Selon la presse italienne, les versements ont été effectués par Saipem et certaines de ses filiales pour la Pearl Partners Limited, propriété de Farid Bedjaoui pour un montant de « 197.934.798 € ». Ils correspondent à plusieurs contrats : « 8,5 millions pour le projet Medgaz, 14,6 millions pour le projet UTB Hassi Messaoud, 8,6 millions pour LZ2 (de Hassi R’mel-Arzew), 77,4 millions pour le GNL Gl3z (Arzew), 34,5 millions pour l’usine de traitement GPL (Hassi Messaoud), 41,4 millions de Menzel Ledjmet Est et 13 millions pour le gazoduc GK3 lot 3″.
L’affaire des pots-de-vin présumés versés par Saipem, filiale ingénierie du groupe parapétrolier italien ENI, à des responsables algériens, dont l’ancien ministre de l’Energie, Chakib Khelil, est de retour en Italie avec une demande d’enregistrement de preuves formulé par le parquet de Milan. Une demande dont le contenu a été publié dans la presse italienne révélant les détails des montants de pots-de-vin versés en contrepartie de l’obtention de chaque contrat.
Le parquet de Milan, en charge de l’affaire, a présenté une demande d’enregistrement de preuves et des interrogatoires de Pietro Varone, ancien DG de Saipem, et de Snam Progetti et de Tullio Orsi, ex-DG de Saipem Contracting Algerie. Le juge Alphonsine Ferraro va devoir trancher, après les objections de la défense, quant à accéder ou non à la demande du procureur Fabio De Pasquale Giordano Baggio et Isidoro Palma et, le cas échéant, fixer la date.
Le procureur veut accéder à l’ensemble des documents et des courriels en relation avec l’affaire de 8 responsables de Saipem et ENI, ainsi que Farid Bedjaoui, présenté comme l’homme de confiance de l’ancien ministre algérien de l’Energie.
« 197.934.798 € de pots-de-vin »
La procédure vise l’ancien PDG d’ENI, Paolo Scaroni, Pier Franco Tali, en qualité de PDG de Saipem, Alessandro Bernini, ex-directeur financier de Saipem puis d’ENI, Pietro Varone, ancien DG de Saipem et de SnamProgetti. Tullio Orsi, en tant que PDG de Saipem Contracting Algerie et Antonio Vella, en qualité de responsable Eni pour la Nord-Afrique.
La demande vise, du côté algérien, Farid Bedjaoui, « ‘homme de confiance personne de l’ancien ministre algérien de l’Energie Chakib Khelil » et Samyr Ouraied, « représentant fiduciaire de Bedjaoui ».
Selon la demande présentée par le parquet, citée par Borsa Italia, l’accusation porte sur une affaire de « corruption internationale » pour « procurer avantages indus aux sociétés Eni et Saipem » dans des opérations économiques d’un montant de plus de 8 milliards d’euros.
L’accusation détaille les contrats obtenus et les montants versés. Ainsi Eni a pu obtenir le droit d’exploiter le champ gazier CAFC (Central Area Field Complex) en contrepartie « de versement de pots-de-vin et d’avantages à des fonctionnaires officiels du gouvernement algérien ». Des versements qui ont été effectués par Saipem et certaines de ses filiales pour la Pearl Partners Limited, basée à Hong Kong et propriété de Farid Bedjaoui pour un montant de « 197.934.798 € ».
Pour le ministre, la famille et les proches
Ces versements correspondent à plusieurs contrats : « 8,5 millions d’euros pour le projet Medgaz (gazoduc), 14,6 millions pour le projet UTB Hassi Messaoud, 8,6 millions pour LZ2 (de Hassi R’mel-Arzew), 77,4 millions pour le GNL Gl3z (Arzew), 34,5 millions pour l’usine de traitement GPL (Hassi Messaoud), 41,4 millions de Menzel Ledjmet Est et 13 millions pour le gazoduc GK3 lot 3″.
La demande d’enregistrement de preuves fait état également de versements de grosses sommes d’argent à titre de paiement d’exécution de contrat qui ont été « gonflés » et versés à Farid Bedjaoui à Hong Kong. Des versements au « profit du ministre algérien de l’Energie, Chakib Khelil« , de « membres de sa famille » ou de son « entourage proche ».
L’ancien directeur de cabinet du PDG de Sonatrach, Reda Hemche, a reçu 1,75 million de dollars dans un compte à Genève. Un autre agent de Sonatrach, Omar Habour, a bénéficié d’un versement de 34,3 millions de dollars dans son compte à la banque Audi Saradar port de Beyrouth).
Pour rappel, Chakib Khelil, qui se trouve aux Etats-Unis, fait formellement l’objet d’un mandat d’arrêt international lancé par la justice algérienne mais dont l’applicabilité paraît très improbable. L’ancien ministre de l’énergie se trouverait aux Etats-Unis.