L’entrée en vigueur de cette taxe imposée aux ressortissants étrangers quittant la Tunisie suscite des réactions indignées en Algérie. Cette polémique en rappelle une autre, autour d’une taxe tunisienne qui frappe des produits en provenance d’Algérie et contredit, pour les producteurs algériens, le principe de libre-échange entre les deux pays.
Après plusieurs atermoiements et cafouillages, les autorités tunisiennes ont décidé d’imposer une taxe controversée d’une valeur de 30 DT (quelque 2.100 DA) à tout touriste étranger quittant la Tunisie.
Annoncée pour le 28 août puis le 1er octobre 2014, cette taxe est entrée en vigueur aux frontières algériennes pour les conducteurs de véhicules avant qu’elle ne soit généralisée en octobre prochain selon la presse locale, alors qu’on parlait d’une possibilité d’exemption des ressortissants algériens.
Instituée par la loi de finances complémentaire pour 2014 dans le but de renflouer les caisses de l’Etat à hauteur de 40 millions de DT en 2014, cette taxe a d’abord péché par le caractère soudain de son institution, qui peut mettre en difficulté les familles nombreuses ayant calculé leur budget de vacances au dinar près.
Les autorités tunisiennes considèrent que cette taxe, exigible lors du départ sous forme d’un timbre fiscal spécifique payable aux points de passages frontaliers terrestres, aériens et maritimes, ne constitue pas un lourd fardeau pour les touristes.
Une application soudaine
Les Algériens représentent 20% des entrées touristiques globales de la Tunisie, qui s’attend à ce que leur nombre atteigne un million d’ici la fin de l’année (509.000 à fin juillet dernier)
Cet « effort » qui leur est demandé semble avoir eu sur eux un effet négatif. La taxe est perçue comme un « racket » plus qu’autre chose, d’autant que les Algériens préfèrent passer leurs vacances d’été en Tunisie pour sa proximité et son accessibilité aux classes moyennes et modestes.
Les commentaires des internautes sur les forums de discussions en disent long sur le caractère « abusif » de la taxe à leurs yeux. Ils suggèrent de l’inclure dans le prix du billet pour les touristes algériens voyageant par avion, non sans relever le « risque » qu’elle leur fasse « changer d’avis au sujet de la destination Tunisie ».
« L’Algérie apporte (aux Tunisiens) une aide multiforme : financière, militaire, et bientôt l’arrivée du gaz naturel dans leurs villes frontalières, et voilà le remerciement! », s’indigne un internaute. « Vu toutes ces actions solidaires, dispenser les bonnes poires algérienne d’une taxe contreproductive est la moindre des choses », renchérit un autre.
D’autres appellent à des mesures de rétorsion suivant l’exemple de la Libye, qui, assurent-ils, a imposé aux Tunisiens une taxe équivalente au double de la taxe tunisienne.
La taxe de 25 % sur les produits algériens
Cette levée de boucliers fait ressurgir une autre polémique sur une autre taxe, également controversée, touchant les entreprises.
La Tunisie a institué, fin 2012, une taxe de 25% sur la consommation des produits algériens. Le secteur agroalimentaire, l’un des fleurons de l’économie algérienne hors-hydrocarbures, a pâti de cette mesure. L’effet de celle-ci devait cesser en mars 2014, date de la signature de l’accord bilatéral de libre-échange mais elle continue de bloquer les exportations algériennes de boissons vers la Tunisie, considérée par les professionnels du secteur non seulement comme « un marché favorable pour les producteurs algériens » mais aussi comme « une porte vers d’autres pays, principalement la Libye ».
L’association des exportateurs algériens et l’association des producteurs algériens de boissons revendiquent la suppression de cette taxe ou l’application du principe de réciprocité envers les exportateurs de produits tunisiens.