plus que les subventions des produits coûte au trésor public plus de 17 milliards de dollars chaque année.
Il a également affirmé lors d’un entretien au quotidien national « Echaab », que la réforme du système de subventions sera effective durant le second semestre 2021. Mais est-ce vraiment possible ?
En mars dernier, le chantier pour la création d’une agence chargée d’exécuter le programme d’aide (subventions) a été officiellement lancé. Dirigé par une commission de la direction générale du budget au ministère des Finances, des représentants de plusieurs ministères, ainsi que des sénateurs, ses résultat et ses avancements n’ont pas encore été rendus publics.
Outre l’agence chargée d’exécuter le programme d’aide (subvention), le plan d’action du gouvernement, qui devrait être débattu lors des prochains jours au parlement, privilégie « des aides ciblées et optimales qui iront directement aux plus vulnérables ».
Il est également question de réaliser « un livret social unifié » qui identifiera les « catégories sociales les plus défavorisées ». Jusqu’à présent, l’état d’avancement de ce projet fait partie des secrets les mieux gardés de l’exécutif.
Enfin, l’autre chantier lancé et en cours de réalisation en collaboration entre le ministère de l’Intérieur et le ministère des Finances, est celui de l’élaboration d’un fichier national des revenus.
Quelles sont les options qui s’offrent au gouvernement ?
Dans un entretien au quotidien Liberté, Mabrouk Aib, enseignant universitaire à l’École nationale Polytechnique et membre du Think Tank NABNI, estimait qu’il y avait plusieurs propositions auxquelles les pouvoirs publics peuvent réfléchir pour dégager une nouvelle approche.
D’abord, « l’option idéale en théorie serait de verser une allocation directement et uniquement aux ménages nécessiteux, qui aurait été identifiés et répertoriés ». En revanche, l’économiste émet des réserves sur la possibilité, pour un pays comme l’Algérie « d’arriver à cibler correctement les populations concernées, qui, par nature, sont souvent en dehors des « radars » ».
L’expert explique enfin qu’il existe deux autres options, plus imparfaites en mais beaucoup plus efficaces dans la réalité : la distribution d’un revenu universel ou alors le ciblage des ménages nécessiteux sur base déclarative », ajoute-t-il.