L’Etat hébreu a rejeté avec dédain la proposition de la France d’accueillir le 30 mai, dans sa capitale, une rencontre internationale en vue de remettre sur les rails le processus de paix israélo-palestinien, en écartant sans ménagement, comme il fallait s’y attendre, d’un revers de main cette initiative.
La France, qui espérait, selon les observateurs, se présenter en alternative suite à la dégradation (en apparence) des relations entre Washington et Tel-Aviv depuis deux ans, a proposé de convoquer cet été un sommet à Paris regroupant une vingtaine de pays pour tenter de faire sortir le processus de paix israélo-palestinien de l’impasse. Cependant, Israël, ne dérogeant pas à sa règle d’intransigeance qui réduit à néant toute velléité de paix, ne s’est pas embarrassé de convenances pour signifier vertement aux responsables français que leur initiative n’était pas la bienvenue. Le chef de la diplomatie française, Jean-Marc Ayrault, l’a bien appris à ses dépens lors de sa rencontre avec le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu le 15 mai, à Jérusalem.
Scepticisme quant à l capacité de la France de réactiver le processus de paix
Les Palestiniens ont, eux, accueilli plutôt positivement la proposition française, comme ils ont toujours soutenu, en désespoir de cause, toute initiative en faveur de la paix. Il n’en demeure pas moins que, nombreux sont les pays, notamment dans la région, qui sont plus que sceptiques sur la capacité de la France de faire bouger, un tant soit peu, les choses sur un dossier aussi brûlant, relèvent encore les observateurs.
Certains vont jusqu’à affirmer que les Français, eux-mêmes, sont loin d’être sûrs que leur initiative aboutira, car son succès ou son échec dépendront de la position des Etats-Unis, le secrétaire d’Etat américain John Kerry n’ayant, en effet, pas encore fait savoir s’il comptait prendre part ou non au sommet.
Une aventure vouée à l’échec ?
Selon eux, beaucoup de pays dans le monde et tout particulièrement ceux de la région, reprochent à Paris son attitude et ses interventions dans nombre de dossiers qui, sous couvert d’actions en faveur de la paix, ont au contraire exacerbé la violence. En outre, la France n’arrive toujours pas à vaincre le sentiment de culpabilité qui la tenaille depuis l’arrangement secret, en l’occurrence, l’accord Sykes-Picot de 1916, passé avec les Anglais pour redessiner la carte de la région et s’attribuer des zones de contrôle direct et des sphères d’influence, et qui a, entre autres, permis par la suite aux sionistes de profiter de la situation au lendemain de la deuxième guerre mondiale pour fonder l’Etat d’Israël sur les cadavres des Palestiniens.
L’objectif serait donc, moins de faire avancer le processus de paix que de donner l’image d’une nouvelle orientation de la politique étrangère française en faveur de la paix, assurent-on, en relevant que les Français ont pris la précaution de prévenir que les Israéliens et les Palestiniens ne seront pas invités à cette réunion dont les résultats leur seront soumis et qu’ils tenteront de discuter et finaliser lors d’une autre réunion à la fin de l’année.
Les Français continuent quant à eux, d’assurer que l’objectif est de parvenir à sortir le processus de paix de l’impasse dans laquelle il est depuis longtemps figé et redonner vie à la solution de deux Etats, comme n’avait cessé de le clamer l’ancien ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius. Un « oui » des Israéliens, estiment-ils, « aurait beaucoup fait pour l’image d’Israël et montré qu’il pouvait être un partenaire bien disposé à la paix ».
Netanyahu ne déroge pas à l’intransigeance des dirigeants israéliens
Cependant, pour beaucoup, Netanyahu, comme tous ses prédécesseurs, ne saurait déroger aux « principes » ayant guidé les dirigeants de l’Etat d’Israël depuis sa fondation sur le massacre de la population palestinienne de Deir Yassin perpétré le 9 avril 1948 par les terroristes juifs du groupe Stern et de l’Irgoun Tzvaï Leoumi. Selon les rapports de l’époque, plus de 250 Palestiniens, en majorité des femmes et des enfants, avaient été sauvagement tués et leurs corps jetés dans des puits.
Durant la campagne électorale de 1950, le commandant en chef de l’Irgoun, un certain Menahem Begin, s’était même attribué, lors d’une intervention à Tel Aviv, le mérite d’avoir fondé l’État sioniste, par le biais du massacre de Deir Yassin.
« L’autre partie de la contribution de l’Irgoun fut Deir Yassin, qui a entraîné la fuite des Arabes et a fait de la place pour les nouveaux arrivants. Sans Deir Yassin et la débâcle arabe qui en découla, le gouvernement actuel ne serait pas en mesure d’intégrer un dixième des immigrants (juifs) », s’enorgueillissait Begin, devenu Premier ministre d’Israël de juin 1977 à octobre 1983.
Les sionistes mirent les Nations unies devant le fait accompli en entamant l’occupation de la Palestine par la force et la terreur; occupation qui est le résultat de la politique adoptée par le Congrès sioniste mondial de 1946.
Or, c’est précisément cette politique là qui a toujours guidé les dirigeants sionistes pour qui le massacre de Deir Yassin était un acte d’« observance » des anciens « lois et commandements », notamment le passage du Deutéronome (un des cinq livres de l’Ancien Testament, sans cesse modifiés) qui dit :« Lorsque l’Éternel, ton Dieu, t’aura fait entrer dans le pays dont tu vas prendre possession … tu les détruiras entièrement, tu ne feras aucune alliance avec elles et tu ne leur montreras aucune pitié» !
Faut-il, dès lors, s’étonner de l’intransigeance d’Israël ? … d’autant que la majorité des Etats, y compris les pays arabes, font profil bas devant « Son Altesse sionissime » qui dicte sa Loi (lévitique) aux dirigeants des plus grandes puissances, les USA en premier.