Le général italien Carlo Jean a déclaré, dans un entretien accordé, hier, au quotidien électronique italien Formiche.net que seules l’Algérie et l’Egypte ont les forces terrestres nécessaires pour une intervention militaire en Libye.
Dans cet entretien qui coïncide avec l’annonce de l’Italie de diriger une coalition internationale pour lutter contre les groupes terroristes et les milices armées dans cette ancienne colonie italienne, le générale Carlo Jean souhaiterait voir une résolution à ce conflit qui perdure depuis 2011, se faire à l’échelle régionale, par les deux grands voisins de la Libye. Pour cet expert en stratégies militaires et géopolitiques, « Ce n’est certainement pas l’UE ou l’ONU qui pourront résoudre le conflit libyen, mais seules l’Algérie et l’Egypte pourront établir des zones d’influence », estime-t-il en considérant que les Nations Unies pourraient décider que la Libye soit soumise à un mandat international par ces deux pays.
« L’Union européenne et l’ONU n’ont pas un grand rôle à jouer par les négociations déclenchées en septembre dernier, et qui ne font qu’essayer de trouver un accord entre des groupes d’individus, ou en utilisant les réserves de la banque centrale libyenne », a-t-argumenté en mettant en garde contre les dangers des djihadistes qui sévissent aux frontières sud de l’Europe. M. Carlo Jean déclare que l’issue à cette crise est « de s’imposer par la force de la loi, pour remplacer la loi de la force qui domine actuellement ».
Une coalition armée pour recoloniser la Libye ?
Concernant les appels internationaux à une coalition armée, le général italien les considère improbables. « Les hypothèses circulant sur l’intervention directe d’une coalition formée par plusieurs pays, sont hors de la réalité des choses », explique-t-il en s’interrogeant : « Allons-nous recoloniser la Libye avec ces appels à l’intervention ? »
Carlo Jean se réjouit, par ailleurs, de la vente de 24 Rafale par la France à l’Egypte, une opération qu’il qualifie de « signe positif ». Il estime également que Poutine lui-même portera son aide, car il est très préoccupé par la propagation du Califat et du radicalisme islamique. M. Jean, également enseignant d’études stratégiques à l’Université de Rome, appelle dans cet entretien à « ne pas sous-estimer des éléments en Libye: certains groupes sont en fait pris en charge par le Qatar et la Turquie », conclue-t-il.
Il est à noter que l’Italie, qui a fait part hier de sa disponibilité à dépêcher 5000 soldats, et prendre la tête d’une coalition internationale contre les milices et les terroristes qui sèment la terreur et le désordre en Libye depuis 2011, a commencé dès aujourd’hui à rapatrier l’ensemble de ses ressortissants par voie maritime.