Le blogueur tunisien Yassine Ayari, en dépit d’une forte mobilisation, a été condamné à une année de prison ferme.
C’est mardi, en fin d’après midi que la sentence est tombée: Yassine Ayari est condamné par le tribunal militaire de Tunis à une année de prison ferme pour »avoir porté atteinte à l’armée ». Le verdict est tombé au milieu de vives protestations. A l’issue d’une audience mouvementée, »la cour pénale du tribunal militaire de Tunis a décidé la condamnation de Yassine Ayari à une année de prison », avait annoncé la magistrate. Immédiatement, les critiques ont fusé dans la salle d’audience. « C’est un procès injuste et nous allons interjeter appel », a réagi un des avocats du blogueur, Me Mohamed Chérif Jébali. Dehors, des dizaines de manifestants ont réclamé devant le tribunal la « libération immédiate » de Yassine Ayari, demandant en outre la fermeture de ce dossier qui porte »atteinte à la liberté d’expression ». Les slogans les plus virulents fusaient: »à bas les procès militaires », « ne touchez pas à notre liberté d’expression », ou encore « non au retour à la dictature ». Maître Malek Ben Amor, coordinateur de la défense du blogueur lance de son côté que »la liberté d’expression est le seul acquis de la révolution et aujourd’hui on voit un blogueur condamné durement par un tribunal militaire pour avoir critiqué l’armée ». Pour Yassine Ayari, »ce procès est un règlement de comptes à mon encontre pour avoir critiqué des responsables dans l’armée », avait-il lancé devant la magistrate avant l’annonce du verdict.
Les explications de l’armée
Arrêté et immédiatement emprisonné dés son arrivée fin décembre 2014 à l’aéroport de Tunis-Carthage, il avait été incarcéré à la prison de Mornaguia de Tunis, en vertu d’un mandat d’arrêt. Yassine Ayari avait été condamné par contumace par la justice militaire tunisienne pour »atteinte au moral de l’armée et outrage à des fonctionnaires de l’institution militaire », après une série de textes critiques contre l’armée tunisienne et certains de ses dirigeants, publiés sur sa page Facebook. Dans un communiqué juste après l’arrestation et la mise sous écrou du blogueur tunisien, le tribunal militaire a expliqué qu’il »avait condamné l’intéressé par défaut, le 18 novembre 2014, à une peine de trois ans de prison ferme avec application immédiate de la peine, conformément aux dispositions de l’article 91 du Code de justice militaire (…) ». Une information judiciaire avait été ouverte contre Yassine Ayari, explique le TM tunisien, qui poursuit l’intéressé pour »diffamation et outrage public contre certain nombre d’officiers supérieurs et cadres du ministère de la Défense auxquels », »propagation de rumeurs de nature à déstabiliser les unités militaires » et »accusation, sans en fournir la preuve, d’un certain nombre de responsables militaires d’avoir commis des abus financiers et administratifs ».