L’ONG Reporters sans frontières (RSF) se dit préoccupée par la situation de la liberté d’information en Algérie et demande au Secrétaire d’Etat américain, John Kerry de soulever cette question « cruciale » avec les dirigeants algériens à l’occasion de sa visite à Alger.
RSF dresse une situation préoccupante de la liberté d’information dans une lettre adressée à John Kerry à l’occasion de sa visite officielle à Alger dans le cadre de la deuxième session du dialogue stratégique algéro-américain les 2 et 3 avril 2014. L’ONG cite notamment le cas des interpellations de journalistes en marge des manifestations contre le 4e mandat de Bouteflika ainsi que l’affaire du caricaturiste Djamel Ghanem, en rappelant que l’Algérie figure au 121ème rang sur 180 dans le classement mondial de la liberté de la presse établi pour 2014.
« Il est plus qu’urgent que les autorités algériennes réforment en profondeur le secteur des médias en Algérie, en optant pour un véritable pluralisme de l’information, tant au niveau de la presse écrite que de l’audiovisuel. Elles se doivent de respecter leurs engagements constitutionnels et internationaux en matière de libertés fondamentales, notamment pour ce qui est de la liberté de l’information », écrit RSF.
Un pluralisme de façade
L’Organisation dénonce par ailleurs un pluralisme médiatique de façade que ne saurait cacher le foisonnement des titres de presse édités chaque jour. « Les kiosques de la capitale regorgent de près de 80 titres de quotidiens, principalement arabophones. Mais la situation de la presse, et plus généralement des médias et de la liberté d’expression, est loin d’être mesurable à l’aune du nombre de titres dans les points de vente. Nombreuses sont les publications émanant directement d’hommes d’affaires, liés aux intérêts de l’Etat et des services de renseignement », déplore l’ONG. Sur l’audiovisuel, RSF critique la nouvelle loi, publiée au journal officiel la semaine dernière, qui impose aux futures chaînes de télévision privées d’être thématiques et de limiter la durée de leurs émissions d’information.
« Les chaînes générales et d’informations demeurent sous le contrôle du secteur public », résume l’ONG qui souligne le manque d’indépendance de l’autorité de régulation de l’audiovisuel (ARAV) qui devrait être mise en place. RSF dénonce aussi la situation des chaines privées de droit étranger en activité en Algérie, en s’interrogeant sur les conditions dans lesquelles certaines sont parvenues à obtenir leur accréditation. Par ailleurs, l’ONG pointe du doigt les pratiques monopolistiques en vigueur dans le secteur de la publicité publique et de l’édition ainsi que des restrictions législatives à la liberté d’expression et au droit à l’information.