Les premières assises internationales du journalisme qui s’est tenu à Tunis du 15 au 17 novembre a lancé un appel à stopper le discours de la haine envers les journalistes.
Plusieurs journalistes et médias se sont engagés à mettre en place dans les prochains mois un réseau de soutien et de mutualisation des travaux d’investigation de presse notamment dans la zone sud Méditerranée et en Afrique de l’ouest afin de protéger les journalistes enquêteurs soumis à de fortes pression, en proie aux menaces et aux représailles.
Il s’agit là de l’un des nombreux acquis qui ont sanctionné les trois jours des assises internationales du journalisme. Les journaux algériens Maghreb Emergent et le Huffpost.dz présents à Tunis feront partie du réseau en construction. Le prix Ali Bey Boudoukha du meilleur article d’investigation, organisé une année sur deux par Maghreb Emergent, sera décerné en mai prochain pour sa 3e édition.
Ces premières assises qui ont réunit plus de 800 journalistes et professionnels durant trois jours à la cité de la culture à Tunis, se sont voulues à la fois une rencontre d’échange sur les nouveaux défis du journalisme et une affirmation des droits du citoyen à disposer d’une information de qualité. « Le journalisme n’a de sens que s’il est utile aux citoyens », peut on lire notamment dans l’appel qui a sanctionné les assises.
A l’ombre de l’affaire Khashoggi
L’ombre macabre de l’assassinat effroyable du journaliste saoudien Jamal Khashoggi par les autorités de son pays, a pesé sur les ateliers et les débats par ailleurs très variés thématiquement. Le traitement de la question migratoire, la lutte contre les fake news, la nécessaire participation des citoyens à la fabrication de l’information, ou encore l’émergence des nouveaux outils pour faire de l’investigation en ligne, ont fait partie d’une offre de sujets très large durant les trois jours des assises. Le premier ministre tunisien Youssef Chahed a inauguré ces premières assises qui devront revenir à Tunis en octobre 2020, avec l’objectif de partager les avancées de la liberté de la presse dans les pays avancés avec les populations des pays du sud.
La situation en Algérie a le plus souvent été évoquée pour rappeler la dégradation rapide de la situation économique de la presse papier, décrite par Omar Belhouchet (El Watan) ainsi que les clés de la résistance pour maintenir l’indépendance éditoriale des médias. Les récentes arrestations qui ont touché les éditeurs et journalistes de la presse électronique ont également été évoquées. Il y a encore 8 ans Tunis était la capitale régionale de la répression des journalistes. Elle est devenue aujourd’hui le point d’appui d’une internationale de la liberté de la presse dont les bienfaits sont déjà palpables sur la qualité du débat public tunisien.