"Sortir le pays de l'ornière" Fawzi Zerrouk

“Sortir le pays de l’ornière” Fawzi Zerrouk

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Faouzi Zerrouk est fondateur et président du Group international Zecotek (Technologies pour les hautes énergies, Médecine Nucléaire, Photoniques et Opto-électroniques), Docteur en Physique théorique et mathématiques du Royaume-Uni et Docteur des sciences en génie physique de l’Académie des Sciences de Russie. Conseiller International en développement et commercialisation de technologies de pointe.

Mes chères soeurs et frères Algériens, vous avez décidé de dire « stop » à un régime archaïque et dépassé. Les scientifiques et tous les intellectuels algériens d’Amérique du Nord, dont je fais partie,  saluent votre courage et votre détermination. Nous agissons de notre coté comme des ambassadeurs de votre marche et notre cause est commune auprès des peuples des nations libres.

Chaque vendredi, c’est avec courage, abnégation et solidarité, dans toutes les villes d’Algérie, et au sein de la diaspora, que des dizaines de millions d’hommes et de femmes ont repris leur destin en main, dans le calme et dans la sagesse. L’énergie, l’enthousiasme et le civisme déployés ont, à juste titre, été salués sur les réseaux sociaux et à travers les nombreuses couvertures médiatiques internationales.

Cette « marche des braves » est exemplaire, unique et sans précédent. Elle force le respect. Le peuple algérien a démontré à cette occasion un niveau de maturité admirable qui en a surpris plus d’un, et qui en même temps a déçu ceux qui auraient souhaité que des dérapages se produisent.

Ces manifestations de grande ampleur sont la preuve incontestable que le peuple algérien est vigilant et qu’il n’entend pas laisser sombrer l’Algérie dans un chaos dont elle aurait du mal à se relever. Il est en cela le vrai continuateur de l’héritage légué par nos braves martyres.

Aussi, soyons conscients que nos frères et soeurs dans les forces armées, la gendarmerie et la police sont une part intégrante et indivisible de ce peuple. Ils souffrent des mêmes maux et des mêmes injustices. Au moment opportun ils sauront, à n’en point douter, se montrer à la hauteur de la tâche  qui leur incombe sans se laisser duper par ceux qui ont pillé le pays et porté atteinte à sa dignité.

J’invite aussi mes frères et sœurs algériens de s’abstenir de toute insulte envers le Président qui ne peut pas se défendre. Il est malade, vieux et déconnecté des réalités depuis six ans. Nous ne devons pas oublier ses bonnes actions et ses efforts pour la restauration de la paix dans les années 90. Nous ne nions pas ses défauts et sa gestion qui a fait du mal au pays. Le futur révèlera les vérités. Sa capacité à gouverner a été détournée par des vautours lors de ces six dernières années. Ne laissons pas notre colère envers tous les malfaisants qui l’entourent brouiller notre jugement et notre compassion.

Le centre nerveux de cette corruption, constitué d’une poignée de personnalités, a créé et favorisé une dizaine d’oligarques. Ces derniers gèrent aussi les comptes et fortunes d’un nombre très limité de militaires et d’officiels civils corrompus. Il ne faut surtout pas mêler à ces décadents tous les hauts gradés des forces armées et de sécurité.La majorité de ces hommes et ces femmes sont honnêtes et au service de la nation. Leur rôle est de protéger le territoire pour construire un pays dans la paix.

Les gens qui ont fait du mal à la nation, en s’appropriant les richesses du pays, essaieront de protéger leurs intérêts par tous les moyens. Le sang des civils ou des militaires n’a pas de valeur pour ces décadents. Ces gens sans scrupules sont aveuglés par leurs butins et leur arrogance. Des fortunes énormes, volées au peuple, ont quitté le pays d’une manière rusée et sinistre pour être recyclées par des tiers via des participations encore plus importantes dans nos industries et nos ressources afin de contrôler notre économie, notre destin et exploiter la position géopolitique et stratégique de notre pays. Cet argent doit être récupéré en faveur des Algériens.

Le message doit être clair : le départ complet et catégorique de la bande de corrompus. Il serait préférable toutefois qu’ils se retirent d’eux mêmes pour éviter l’humiliation et subir le même destin que leurs homologues des pays voisins.

Pour aspirer à une paix proportionnée, il se peut toutefois que nous devrions, amèrement, trouver un compromis pour garantir un laissez-passer aux décadents. On ne vous chasse pas de votre pays. Nous sommes ouverts au dialogue. Le moindre mal serait que vous déclariez votre butin.

Cela pourrait se faire même secrètement avec un nouvel exécutif, qu’on appelle de nos voeux, pour que ces richesses « mal amassées» soient utilisées pour la reconstruction du pays. Nous vous invitons à le faire dans les plus brefs délais, avant qu’il ne soit trop tard et que vous soyez obligés de rendre des comptes devant la justice et devant le peuple. Faites la paix avec vous-mêmes car l’Algérien n’est pas rancunier.

Les semaines qui se profilent seront décisives pour le destin de l’Algérie. La sagesse doit l’emporter afin que le passage de relais n’hypothèque pas l’avenir de cette formidable jeunesse. Le peuple veut en finir définitivement avec un système qui a créé tant des clientélismes et une mentalité de « rentiers ». L’effondrement du cours du pétrole et la fonte à vue d’oeil des réserves en dollars nous oblige à agir au plus vite pour tenter de remettre notre pays sur de bons rails. La fenêtre de tir dont dispose l’Etat, pour prendre les meilleures décisions par le truchement d’une nouvelle équipe, n’est que de trois années.

A l’attention de ceux qui ont gouverné, nous sommes prêts à discuter du transfert du pouvoir. Soyez raisonnables pour une fois avant qu’il ne soit trop tard. Armée, police et gendarmerie, c’est le moment de vous exprimer et de vous mettre au coté du peuple. C’est une opportunité de participer à une Algérie nouvelle, moderne, vibrante pour vous et pour vos enfants. Aux dirigeants des forces  sécuritaires et militaires, c’est le moment de mettre fin à ce pouvoir inapte et inadéquat, de passer le relai aux jeunes officiers, de se séparer de la gouvernance du pays et de transférer le pouvoir au peuple pour vous concentrer sur la protection du territoire.

Pour le devenir de l’Algérie, nous exigeons un renouvellement des élites qui soient honnêtes et qui oeuvrent pour le bien être des Algériens. La gouvernance du peuple et de ses biens doit désormais être sous la responsabilité d’un gouvernement issu de la société civile. Nous voulons un Etat de droit et une justice impartiale et indépendante. Pour y parvenir, il faudrait réviser la constitution de 2016 afin d’inclure les cadres de haut niveau, et notamment ceux résidant à l’extérieur.

Cette diaspora est à l’étranger depuis de nombreuses années. Non pour des raisons égoïstes mais pour avoir été marginalisée et empêchée de lutter contre les injustices qui sévissent dans son propre pays. Ces hommes et ces femmes possèdent un haut degré d’expertise international dans leur domaine de prédilection. Elle désire ardemment s’engager pour rehausser le niveau de l’Algérie et créer des richesses qui profiteront à tous les Algériens, du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest. Sans l’apport de la diaspora, qui fût d’ailleurs l’une des premières à manifester son « dégagisme », on pourra difficilement sortir le pays de l’ornière. Cette composante à la fois lointaine et proche devra donc jouer un rôle important à l’avenir.

Concrètement, on pourrait envisager un collège d’experts apolitiques sur une période transitoire d’une ou deux années. Ce groupe serait amené à gérer les affaires courantes de l’Etat en impulsant une nouvelle dynamique et en libérant les énergies (économique, politique, culturelle, médiatique..). Ces experts, issus de l’intérieur et de l’extérieur du pays, réviseraient la constitution et proposeraient des solutions adaptées à la situation politique, économique et sociale. Ce collectif élirait un président provisoire qui gèrerait la plateforme mise en place. Les partenaires étrangers ayant des intérêts en Algérie seraient informés des décisions à prendre afin d’initier une coopération cohérente, fructueuse et durable.

Nous proposons la méthode “ Bottom-Up” (« approche ascendante « ) où les structures opérationnelles et ministérielles partiraient du bas vers le haut. Un programme réaliste serait présenté au peuple souverain sous formes de mesures pratiques et prioritaires avec effets immédiats sur la vie des citoyens algériens. Cette transition permettrait aux différentes formations politiques, qui se créeront dans l’intervalle, de mettre sur pied un projet politique pour de futures élections libres et démocratiques.  Le système dans sa globalité doit être autonome. Les partis d’opposition auront pour rôle de stabiliser celui-ci en supervisant la mise en œuvre des programmes convenus et en jouant son rôle de contrepoids.

Nous demandons à la Russie, les États-Unis, l’Angleterre, La Chine, La France, et tout autre pays concerné, de se séparer de ce gouvernement inapte et de se ranger derrière les desiderata du peuple algérien qui a décidé de recouvrer sa dignité. La situation est irréversible. Nulles pression ou menace ne sauraient se mettre en travers de ce dessein. L’histoire témoigne de la ténacité, de l’héroïsme et de l’engagement du peuple algérien quand il s’agit de défendre son honneur et sa liberté.

Nous savons bien que vous les puissances étrangères ont des  intérêts en Algérie. Ce pouvoir ne pourra pas maintenir la stabilité de ces investissements. Peut-être que ces tares jouent ironiquement en faveur de certains d’entre eux mais cela n’est plus de mise. Le peuple algérien a décidé de siffler la fin du match !

Nous sommes bien plus éduqués, plus cohérents, plus stables et de bien meilleurs partenaires et gestionnaires pour bâtir une société moderne et productive. Nous avons des cadres maintes fois plus qualifiés que le présent gouvernement qui est dépassé et dépourvu de vision utile. Les intérêts seront respectés. Ils seront négociés afin de garantir leur continuité tout en visant prioritairement le développement économique et commercial réel de notre pays.

En ce qui concerne les peuples voisins et frères, marocain et tunisien, il est en temps d’unir nos efforts et de résoudre les différends qui n’ont que trop durer. La construction d’un avenir commun et l’épanouissement de nos habitants doivent être un objectif prioritaire, tout en respectant la souveraineté de chacun.

Nous voulons vivre en paix, avec une liberté d’expression garantie, et contribuer positivement au progrès humain. Nous sommes une nation nouvelle qui ne permettra aucune forme d’extrémisme. Une nation qui a traversé beaucoup de tourments et qui a appris de ses erreurs. Une nation qui aspire à la modernité tout en préservant son patrimoine et ses diverses cultures.

 

Nous sommes un pays à majorité musulmane. Cependant, nos soeurs et frères de religions minoritaires et d’idéologies diverses trouveront la possibilité de pratiquer librement leurs croyances. Nous voulons une Algérie pour tous. Nous construirons une nation nouvelle avec des représentants de toutes les belles communautés qui constituent notre riche mosaïque culturelle. Toutes nos langues sont des langues vivantes car notre peuple est un peuple vivant. Nous sommes tous des “ Amazighs”; “Libres et Fières”. Nous sommes indivisibles et unis.

C’est un privilège d’être Algérien. Que Dieu nous guide tous sur le droit chemin, pardonne nos méfaits et protège notre cher pays.

Faouzi Zerrouk

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