Acquittés pour manque de preuves valables, Paulo Scaroni et son entreprise sont renvoyés au procès par la Cour suprême. Eni affirme vouloir prouver son « extranéité » aux agissements de sa filiale Saipem, accusée d’avoir versé des pots-de-vin à des responsables algériens du secteur de l’énergie en échange d’un marché bien juteux.
La sixième Chambre criminelle de la Cour suprême italienne a annulé le 24 février 2016 l’acquittement prononcé le 2 novembre dernier en faveur de l’ancien Pdg du groupe italien Eni, Paulo Scaroni et de son entreprise dans l’affaire de corruption connue sous le nom de « Sontrach 2 ».
Accusé d’implication dans le versement de 198 millions d’euros de pots-de-vin à des responsables algériens en échange d’un contrat de 8 milliards de dollars pour sa filiale Saipem entre 2007 et 2009, Paulo Scaroni avait rejeté ces accusations en juillet dernier, avançant que Saipem agissait en toute indépendance d’Eni .
Paulo Scaroni avait été traduit en justice en février 2015, après la présentation de « preuves et d’enregistrements », par l’ancien pdg de Saipem Algérie, Tullio Orsi, au juge d’instruction de Milan. Ces preuves concernent une rencontre entre lui et l’ancien ministre de l’Energie, Chakib Khelil, dans un hôtel à Paris, et comprennent des enregistrements de certaines de ses conversations téléphoniques.
Lors du procès du 2 novembre dernier, la juge milanaise Alessandra Clemente avait considéré ces preuves comme étant insuffisantes et non valables contre l’ancien Pdg de la multinationale pétro-gazière italienne, ce qui a débouché sur sa relaxe.
Eni continuera à défendre son extranéité par rapport à Saipem
Le renvoi au procès de la multinationale italienne Eni est décidé en vertu la loi 231 du 2001 qui prévoie « la responsabilité administrative des entreprises pour des crimes commis par leurs administrateurs ». Rappelant que les contrôles effectués par les enquêteurs sur les activités algériennes d’Eni n’ont révélé aucune conduite illégale de cette dernière, l’avocat de cette entreprise Enrico De Castiglione a déclaré aujourd’hui que sa mandante continuera à défendre « l’étrangeté » d’Eni et de ses dirigeants par rapport aux faits de la procédure en cours. Il a affirmé aussi qu’Eni continuerait « à fournir » un maximum de coopération à la magistrature pour clarifier son « extranéité » par rapport au fonctionnement de sa filiale Saipem et aux faits jugés dans cette affaire.
Me De Castiglione a également estimé que le fait que Paulo Scaroni ait rencontré Chakib Khelil dans un hôtel parisien ne signifie pas nécessairement que cette rencontre a été un acte de corruption. Il a affirme également qu’aucune preuve de versement de-pots-de-vins pour ledit contrat n’est valable contre Eni. Il a qualifié les accusations pesant sur Eni de « contradictoires », « génériques » et « indifférenciées » par rapport à l’ensemble des accusés.
Le 3 octobre 2015, le procureur général de Milan avait requis 2 ans et 10 mois de prison à l’encontre de Tullio Orsi, ancien PDG de Saipem Algérie, en plus de la confiscation de 1,3 million de francs suisses lui appartenant. Un mois plus tard, l’ancien représentant pour l’Afrique du Nord de Saipem, Antonio Vella, a été relaxé par cette même instance judiciaire. Cette dernière a ordonne le 12 novembre la saisie de 250 millions d’euros d’actifs et des biens immobiliers à l’ancien directeur de la division ingénierie et construction de Saipem Pietro Varone, ainsi qu’aux intermédiaires algériens, Farid Bedjaoui et Samy Ouraied.
A côté de Saipem – poursuivie pour violation de la loi 231 sur la responsabilité administrative – de Varone, de Bedjaoui et d’ Ouraied, la justice italienne continue de poursuivre l’ancien chef des Finances de Saipem puis d’Eni , Alessandro Bernini, l’ancien président et chef de la direction Saipem, Pierto Tali, ainsi que l’entrepreneur algérien Omar Haboud