La France a émis jeudi, au lendemain de l’assassinat d’un touriste français par un groupe de l’EI en Algérie, un nouveau « warning » pour ses ressortissants se rendant dans une quarantaine de pays d’Afrique, du Moyen Orient et d’Asie. Suffisant pour provoquer la colère des voyagistes.
La France a élargi jeudi la liste des pays où les français, qui s’y rendent, doivent observer une très grande prudence. La décision est venue au lendemain de la décapitation d’un touriste français, Hervé Gourdel, par un groupe djihadiste se réclamant de l’Etat Islamique dans le massif du Djurdjura. « Aujourd’hui, nous avons étendu l’appel à une dizaine de pays de plus », selon Didier Le Bret, responsable du centre de crise du ministère français des affaires étrangères, lors d’un salon du Tourisme tenu jeudi à Paris. La dizaine de pays ajoutés à la liste initiale sont : Indonésie, Malaisie, Philippines, Afghanistan, Pakistan, Ouzbékistan, Comores, Burundi, Tanzanie, Somalie et Ouganda. Etaient déjà concernés par la mise en garde du Quai d’Orsay les pays suivant : Yémen, Tunisie, Syrie, Qatar, Oman, Maroc, Liban, Algérie, Iran, Irak, Emirats arabes unis, Egypte, Ethiopie, Djibouti, Kenya, Mali, Soudan, Mauritanie, Bahreïn, Sénégal, Koweït, Jordanie, les Territoires palestiniens occupés par Israël, Turquie, Tchad, Nigéria, Niger, Burkina. Une source au ministère français des affaires étrangères a précisé que cette décision d’étendre la liste des pays où les Français, résidents ou de passage, ont été appelés à la « plus grande vigilance », fait suite à un Conseil de défense réuni autour du président François Hollande, convoqué après la décapitation mercredi de Hervé Gourdel en Algérie.
« On peut continuer à aller en Algérie, Tunisie, Maroc et en Egypte »
Mais, Didier Le Bret, directeur du centre de crise au Quai d’Orsay a relativisé ce ‘’warning’’. « Nous devons vivre, ne pas cesser d’être nous-mêmes. Il faut continuer d’exercer nos activités à l’étranger », a-t-il dit. « Oui, il y a des éléments dans ces pays qui font penser qu’on y est plus vulnérable qu’ailleurs », mais on n’y interdit pas le tourisme, explique t-il encore, avant d’ajouter : « bien sûr, on peut continuer à aller en Algérie, en Tunisie, au Maroc ou en Egypte », mais en prenant « des précautions ». Les voyagistes français n’ont pas tardé à critiquer ce nouveau « warning », qui met à mal le tourisme français du fait de l’engagement du pays contre Daech. « Il faut notamment clarifier la situation sur la Tunisie, le Maroc ou l’Egypte. Si le ministère a des informations sur un vrai risque dans ces pays, il faut qu’on le sache. Sinon, il faut le dire aussi », a plaidé Jean-Pierre Mas, président du syndicat national des agents de voyages (SNAV). « Il y a un risque d’amalgames » nuisible au tourisme, a-t-il ajouté. « Qu’il faille toujours prendre beaucoup de précautions en matière de voyages solitaires, c’est évident, c’est le B.A. BA du voyage. Mais assimiler une trentaine de pays qui pourraient présenter un risque, c’est troublant. On peut demander un peu de clarté, de clarification », a déclaré Jean-Pierre Mas.
En 2013, près de 22 millions de Français ont voyagé à l’étranger. Avec l’Europe, le Maghreb et l’Egypte sont aussi des destinations très prisées en raison, notamment, de leur proximité et des prix pratiqués.