Tunisie: l'agriculture mise sur la carte bio en promouvant l'huile d'olive - Maghreb Emergent

Tunisie: l’agriculture mise sur la carte bio en promouvant l’huile d’olive

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Au total, l’agriculture biologique en Tunisie apporte un peu plus de 32% de valeur ajoutée.

 

L’agriculture biologique gagne du terrain en Tunisie depuis 1984. Avec ses deux produits vedettes, les dattes et l’huile d’olive, la Tunisie essaie de faire de ce secteur l’un des tremplins de sa conquête des marchés les plus concurrentiels au monde.  La Tunisie est l’un des premiers exportateurs d’huile d’olive au monde, en concurrence avec l’Espagne et l’Italie.

En 2017, la Tunisie a exporté quelque 31.000 tonnes d’huile d’olive biologique, soit 337 millions de dinars (environ 141 millions de dollars) vers 23 destinations, dont 45,6% vers la France, l’Italie et les Etats-Unis.  Afin de bien préserver leur image de marque à l’international, les différents opérateurs tunisiens de ce secteur cherchent à obtenir des certifications de qualité de plus en plus stricts.

 Une chaîne industrielle complète à l’assaut du monde

L’huilerie Loued, à Menzel Fersi, dans la province de Monastir, à environ 165 km de la capitale Tunis, a une capacité de stockage de 5.000 tonnes avec ses 200 hectares de plantations d’oliviers. Presque 90% de ses produits s’orientent vers les marchés étrangers, dont l’Italie, l’Espagne, la France et la Chine.

“On est sous contrôle d’un bureau de certification tunisien agréé, Ecocert”, précise Noemen Daoudi, expert en huile d’olive et directeur de la qualité et de l’exploitation de cette huilerie. Selon lui, la société est “désormais la première en Tunisie au titre du nombre de certifications”, dont certaines sont agréées par l’Union européenne (UE) et les Etats-Unis.

Soumis à des normes internationales, le laboratoire de cette huilerie impose des analyses de qualité, partant de l’acidité libre jusqu’à l’indice de peroxyde en milli-équivalents d’oxygène par kilo d’huile. L’industrie de l’huile d’olive biologique en Tunisie forme une chaîne industrielle complète. Outre l’exploitation et le conditionnement, la filière tunisienne produit également des plants d’olivier.

A une trentaine de kilomètres au sud de Tunis, la pépinière Mabrouka, avec ses vingt ans d’expérience dans la production des plants d’oliviers, plants fruitiers et plants d’agrumes, est le numéro un de sa spécialité en Afrique.

“La pépinière se trouve aujourd’hui parmi les sept plus grandes pépinières au monde”, a confié à Xinhua Moez Ben Guirat, ingénieur principal de Mabrouka.  Spécialisée principalement dans les plants d’oliviers en godets, cette pépinière s’étend sur 200 hectares. Jusqu’à 80% de la production s’orientent vers l’exploitation domestique, tandis que les 20% restants sont destinés à l’exportation. “Nous produisons 10 millions de plants annuellement, dont 5 millions de plants d’oliviers”, a-t-il précisé.

Au total, une trentaine de variétés tunisiennes et étrangères de plants d’oliviers sont produites au sein de cette pépinière, notamment les variétés Chemali Sfax et Chemali Jerba. 

Bâtir une réputation mondiale grâce à la carte bio

Karim Fitouri a vécu 24 ans au Royaume-Uni avant de se décider à retourner en Tunisie pour poursuivre son rêve d’enfance et sa passion “au point de l’obsession envers l’huile d’olive” .  Ancien ingénieur, M. Fitouri a eu l’idée de se consacrer à l’huile d’olive lors d’une visite en Chine, où les classes moyennes commencent à consommer cet or liquide.

Il a passé quatre ans à analyser les raisons qui expliquent que l’huile d’olive tunisienne ne soit pas reconnue à sa juste valeur à travers le monde, malgré la place de la Tunisie au rang de deuxième producteur mondial de ce produit derrière l’Espagne. “A ce moment, j’ai compris que je devais revenir à mes racines et commencer à presser le jus d’huile d’olive parfait et à changer l’image de l’huile d’olive tunisienne”, assure-t-il.

“Olivko”, marque d’huile d’olive biologique de M. Fitouri, est devenu l’une des plus connues à l’international. En janvier 2018, un produit de cette série a gagné pour la première fois pour la Tunisie le prix “Best of Show”, décerné au meilleur produit parmi une cinquantaine d’huiles venues du monde entier, lors de la compétition internationale de l’huile d’olive à Los Angeles, aux Etats-Unis.

L’huile d’olive pourrait bien se marier avec la nourriture chinoise, pour peu que les Chinois apprennent à la connaître. Ainsi, la Chine pourrait devenir un grand marché de consommation, estime M. Fitouri.  “Le marché chinois est immense, et les consommateurs chinois méritent d’avoir une huile d’olive bonne et propre”, juge-t-il.

En pleine ruée vers le bio, un vrai potentiel à bien exploiter

Au total, l’agriculture biologique en Tunisie apporte un peu plus de 32% de valeur ajoutée. Cette industrie fait de ce pays africain et méditerranéen l’un des leaders mondiaux en la matière, avec plus de 350.000 hectares bio jusqu’à fin 2017, quelque 7.000 opérateurs et pas moins de 340 millions de dinars (presque 142 millions de dollars) d’exportations.

Dans une interview exclusive à Xinhua, Samia Maamar, directrice générale de l’agriculture biologique relevant du ministère de l’Agriculture, rappelle que son pays ne comptait que 294 opérateurs dans ce domaine en 2001 avec uniquement 16.800 hectares d’oliviers et de palmiers dattiers, pour une valeur d’exportations d’environ 4 millions de dinars (1,7 millions de dollars).

Selon Mme Maamar, ce secteur comporte actuellement 250 produits bio qui englobent une palette de 20 filières, dont 12 végétales-forestières et 8 animales, et dont une grande partie concernent l’huile d’olive.

Sur les 1.800.000 hectares de superficies oléicoles, seulement 5% sont traitées. Par conséquent, 95% de ces superficies sont susceptibles de passer au bio, assure-t-elle, espérant que son pays sera capable d’arriver à “travailler sur un million d’hectares d’oliviers bio”.

 

 

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