Dans le cadre de la Grande zone arabe de libre échange (GZALE), l’Algérie traite essentiellement avec 3 pays, à savoir la Tunisie, l’Egypte et le Maroc.
Le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté, Ramtane Lamamra, a déclaré en conférence de presse, ce mardi 24 août 2021, la fin des relations diplomatiques entre l’Algérie et le voisin marocain, et ce à la suite de nombreux incidents et crises politiques ayant émaillé la vie commune des deux pays durant les derniers mois, notamment en ce qui concerne le dossier du Sahara Occidental, l’affaire « Pegasus » ou encore l’implication supposée du « Makhzen » dans des « opérations de déstabilisation » menées contre l’Algérie.
C’est donc un pas de plus de franchi, qui plus est fatal, dans le processus de détérioration des relations entre deux pays « frères », savamment orchestré depuis quelques mois par l’entité sioniste, qui depuis la normalisation de ses relations avec le Maroc, n’a pas hésité à mettre de l’huile sur le feu. Si les dés sont jetés sur le plan politique, avec rappel immédiat des ambassadeurs respectifs, qu’en sera t-il sur le plan économique ?
En effet, malgré la fermeture des frontières terrestres depuis 1994, les deux pays entretiennent des relations dans de de nombreux secteurs, à commencer par l’énergie et le passage du gazoduc algérien sur le sol marocain, avant d’atteindre l’Espagne.
Interrogé par la presse sur l’ampleur et les conséquences d’une telle décision sur un ce dossier mais également sur le volet commercial, le chef de la diplomatie algérienne a précisé qu’«il y a des considérations qui sont soumises aux traités internationaux », ajoutant que « cela relève de la responsabilité de la société nationale Sonatrach et de ses partenaires ». Pour rappel, la Directrice générale de l’Office national des hydrocarbures et des mines, Amina Benkhadra, a annoncé, jeudi dernier, la volonté du Maroc de maintenir le gazoduc Maghreb-Europe reliant l’Algérie à l’Espagne et dont le contrat devant arriver à terme fin octobre prochain. Mais le gouvernement algérien n’a pas encore tranché sur cette probabilité.
Par ailleurs, il convient de noter que l’Algérie était jusqu’à il y a peu, le premier partenaire commercial africain du Maroc, avec près de 793 millions d’euros, à la fin de 2016, année à laquelle les tensions entre les deux pays ont repris, Une position reprise, depuis, par l’Egypte et la Côte d’Ivoire. Selon des sources reprises par les médias français, citant des statistiques provisoires, le volume des échanges commerciaux entre les deux pays a atteint à la fin de 2020, environ 500 millions d’euros, soit un montant jugé faible qui représente moins de 1% des importations et exportations réalisées par le royaume. A titre de comparaison, l’Algérie a exporté vers la Tunisie un peu plus d’un (1) milliard de dollars durant les 11 premiers mois de l’année 2019, un chiffre en progression de 13 % par rapport à la même période en 2018, selon les statistiques des Douanes algériennes.
Plus d’un (1) milliard de dollars d’exportations algériennes
D’autre part, le Directeur général du commerce extérieur du ministère du Commerce, Khaled Bouchelaghem a déclaré en janvier 2021, que dans le cadre de la Grande zone arabe de libre échange (GZALE), l’Algérie traite essentiellement avec 3 pays, à savoir la Tunisie, l’Egypte et le Maroc, qui représentent 80% des échanges commerciaux entre l’Algérie et les pays arabes et africains, ajoutant que les échanges commerciaux avec les pays africains ne dépassent pas les 3 milliards USD (1,5 Mds USD d’exportations et 1,5 Mds USD d’importations).
Les produits échangés entre marocains et algériens ne sont pas très diversifiés. Le Maroc achète à l’Algérie des dattes et des ouvrages en verre, des produits chimiques, mais surtout du carburant. De son côté, l’Algérie importe de la tôle en fer ou en acier, du café, des engrais, des produits agricoles, mais aussi des produits textiles, modernes ou traditionnels, qui trouvent un marché lucratif en Algérie, notamment face à la faiblesse et la destructuration affichées par le tissu industriel local. « Une bonne partie des exportations marocaines transite par des enseignes internationales, essentiellement françaises, qui parviennent à s’acclimater à l’environnement des affaires algérien », explique un média français.
En 2013, et alors que les relations bilatérales étaient loin d’avoir atteint un tel niveau de crispation, les exportations marocaines vers l’Algérie (fils et câbles électriques, produits alimentaires et phosphates) atteignaient 250 millions de dollars. Le Maroc étant alors le 11e client mondial de l’Algérie. L’Algérie avait, quant à elle, exporté vers son voisin pour 1,07 milliard de dollars. Des exportations constituées à plus de 95% d’hydrocarbures.
Mais des signaux faibles justifiant le degré de dégradation des relations économiques bilatérales sont apparus dès cette année. Le bal des hostilités économiques entre les deux pays est officiellement ouvert au mois de mai dernier, lorsque le président de la République algérien, Abdelmadjid Tebboune, a sommé des entreprises algériennes de rompre leurs contrats avec des sociétés marocaines. A ce titre, le chef de l’Etat a même cité les entités algériennes ciblées par ces « partenariats » qui présenteraient des failles au profit de services de renseignement des pays ennemis à l’Algérie. Il s’agit entre autre des assureurs SAA et la CAAR qui « ont établi des contrats avec des entreprises d’origine marocaine » ou encore celui de l’opérateur de téléphonie mobile Djezzy « dont la publicité est assurée par des sociétés proches de lobbies étrangers haineux vis-à-vis de l’Algérie ».