Pour préparer le terrain à une « plus grande libéralisation financière de l’économie », la Banque centrale de Tunisie (BCT) a lancé le deuxième jumelage avec la Banque de France.
Un projet de jumelage entre la Tunisie et la France a été lancé, jeudi à Tunis, pour moderniser le cadre opérationnel de la politique monétaire de la Banque centrale de Tunisie (BCT). Ce projet, s’inscrivant dans le cadre du programme d’Appui à l’Accord d’Association et à la Transition (P3AT) entre la Tunisie et l’Union Européenne (UE), a pour but de moderniser les modalités de mise en œuvre de la politique monétaire confiées aux directions opérationnelles de la BCT à travers la coopération avec des organismes homologues de l’Union Européenne notamment la Banque de France et la Banque Centrale d’Allemagne. Financé par l’UE à raison de 745 mille Euros (1,624 millions de dinars), ce projet s’étalant sur la période 2015/2017, s’articule autour de quatre axes fondamentaux. Il s’agit de réaménager les modalités d’intervention de la BCT sur le marché monétaire pour fiabiliser les processus et les outils permettant de limiter les risques opérationnels et financiers, supportés par la BCT lors des opérations de refinancement. Le deuxième axe porte sur l’amélioration du dispositif de prévisions de liquidité qui permettra le calibrage des opérations de refinancement de la Banque centrale et par conséquent, un meilleur pilotage du taux d’intérêt interbancaire en tant que cible opérationnelle. Le troisième volet consiste à développer le marché interbancaire tunisien en sécurisant les transactions et en favorisant l’émergence d’instruments d’échange de liquidité peu ou pas utilisés à ce jour (exemple la pension livrée). S’agissant du quatrième axe, la BCT prévoit la réforme du marché des titres de créances négociables (TCN), à partir des analyses du fonctionnement actuel du marché des certificats de dépôt (émis par les banques) et des billets de trésorerie (émis par les entreprises) afin d’élargir les sources de financement aussi bien des banques que des entreprises.
Un projet financé par l’UE
D’après le gouverneur de la BCT, Chedly Ayari, il s’agit de la deuxième expérience du genre entreprise avec la Banque de France, expérience qui ne peut que « renforcer les liens de coopération entre les deux institutions ». En effet, le premier jumelage avait pour objectif de doter la BCT d’un cadre d’analyse et de prévision lui permettant de « migrer vers une stratégie de politique monétaire axée sur le ciblage de l’inflation », selon le gouverneur de la BCT. « Les modèles de prévisions de la croissance et de l’inflation, développés lors de ce premier jumelage, ont permis à la BCT de confectionner des tableaux de bord, comme support d’aide à la décision et de mener une politique monétaire proactive à même d’ancrer les anticipations inflationnistes et par là, d’être en mesure de ramener l’inflation vers sa cible implicite à moyen terme », a-t-il rappelé. Concernant le deuxième jumelage, le gouverneur de la BCT a fait savoir que son institution ambitionne de renforcer l’efficacité de la politique monétaire afin de préparer le terrain pour une plus grande libéralisation financière de l’économie tunisienne à même de lui permettre de drainer des flux de capitaux stables pour financer les investissements productifs créateurs d’emplois. Selon lui, « la modernisation de la conduite de la politique monétaire n’est pas une fin en soi, mais plutôt un changement d’état d’esprit et de modèle de communication qui aide le secteur réel à mieux appréhender les décisions de politique monétaire et par conséquent, accroît l’efficacité de ses mécanismes de transmission ». L’ambassadrice de l’Union Européenne en Tunisie, Laura Baeza a, de son côté, affirmé que l’Union Européenne a bien voulu parrainer ce projet de jumelage entre la Tunisie et la France, en fournissant les fonds nécessaires à son financement et les compétences humaines engagées pour fournir l’expertise au sein de la BCT.