Dans son Plan de relance économique 2020-2024, publié ce 16 juin sur le site du Premier ministère, Abdelaziz Djerad, a dressé un constat « amer » sur la situation économique de l’Algérie.
Dans une longue introduction, le Premier ministre a souligné la forte dépendance de l’économie algérienne au secteur des hydrocarbures qui, selon lui, « a empêché toute diversification de l’économie, favorisé les importations par rapport aux exportations (hors hydrocarbures) et a fini par limiter le poids du secteur industriel a seulement 6 à 7 % du PIB ».
Pour Abdelaziz Djerad, l’économie algérienne reste très dépendante des prix internationaux des hydrocarbures qui ont connu une baisse tendancielle depuis le choc de 2014. « Le Fond de Régulation des Recettes (FRR) a rempli son rôle en amortissant, partiellement la baisse des réserves puisqu’il a été entièrement consommé dès l’année 2017 », a-t-il souligné.
Djerad constate que d’une manière générale, notre économie connait une faible productivité des moyens de production et souffre notamment de lourdeurs administratives, de carences en termes de gestion, de difficultés d’accès au financement ou encore de l’absence d’une vision intersectorielle de long terme cohérente, pouvant guider et encadrer la mise en œuvre des politiques publiques.
Par ailleurs, le PM souligne que l’économie algérienne a été particulièrement mise à rude épreuve au cours de ces deux dernières années : en 2019 du fait de la crise politique qu’a traversé le pays, et en 2020 du fait de la crise de la Covid-19. « Cependant, ces difficultés constituent également des opportunités à saisir pour lancer de grandes réformes économiques et profiter de la restructuration des chaines de valeurs mondiales », a-t-il plaidé.
Djerad appelle à la libération de toutes les initiatives
Face à cette situation, Abdelaziz Djerad estime que l’Algérie devra relever plusieurs défis majeurs dont celui de la diversification économique et celui de l’amélioration du climat des investissements. Il se doit de réfléchir, selon lui, « sur les voies et moyens permettant de mettre sur la bonne voie, dans les meilleurs délais, le processus d’un développement économique national résilient, inclusif et solidaire ».
Ainsi, il plaide dans son intervention pour une diversification des sources de financement, en estimant que « les partenariats public-privé (PPP), représentant un potentiel prometteur ».
Pour Djerad, la réforme et la modernisation du système bancaire et financier « constitue la pierre angulaire de la réussite de toute réforme économique ». Ceci, avec l’amélioration du climat de l’investissement dont elle fait partie, « elle constitue la mère de toutes les réformes », a-t-il estimé.
Il y a également nécessité de simplifier les procédures pour la création d’entreprises dont les coûts et délais sont trop importants, selon le Premier ministre, et « l’amélioration de l’accès au foncier, aux crédits et à des services publics de qualité », a-t-il fait savoir. Il a ajouté que, « l’administration n’est pas en reste est doit, elle-même, se moderniser et lutter contre les pratiques bureaucratiques, grâce aux possibilités offertes par le numérique ».
Selon le Premier ministre, la concrétisation de cette nouvelle approche économique « demeure tributaire de la libération de toutes les initiatives des contraintes bureaucratiques, à travers la numérisation et l’assainissement des legs du passé, en veillant à garantir la stabilité de notre cadre législatif. »
Dans ce contexte, Djerad a expliqué que le Gouvernement a orienté son action sur la diversification de notre économie, la maitrise du cadrage de notre commerce extérieure, la valorisation des ressources naturelles, notamment le potentiel minier, la substitution des produits importés par des produits fabriqués localement, la promotion du tissu des entreprises nationales, en particulier PME, les micro-entreprises et la valorisation de nos potentialités humaines créatives et innovantes, notamment celles établies à l’étranger.
Aussi, ajoute-t-il, la révision de la règle 49/51, l’abrogation du droit de préemption et sa substitution par l’autorisation préalable du Gouvernement, la suppression de l’obligation du recours au financement local pour les investissements étrangers, l’annulation du régime préférentiel d’importation des kits CKD/SKD, et le parachèvement de l’écosystème nécessaire au développement des startups et de l’économie de la connaissance.
À la croisée des chemins !
À la fin de son introduction, Djerad appelle à s’adapter à la vague déferlante de la révolution scientifique et numérique et de la transition industrielle.
« Nous vivons aujourd’hui dans un monde où se succèdent les inventions et les évolutions dans les domaines des technologies de l’information, des sciences de la vie, de la fabrication intelligente et des énergies renouvelables, et il nous appartient d’agir de manière proactive pour nous adapter à la vague déferlante de la révolution scientifique et numérique et de la transition industrielle, d’explorer de nouveaux moteurs de croissance et des voies innovantes de développement, pour faire face à tous ces défis de manière à rattraper les pays développés. »
Selon lui, les legs du passé et les enjeux du présent et de l’avenir nous imposent de sortir de cette situation, « en engageant sans délai, la mise en œuvre du plan ambitieux de la relance économique, selon l’agenda fixé par Monsieur le Président de la République, et qui s’étend sur le très court terme à fin 2020, à court terme à 2021 et à moyen terme à fin 2024 », a-t-il dit.
Djerad souligne dans sa conclusion que les changements auxquels nous sommes confrontés sont sans précédent, mais vont nous permettre de créer des opportunités que nous nous devons de saisir. « Nous sommes maintenant à la croisée des chemins et nous devons choisir la voie à suivre, l’avenir du pays étant dépendant de nos choix et de notre détermination à les faire aboutir ».