La ministre du Tourisme pourrait être auditionnée par l’Assemblée nationale constituante. Elle a déclaré mercredi dernier que pour aller en pèlerinage à la Ghriba, les Israéliens pourraient entrer en Tunisie avec leurs passeports israéliens et non plus en utilisant des passeports d’autres pays.
La ministre tunisienne du Tourisme, Amel Karboul, s’est dite disposée à être auditionnée par l’Assemblée nationale constituante (ANC) suite à une déclaration dans laquelle elle avait promis aux touristes israéliens désireux d’aller en pèlerinage à la synagogue de la Ghriba (île de Djerba) de pouvoir entrer en Tunisie avec leurs passeports israéliens.
« Je serais honorée d’être auditionnée par les élus du peuple », a-t-elle déclaré hier aux journalistes à Tunis, indiquant qu’elle parlerait aux membres de l’ANC en tant que « technicienne en matière de tourisme » et non pas en tant que « politicienne ».
Mercredi dernier, 85 députés de l’ANC avaient signé une pétition appelant à auditionner Amel Karboul, ainsi que le secrétaire d’Etat à la Sécurité, Ridha Sfar, pour avoir promis que les Israéliens voulant effectuer le pèlerinage annuel à la Ghriba entreraient en Tunisie avec leurs passeports et non plus en utilisant des passeports d’autres pays.
Mercredi dernier également, le Premier ministre tunisien, Mehdi Jomaa, avait assuré que l’entrée des touristes israéliens en Tunisie en prévision de ce pèlerinage avait été approuvée. Il avait mis l’accent sur la nécessité de « garantir le succès de la saison touristique ».
Un arrêté ministériel controversé
Ces multiples signaux en direction des touristes israéliens sont critiqués par une partie de l’opposition tunisienne qui y voit de premiers pas vers la normalisation des relations diplomatiques avec l’Etat hébreu.
Hostile comme beaucoup d’autres organisations de la société civile tunisienne à cette normalisation, l’Ordre national des avocats évoque l’existence d’un arrêté ministériel daté du 13 avril 2014 permettant aux Israéliens d’entrer en Tunisie en effectuant les mêmes formalités que ceux effectués par des ressortissants d’Etats ayant des relations normales avec le pays, autrement dit en utilisant leurs passeports israéliens.
« Nous demandons au gouvernement de revenir sur cette décision de façon à réaffirmer la souveraineté nationale et le respect des décisions arabes concernant le soutien à la cause palestinienne », peut-on lire dans un communiqué publié le 23 avril dernier sur la page Facebook de l’Ordre des avocats tunisiens.