Le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie propose que la Commission tunisienne des analyses financières (CTAF) soit rattachée non plus à l’institution qu’il dirige mais au ministère de la Justice. Sa déclaration intervient dans un contexte marqué par le classement récent, par le Parlement européen, de son pays sur une liste noire d’Etats susceptibles d’être fortement exposés au blanchiment de capitaux et au financement du terrorisme.
La Banque centrale de Tunisie (BCT) « ne peut pas intervenir pour lutter contre l’entrée illégale de capitaux, car il s’agit là d’une affaire de sécurité nationale », estime son gouverneur de, Chedly Ayari, cité par des médias tunisiens. Elle « n’est pas autorisée à contrôler les fonds gérés par les associations, car il s’agit là essentiellement, de prérogatives du gouvernement », a-t-il précisé, rappelant qu’elle « n’est autre qu’un superviseur des banques » tunisiennes.
Intervenant hier devant la Commission des finances de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), Chedly Ayari a indiqué que la BCT ne disposait « ni des prérogatives de la douane, ni de celles de système judiciaire, encore moins du système sécuritaire ». Et d’ajouter qu’elle « ne peut intervenir que si « des déclarations de soupçons » de blanchiment d’argent lui sont adressées par les banques.
Le Parlement européen a blacklisté la Tunisie
Cette déclaration intervient dans un contexte marqué par le classement récent, par le Parlement européen, de la Tunisie sur une liste noire d’Etats susceptibles d’être fortement exposés au blanchiment de capitaux et au financement du terrorisme.
Expliquant les raisons ayant débouché sur ce blacklistage, le gouverneur de la BCT a expliqué que le calendrier la Commission tunisienne des analyses financières (CTAF) n’est pas celui des ministères de souveraineté qui coopèrent avec elle, et ce, alors que la Tunisie est menacée d’être ainsi blacklistée. Il a proposé que cette commission ne soit plus rattachée à la Banque centrale mais au ministère de la Justice et que les moyens dont elle dispose soient renforcés.
Pour rappel, la CTAF a été instituée par l’article 118 de la loi organique n°2015-26 du 7 août 2015 relative à la lutte contre le terrorisme et à la répression du blanchiment d’argent.