Dans un entretien accordé au magazine Oil and Gaz Business, le PDG de Sonelgaz estime que devant une demande nationale en énergie sans cesse croissante, les EnR ne sont qu’« un appoint qui peut aider à réduire la pression, mais qui ne peut en aucun cas régler l’équation énergétique pour l’Algérie ».
Dans un entretien accordé au magazine Oil and Gaz Business, mensuel algérien dédié à l’énergie, le PDG de la Société nationale de l’électricité et du gaz (Sonelgaz), Nourredine Bouterfa, affirme que « les énergies renouvelables ne sont pas la solution de demain pour les problèmes énergétiques de l’Algérie ». Il estime que devant une demande nationale en énergie sans cesse croissante, les EnR ne sont qu’« un appoint qui peut aider à réduire la pression, mais qui ne peut en aucun cas régler l’équation énergétique pour l’Algérie ». Pour lui, « l’urgence est d’aller vers d’autres ressources énergétiques, y compris le gaz de schiste, le charbon, le nucléaire et autres énergies vertes ».
Les prévisions de Sonelgaz pour la demande en électricité à l’horizon 2030 situent celle-ci à 170 TWH. Pour y répondre, le groupe table sur une production de 41 à 42 milliards de mètres cubes de gaz pour la génération électrique et de 55 milliards de m3 en 2040 : « Mais il n’y a pas que la génération électrique, il y a d’autres usages. Nos besoins pour les usages autres que la production d’électricité seront autour de 56 milliards de m3 en 2030 et de 100 milliards de m3 en 2040. » Pour peu que la croissance augmente à 6%, explique-t-il, « les enjeux ne seront plus les mêmes avec une demande de gaz à l’horizon 2040 sera de 200 milliards de m3 ». Or, met-il en garde, l’Algérie « risque de ne pas avoir cette quantité à cet horizon, et les énergies renouvelables risquent de ne pas être la solution énergétique de demain ». Et d’appeler à la libération des initiatives, qu’elles soient publiques ou privées, à la mobilisation de toutes les ressources dont dispose le pays, ainsi qu’au développement des équipements et installations de production de toutes sortes d’énergie.
« Le projet Rouiba-Eclairage n’est pas abandonné »
Quand bien même le renouvelable ne serait pas une solution-miracle, Sonelgaz devra y investir pas moins de 1.300 milliards de dinars à moyen terme. Elle a déjà engagé le projet 2011-2030 pour la production de 12.000MW de renouvelable, dont 7.200 MW en CSP (Concentrated Solar Power ou solaire thermique à concentration), 2.800 MW en photovoltaïque et 2.000 MW en éolien : « Sonelgaz devrait atteindre 400 à 500 MW en 2015, avec le projet éolien pilote-école d’Adrar et le projet pilote-école de Ghardaïa de 1 MW, avec de multiples technologies en photovoltaïque. [Il y a] aussi le projet de l’usine de Rouïba-Eclairage, qui devrait produire 114 MW par an et entrer en production en 2014. L’éolien est en service et la photovoltaïque de Ghardaïa également. » Et Noureddine Bouterfa de préciser que le projet Rouiba-Eclairage, lancé en 2009, a été suspendu suite au retrait du partenaire allemand qui a pratiquement fait faillite après la réduction, voire la suppression des subventions accordées aux EnR dans plusieurs pays. « Le projet Rouiba Eclairage n’est pas abandonné pour autant », a-t-il, toutefois, rassuré.
« L’Algérie veut produire elle-même son énergie renouvelable »
L’Algérie ne veut pas louer son sol mais désire bénéficier d’un transfert de savoirs et de technologie à travers son intégration au projet Desertec, estiment plusieurs observateurs. Elle veut produire elle-même ses EnR depuis 2012, à travers la SKTM (Shariket Kahraba oua Taka Moutadjdida). En 2015, le SKTM doit avoir fourni 350 MW, une fois ses projets en cours menés à bien. Dans ce sens, Noureddine Bouterfa souligne que « Sonelgaz a décidé, fin 2012, d’acheter 350 à 400 MW de photovoltaïque, ce qui été fait en 2013 : deux grands géants chinois et allemands répondaient à l’appel d’offres de 2012 quand aucune entreprise algérienne ne pouvait répondre à une telle capacité dans un temps aussi court ».
Nourredine Bouterfa rappelle que Sonlelgaz a décidé d’aller en partenariat pour la fabrication de panneaux PV d’une capacité annuelle de 400 MW. Il reconnaît, cependant, qu’elle « n’a ni les capacités financières ni humaines pour suivre le rythme de ces programmes ». « Si cela marche bien, nous aurons créée dans deux ans, des centrales de panneaux photovoltaïques dont la production annuelle sera de 400 MW », explique-t-il.
Le projet de centrale pilote hybride de Hassi R’Mel SPP1, d’une capacité de production de 150 MW, permet de faire économiser au pays annuellement 36 millions de m3 de gaz de 2011 à 2014, soit environ 13 millions de dollars, indique Noureddine Bouterfa estimant que ce « n’est pas extraordinaire en soi ». Selon lui, la comparaison de ce projet avec celui du cycle combiné de Hadjret Enousss montre qu’il nous fait perdre quelque 25 à 35 millions de m3 de gaz/an. « Les grands cycles combinés sont plus intéressants que les centrales hybrides », conclut-il.