Le Café Presse Politique, le talk-show politique de Radio M s’est décliné, jeudi, sur trois séquences traitant de trois paroles à tonalités différentes. La première parole, épistolaire, de l’homme dont le mythe s’est « construit sur son silence » est celle du général Toufik.
La seconde parole qui « exaspère » un des participants du CPP, est celle de Louisa Hanoune qui flirte avec l’article 88 sans se résoudre à sauter le pas: elle reste dans la logique du bon « prince », Bouteflika et de ses mauvais vizirs.
La troisième parole, celle de Mouloud Hamrouche, très déconnectée de la guerre en cours entre les ailes du régime, a été auscultée. Pour les uns, elle est un énième avertissement sur la gravité de la crise, le besoin de recréer le « consensus » pour un réveil de la « volonté nationale ». Mais, c’est une parole qui reste, encore critiquée, par le fait qu’elle n’apporte pas une réponse, une « solution ».
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Inévitablement, la lettre du général Toufik a ouvert le menu. Abed Charef estime que Toufik qui a bâti son mythe sur le silence l’a détruit en « défendant un homme de son clan ». El Kadi Ihsane rappelle qu’il a toujours considéré que Toufik était « l’homme d’une situation » mais qu’il n’était pas un « leader » au sein de l’ANP.
A la question de Souhila Benali: « a-t-il fait une erreur de communication », Hacene Ouali et El Kadi répondent par la négative. Le général a « cassé la règle du silence » et de ce point de vue, il a surpris ses adversaire.
Quel impact a sa lettre ? Saïd Djaafer rappelle que l’Algérie reste sur un « modèle soviétique, hors des appareils, on n’existe pas ». Pour lui, l’opinion publique n’ayant jamais compté dans la « culture » des hommes du régime, son message s’adresse nécessairement au sérail et aux acteurs du système.
Mais, les signaux d’une grande crise s’accumulent. Le parallèle a été fait avec l’année 97 où le général-président Liamine Zeroual, sur fond de « massacres » a annoncé sa démission et la convocation d’une élection présidentielle.
Sauf qu’à l’époque, il y avait encore des acteurs à l’intérieur du régime capables de proposer une « solution par le haut », ce qui n’est pas le cas aujourd’hui, note Ihsane El Kadi.
Abed Charef estime qu’un autre « dispositif se met en place et se met « à murmurer aux journalistes » et se demande qui « pilote » cette opération complexe.
Louisa, encore un effort pour être…
Seconde séquence, Louisa Hanoune avec ses envolées, ses critiques à l’égard de Bouteflika qui vont loin sans trop rompre, une ambiguité « exaspérante ».
D’autres sur le mode, « Louisa encore un effort pour être révolutionnaire » estiment que la chef du Parti des travailleurs est en quête d’un nouveau positionnement. Elle doit « faire des mises à jour » sur beaucoup de choses même sur certains aspects, comme les privatisations, elle n’a pas tort, souligne Abed Charef.
Elle a joué, avec moins de pertinence et de force, le rôle qu’a joué le PAGS (Parti de l’avant-garde socialiste) sous Boumediene et Chadli Bendjedid, note Ihsane El Kadi.
Mais « elle est comme Dilem , un alibi pour dire que la presse est libre ». Charef enfonce le clou : « le Pags a produit des idées, Hanoune a soutenu Saïd Bouteflika ».
Hamrouche et une Algérie en sidération
Troisième séquence, Hamrouche à Batna convoquant les pères fondateurs et en appelant à un nouveau consensus. Très loin des batailles de sérail, mais un message qui « souligne que les choses beaucoup plus qu’on ne l’imagine » souligne Hassen Ouali. Hamrouche peut-il être la « locomotive » interroge Souhila Benali.
En tout cas, il tente de répondre à une « demande de sens » dans une société frappée de « sidération » estime Saïd Djaafer. « L’Algérie a la chance d’avoir Hamrouche, son discours dépasse la contingence du moment » pour aller aux fondamentaux. Est-il écouté ? Cela n’est pas un vrai problème, note Saïd Djaafer, il fait ce qu’il pense être juste, il ne donne pas une recette, il donne des clés.
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